GRIPPE PORCINE : UN SPECIALISTE EN VIROLOGIE VACCINE BACHELOT

Publié le par Tourtaux


GRIPPE PORCINE : "La France n'est pas prête face à une épidémie"


Le professeur marseillais Didier Raoult, spécialiste en virologie, tire la sonnette d'alarme.

 

"La grippe est survenue dans une mégapole, avec un aéroport qui dessert de très nombreuses destinations", un des facteurs d'inquiétude pour le professeur Raoult.

 

Alors que plusieurs cas de grippe porcine ont été confirmés, hier, aussi bien en Europe qu'aux États-Unis (lire par ailleurs), le Pr Didier Raoult, chef du laboratoire de virologie à l'hôpital de la Timone, à Marseille, lance un cri d'alarme. "Nous n'avons pas les infrastructures nécessaires pour faire face à un phénomène d'ampleur" .

- A-t-on des raisons d'être inquiets ?
Didier Raoult : Cette épidémie est plus inquiétante que celle redoutée de grippe aviaire pour diverses raisons. D'abord, le passage des souches du porc à l'homme est très facile. Les épidémies humaines ont souvent commencé par des épidémies porcines. La transmission humaine est immédiate. Un des variants est résistant au Tamiflu.
Enfin, les conditions d'une vaste propagation sont réunies. La grippe est survenue dans une mégapole, avec un aéroport qui dessert de très nombreuses destinations. Au bout de 4 heures de vol, 70% des passagers sont contaminés par les virus respiratoires.

- La ministre de la Santé assure que nous sommes prêts à faire face à une éventuelle pandémie.
D. R. : Tout en ayant un vaccin à disposition, on ne sait déjà pas gérer la grippe saisonnière en France ! Il y a chaque année plus de 2 millions de cas de grippe et 5000 morts dans notre pays, alors imaginez ce qui peut se passer avec un nouveau variant et sans vaccin. On court à la catastrophe.

- Les réserves de Tamiflu, de masques, ce n'est pas suffisant ?
D. R. : On réagit dans l'urgence. On met en place des cellules de crise, on dépense des millions pour des masques dont on ne sait même pas s'ils sont plus efficaces qu'un masque de papier, on met en place des politiques de défense immédiate, mais on ne structure rien. Depuis que ces crises sanitaires se succèdent, nous n'avons jamais été capables de construire de véritable réponse.

- Que suggérez-vous ?
D. R. : En 2002, à la demande du ministre de la Santé, j'avais fait un rapport. J'avais dit qu'il fallait un pré-acheminement des urgences et des infrastructures spécifiques pour accueillir les patients atteints de maladies infectieuses. En France, nous n'avons ni l'habitude, ni les services, ni les circuits pour faire face à de telles épidémies. Aucune étude d'organisation n'a été faite.

- Que va t-on faire si nous devons répondre à un afflux de malades ? Les mettre au milieu des autres urgences ?
D. R. : En Chine, en Italie, la lutte contre la contagion est préparée. Il existe des hôpitaux dédiés à Rome et à Milan où l'un de ces établissements dispose d'une centaine de chambres d'isolement.

Propos recueillis par Dominique Arnoult (darnoult@laprovence-presse.fr)

Publié dans Politique

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