HOPITAL D'EPERNAY: GREVE ILLIMITEE !
Épernay

Au rez-de-chaussée du Hameau Champenois, le personnel affiche son opposition aux choix de la direction.
POUR les responsables de l'intersyndicale l'exemple est parlant. Maryse, 52 ans, a appris hier matin que son CDD n'était pas reconduit et que son contrat s'achevait fin février. « J'ai un grand fils qui est étudiant à Reims et une maison à payer toute seule. Et dans quelques jours, je devrai pointer au chômage. C'est déplorable ! » lance-t-elle. Maryse est effondrée. Recrutée en 2001 pour deux ans (grâce à un contrat aidé), elle travaillait à l'hôpital depuis cette période. « J'étais reconduite en CDD tous les mois depuis mars 2003. Dernièrement j'avais demandé à signer un contrat de six mois pour avoir un peu de visibilité. On m'a annoncé hier matin que mon contrat n'était pas prolongé », explique cette femme qui travaillait au service animation du Hameau Champenois.
Pour Jacky Omejec, responsable du syndicat FO, cet exemple est révélateur de la situation financière et sociale du centre hospitalier Auban-Moët. « Une cinquantaine de CDD risque de connaître le même sort », lance le responsable syndical qui appelle, comme Chantal Berthelemy, responsable de la CGT, à poursuivre le mouvement de grève illimitée engagé depuis lundi.
« La direction de l'établissement court après l'argent. Il y a un gros déficit dans le secteur gériatrie par la faute du conseil général de la Marne qui s'est conduit d'une manière cavalière », estime Jacky Omejec. Il a, selon lui, laissé filer les déficits relatifs à la gériatrie en tardant à renégocier la convention tripartite qui lie l'hôpital à la sécurité sociale et à la direction régionale des affaires sanitaires et sociales.
Baisse de qualité ?
Résultat : l'annonce de restrictions budgétaires de 1,2 million d'euros en 2009. « La direction de l'hôpital est obligée de faire des économies sur l'emploi en supprimant une vingtaine de postes de contractuels, en réduisant les titularisations et les avancements », précise le responsable FO. Et d'ajouter : « pour réduire le déficit et compenser les départs il y aura aussi une réduction de 5 jours de RTT et une refonte des primes de service. La direction veut récupérer ainsi l'équivalent temps plein de 15 agents. »
Chantal Barthelemy souligne que la situation de l'hôpital d'Epernay n'est pas la plus catastrophique en France. « A Nantes, ils vont supprimer près de 500 contractuels. » Mais elle déplore « qu'un hôpital comme celui d'Epernay conduise les gens au chômage. »
Selon l'intersyndicale, qui organise un rassemblement devant l'hôpital ce matin, ces décisions pourraient en outre avoir des conséquences sur la qualité des prestations fournies envers les patients et des résidants.
« Les familles sont également inquiètes puisque les tarifs du hameau ont augmenté de 7 % pour la maison de retraite et de 13 % pour le long séjour », précise Chantal Berthélémy. « C'est d'autant plus regrettable qu'il est classé parmi les meilleurs établissements de France en terme de qualité d'accueil », lance la syndicaliste.
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Le directeur répond point par point
Non-reconduction des CDD : « Je n'ai pas de sous. Pour le moment, cela ne concerne que 9 personnes. Si nous avons la possibilité d'embaucher plus tard, elles seront prioritaires. Cela est dû aussi à la fin des contrats aidés ».
Moins de RTT : « Je fais face à un absentéisme très important, si le personnel fait des efforts dans ce domaine, je ne toucherai pas à leurs 17 jours de RTT annuels ».
Hausse des tarifs : « Le pôle personnes âgées traîne un déficit, que nous pouvions combler avec le budget de l'hôpital. Ce n'est plus le cas. Les nouveaux tarifs représentent mieux la prestation fournie. Et nous investissons 2,2 M € pour améliorer les locaux du secteur personnes âgées (nouveaux lits, nouveau système d'appel…) ».
Qualité des soins : « nous nous réorganiserons pour la maintenir. Notre personnel est très investi, il fait très bien son travail ».
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Inquiétude au hameau champenois
Au Hameau Champenois, la maison de retraite de l'hôpital, on travaille, mais avec un autocollant « En grève », écrit en rouge, sur le dos. « On court déjà et on va courir encore plus », résume un membre du personnel avant de retourner à ses occupations.
Sur cet étage, on compte quarante résidents. Pour s'en occuper, il y a une infirmière, cinq aides soignants, et enfin un agent de service hospitalier (ASH). Mais sur les cinq aides soignants, deux ou trois sont des agents de service hospitalier, pas forcément formés à faire le travail d'un aide soignant. « Ce n'est déjà pas assez, et en plus, les ASH sont pour la plupart des contrats aidés menacés », entend-on dans les couloirs. Deux infirmières travaillent dans chacune des ailes de la maison de retraite, un poste est appelé à disparaître.
« Il m'arrive de terminer mon travail plus tard que prévu, quand il y a un imprévu. Je le fais parce que j'ai une conscience professionnelle, mais après on nous reproche de faire des heures supplémentaires », explique cette employée.
« On nous demande d'améliorer la qualité de nos prestations, mais les moyens humains diminuent ».
« Plus personne ne dit bonjour ici », regrette un résident.
Ces petites attentions du quotidien passent parfois à la trappe à cause de la surcharge de travail regrette-t-on dans les rangs du personnel, et « ce sont les résidents qui en pâtissent ».
En plus, les tarifs vont subir des hausses de 7 à 13 %. « Des personnes qui ont travaillé 40 ans, n'ont pas les moyens de payer », affirme Françoise une bénévole.
Demain le personnel sera en service minimum, il n'assurera que les toilettes et les repas.
Source : journal L'UNION