11 OCTOBRE : BILAN ET PERSPECTIVES POUR LA CGT

Publié le par Tourtaux

Lundi 17 octobre 2011

cortege-Cgt-11-cotobre-2011-paris.JPGLes manifestations interprofessionnelles du 11 octobre dernier ont confirmé ce que l’on disait ces dernières semaines, à savoir une volonté de centaines d’équipes syndicales Cgt à des degrés divers (UD, UL, syndicats) d’en faire une journée de convergences des luttes revendicatives dans le public et le privé, de se servir de cette journée malgré les divisions syndicales enregistrées dans les deux dernières semaines (divisions dont la responsabilité incombent à la CFDT et l’UNSA qui ont refusé jusqu’au bout un appel à une grève franche et unitaire nationale, sans même parler de FO qui a martelé paradoxalement qu’il fallait une grève nationale mais qui n’y appelait pas… comprenne qui pourra…).

Alors certes, si le nombre de manifestants (environ 270 000) n’était pas à la hauteur des manifestations de l’automne dernier, comme les médias des marchés et de la gauche social-démocrate l’ont souligné (comme pour mieux s’en réjouir ?), il n’en reste pas moins vrai qu’il y a eu une réelle mobilisation dont on aurait tord de ne pas en analyser les formes, les contenus et le profil des secteurs professionnels mobilisés.

Ainsi, on a assisté à une présence très forte des travailleurs et travailleuses du secteur privé, emmenés très largement par la Cgt, comparativement à une faible mobilisation du secteur public mais avec des pointes à souligner du côté des territoriaux… et dans un certain nombre de régions de cheminots Cgt.

Des cortèges dans leur majorité qui étaient plutôt jeunes, dynamiques, loin des manifs traîne savate que l’on connaît habituellement sur ce genre d’initiatives.On peut, sans démagogie aucune, considérer que la majorité des travailleurs et travailleuses se sont retrouvés dans les cortèges de la Cgt.

 

Bilan stratégique et construction de la Cgt

Il faut rappeler que cette journée correspondait au mandat donné dès juin par le CCN à la direction confédérale pour l’organisation d’une initiative interprofessionnelle de rentrée. Mandat qui liait par ailleurs les secteurs les moins mobilisés en notre sein. Rappelons nous aussi qu’une majorité de structures Cgt avaient critiqué la timidité de l’intersyndicale et avaient avancé le fait que la Cgt devait le cas échénant y aller seule. C’est pourquoi bon nombre d’Unions départementales en avaient fait depuis début septembre un rendez-vous revendicatif, et que ces dernières ont réalisé un réel travail de mobilisation par des diffusions massives de tracts sur les zones industrielles et commerciales au cours du mois de septembre, anticipant pour certaines d’entre elles le refus de la CFDT et de l’UNSA d’appeler à la mobilisation et de se donner les moyens de la réussir.

Là où les manifestations ont été les plus fortes sont là précisément où les équipes Cgt n’on pas attendu le verdict de l’intersyndicale du 15 septembre pour enclencher une dynamique de mobilisation. De nombreux contacts ont été pris dans le privé lors des diffusions de tracts (notamment et c’est à souligner dans les TPE et les PME).

Il importe que ces contacts fassent l’objet d’un réel suivi afin d’élargir l’implantation de la Cgt, condition d’un élargissement du rapport de force qui ne pourra que passer entre autre par une force syndicale solidement implantée dans le privé, et en particulier dans les secteurs surexploités et syndicalement désertifiés. Les UD, les unions locales ont une réelle responsabilité en ce sens.

psa-aulnay-11-octobre-2011-paris.JPGSur le fond, la majeure partie des défilés et en particulier des cortèges Cgt étaient sur des revendications propres aux entreprises mobilisées. Au niveau général, la revendication d’un autre partage des richesses, comme le titraient les tracts et 4 pages confédéraux, servait de ciment aux revendications particulières. Nous nous sommes déjà exprimés là-dessus : nous ne pouvons en rester là. En effet, il nous faut préciser les revendications dans un sens qui unifie les différents secteurs professionnels, sur les salaires, l’emploi, la protection sociale. Si les discussions dans la Cgt au retour des manifs étaient constructives, sur le besoin de prolonger cette journée dans les entreprises, de poursuivre le déploiement de la Cgt dans les déserts syndicaux, elles étaient assez faibles sur le contenu revendicatif et la boussole d’un projet de transformation sociale. Sur ce dernier point, la seule boussole que l’on entend est celle que l’on retrouve dans les expressions confédérales, à savoir une société de "développement humain durable". Orientation du 49ème congrès qui met délibérément de côté l’antagonisme fondamental qui existe entre le salariat et les capitalistes, laissant entendre par voie de conséquence qu’un capitalisme à visage humain serait envisageable, un capitalisme avec des gardes fous sociaux et environnementaux.

 

Quelle stratégie et quelles perspectives syndicales ?

