AVEC PIERRE LE MENAHES, DELEGUE CGT A LA SBFM DE CAUDAN, SARKOZY A VU ET ENTENDU LA VRAIE FRANCE, CELLE D'EN BAS !
Pierre LE MENAHES,Délégué CGT à la SBFM, face à SARKOZY
Pierre Le Ménahès sur le plateau de TF1, en direct hier soir, a réussi son face à face avec un Nicolas Sarkozy très en forme sur le dossier de la construction automobile.
Face à face entre Pierre Le Menahès, fondeur de Caudan et Nicolas Sarkozy, hier soir sur TF1. Le président de la République a semblé y prendre goût.
Analyse
Vêtu d'un perfecto noir, boucles aux deux oreilles, Pierre Le Ménahès était hier soir l'un des onze Français invités à discuter avec le président de la République. Le face à face fut plutôt réussi. Coup de chance ? Le bouillant délégué CGT de la Fonderie de Bretagne, reprise par Renault en septembre après des mois de lutte, a obtenu très vite la parole dans l'émission animée par Jean-Pierre Pernaud.
« Les gens d'en bas qui se lèvent tôt »
L'ouvrier de Caudan a embrayé au quart de tour : sur les licenciements, les fermetures d'usines, les délocalisations de la production automobile et particulièrement chez Renault. Cela tombait bien. Nicolas Sarkozy avait quelques comptes à régler avec le constructeur français, alors que la polémique bat son plein sur le choix du site de production de la Clio 4.
« Il y a des moments, monsieur Le Ménahès, où je suis d'accord avec vous. La construction automobile et ses sous-traitants pèsent 10 % des emplois en France. Quand votre usine a été lâchée par Renault, en 1998, je n'étais pas Président. Et en 10 ans, on a assisté à un véritable collapse financier au sein de ce groupe. Le plan de relance que le gouvernement a instauré a permis de sauver des emplois. »
« Je parle en tant qu'actionnaire »
Pas suffisant pour convaincre un syndicaliste engagé, qui n'était pas venu sur TF1, pour faire de la figuration. Il a tout bonnement taxé l'analyse du président de « simpliste » rappelant au passage que « les gens d'en bas, qui se lèvent tôt, partagent surtout en ce moment, les petits salaires, les licenciements, les fermetures d'usines ».
Nicolas Sarkozy savait à qui il avait affaire. Alors, il a sorti l'arsenal de ses mesures visant à imposer à Renault un retour de la production en France. « Je veux qu'il soit de l'ordre des deux tiers. Que les voitures en France soient construites dans notre pays. Et ici, je ne parle pas en tant que Président mais en tant qu'actionnaire. L'Etat détient 15 % des actions du groupe. » Il a assuré que la Clio 4 serait construite en France, ainsi que tous les véhicules électriques de la marque au losange.
Pas facile alors pour le leader syndical de reprendre le micro. Sarkozy s'était déjà lancé sur un sujet qu'il affectionne : le montant du salaire au mérite, au temps qu'on y consacre, les responsabilités qu'il faut assumer. Pierre Le Menahès a tout de même eu le temps de glisser une remarque sur les actionnaires trop rémunérés.
Là encore, le président a acquiescé et confirmé, que s'il le faut, il légiférera pour instaurer une règle du jeu plus juste. Le temps de parole du fondeur de Caudan était écoulé. Il fallait passer aux problèmes d'une productrice de lait, d'un prof de banlieue.
Un petit quart d'heure, tout de même, lui aura été consacré. Pierre Le Ménahès a tout de même réussi à placer une petite salve anticapitaliste, au moment du débat sur l'hôpital. Mais Nicolas Sarkozy a rapidement repris le monopole du discours. Il sait faire.
Au pays de Lorient, tous ceux qui connaissent Pierre Le Ménahès étaient devant leur poste de télévision. Les collègues de la fonderie surtout. Au risque peut-être d'arriver en retard au boulot, pour l'équipe de nuit.