A un autre niveau, la stratégie syndicale (plutôt bonne dans les services publics mais qui reste à concrétiser, à savoir un travail et une mobilisation commune sur des revendications communes aux salariés des 3 fonctions publiques) est très en deçà (le mot est faible) dans les entreprises du secteur privé notamment dans celles soumises à la concurrence européenne et internationale. La confédération ne joue pas son rôle d’impulsion et de coordination des luttes. Mais bon nombre d’Unions départementales non plus, comme du reste les équipes syndicales de syndicats d’entreprises qui ne mènent pas la bataille pour la coordination des luttes dans leurs fédérations professionnelles respectives. Les responsabilités sont partagées. N’attendons pas que tout vienne d’en haut car cela ne viendra pas ! Les syndicats sont la base de direction de la Cgt, aux syndicats de reprendre leur place et se faire entendre dans leurs fédérations, unions départementales et locales. Nous ne disons pas que cela est simple et facile, mais c’est la voie à suivre pourtant. C’est que nous avons écrit à propos des camarades de l’automobile ou de la chimie par exemple.

Enfin, le refus de payer la dette doit être une bataille de tous les courants et militant-e-s de lutte de classe de la Cgt dans la Cgt.

Comment peut-on envisager de défendre, développer et renforcer les services publics sans remise en cause de la dette, de toute la dette ?!

Comment peut-on prétendre revendiquer des augmentations de salaire uniforme, sans remise en cause de la dette, de toute la dette ?

Ces deux exemples pour expliquer que l’on ne peut accepter d’un côté de payer la dette et de l’autre revendiquer travailleurs-immigres-Cgt-paris-11-octobre-2011.JPGprécisément de meilleures conditions de vie pour tous, car le paiement de la dette implique de fait de rogner sur les conditions de vie et de travail des travailleurs et travailleuses en France. Les exemples grecs, espagnols, portugais, irlandais, anglais…. sont suffisamment éloquents.

Refuser de payer la dette, cela signifie l’expropriation des grands groupes capitalistes, bancaires, assurantiels et industriels. Cette expropriation, c’est-à-dire leur nationalisation immédiate, doublée d’un contrôle des travailleurs et des travailleuses, pour enclencher un processus de pouvoir autogestionnaire ne peut qu’être notre boussole (voir point 4 reconstruire le projet syndical de transformation sociale). Cette orientation ne peut que rencontrer un écho bien au-delà de la France tant les travailleurs et travailleuses de toute l’Union Européenne sont logés à la même enseigne.

Sur tous ces aspects, il nous faut avancer dans nos syndicats, nos unions et fédérations, en prouvant dans nos luttes quotidiennes et dans la pratique syndicale la justesse de telles orientations. Les discours ne suffisent pas !

 

Avant et après les présidentielles, la Cgt sur les rails de la mobilisation ?

Enfin, nous avons noté avec un certain intérêt que les discours de bon nombre de syndicalistes Cgt (et cela jusqu’au niveau confédéral) ont été émaillé d’appel ferme à ce que les travailleurs et travailleuses ne comptent que sur leurs propres forces pour faire aboutir leurs revendications, qu’il n’y avait rien attendre des Présidentielles de 2012. Faut-il y voir pour une partie de notre direction confédérale l’analyse selon laquelle les revendications Cgt ne prendront pas preneurs même face à un gouvernement PS qui sortirait gagnant des Présidentielles ? Et donc une préparation psychologique à la lutte après la séquence électorale ? Ou bien le fait qu’une majorité de syndicalistes Cgt pensent qu’un gouvernement dit de gauche devra être bousculé par la mobilisation du monde du travail ? On peut penser les deux.

Pour une majorité de travailleurs et travailleuses, il faut dégager Sarkozy et sa clique. Et ce sera tant mieux ! Mais la Cgt ne devra pas rester l’arme aux pieds avec une gauche socialiste aux ordres des diktats de l’Union européenne, et donc de la régression sociale. Rappelons-nous, il y a 30 ans, l’arrivée de la gauche au pouvoir et les discours de l’époque qui nous disaient de « laisser le temps que les camarades fassent ». On sait ce qu’il en a coûté au monde du travail que les organisations syndicales de l’époque, Cgt en tête, cadenassent les secteurs ouvriers syndicalistes qui voulaient se mobiliser avec le tournant libéral de 1983…

Il n’y aura aucun immobilisme à avoir.

La gauche de la Cgt,  dont les communistes libertaires sont une sensibilité, a des responsabilités à avancer dès aujourd’hui une telle perspective, et notamment dans l’optique du 50ème congrès de la Cgt en mars 2013, soit 9 mois après les Présidentielles.

 

Communiqué CGT sur le 11 octobre :

http://www.cgt.fr/Une-journee-dynamique-pour-les.html

 

Vidéos manifs Paris et Marseille du 11 octobre :

http://www.cgt.fr/Une-journee-dynamique-pour-les,38683.html

 

Photos: droits réservés. Manifestation parisienne du 11 octobre 2011.

 

http://communisteslibertairescgt.over-blog.net/article-11-octobre-bilan-et-perspectives-pour-la-cgt-86732090.html

Publié dans Lutte des classes

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T
<br /> Je m'en souvient bien puisque j'étais cheminot et on ne fait plus souvent grève parce que Fiterman était ministre communiste des transports. D'après ce que je sais, il aurait viré sa cuti pour<br /> adhérer au PS où il ferait de la figuration.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> C'est exact, en 1981 et après, au temps de Mauroy et compagnie, les syndicats ont fortement levé le pied pour les grèves. Il ne fallait pas gêner le travail du gouvernement à très nette dominance<br /> PS.<br /> Sur les 5 ministres communistes, combien le sont restés à l'exception de Jacques Ralite et Anicet Le Pors?<br /> Anicet le Pors n'est d'ailleurs plus encarté au PCF depuis plusieurs années.<br /> <br /> <br />
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