CENTRALE DE GRAVELINES : LES CADRES VOTENT CGT

Publié le par Tourtaux

Richard Vanoc réconcilie les cadres avec les valeurs de la CGT

dimanche 04.04.2010, 05:05  - La Voix du Nord

 Richard Vanoc, syndicaliste à la centrale de Gravelines, mène une action spécifique auprès des ingénieurs et des cadres. Richard Vanoc, syndicaliste à la centrale de Gravelines, mène une action spécifique auprès des ingénieurs et des cadres.
|  UN JOUR, UN VISAGE |

Historiquement, les drapeaux rouges et le discours « lutte des classes » de la CGT s'adressent plus aux ouvriers qu'à ceux qui les encadrent. «  Mais tout le monde a besoin d'être défendu », estime Richard Vanoc. Depuis une dizaine d'années, cet ingénieur expert incendie dirige la section UFICT de la centrale de Gravelines, la branche de la CGT qui s'adresse aux cadres. Il a adapté ses techniques d'approche et les résultats sont là : 15  % de syndiqués.

 

PAR ESTELLE JOLIVET

dunkerque@lavoixdunord.fr PHOTO : JEAN-CHARLES BAYON

Toute l'action syndicale de Richard Vanoc repose sur une seule conviction : « On doit aller au boulot pour s'épanouir, pas pour souffrir. » Et ça vaut pour tout le monde, que l'on soit ouvrier, employé, technicien, ou cadre. Richard Vanoc sait de quoi il parle, lui qui a commencé « à 16 ans chez Usinor, avec un CAP d'électromécanicien » pour finir ingénieur expert incendie à la centrale de Gravelines. Très tôt carté CGT, il ne pouvait pas concevoir « de ne pas être syndiqué ». Souvenirs d'un papa usé par les postes dans une usine de confection « et qui doublait ses postes en allant travailler dans les champs. Ça conditionne ».

Il y a dix ans, Richard Vanoc a donc « repris » la section UFICT (Union fédérale des ingénieurs, cadres et techniciens) de la centrale, une branche de la CGT qui mène une action spécifique auprès des cadres. Un défi en soi. « Historiquement, la CGT reste un syndicat très ouvriériste , concède-t-il. Certains sont restés dans cette culture-là et continuent à dire "les cadres, c'est des pourris". L'image reste. On fait tout pour la gommer. » Sa technique : préférer les actes aux grands discours idéologiques. « On ne peut pas tenir aux cadres le même langage qu'aux ouvriers. Ils ont des revendications propres. » Son principal atout : partager la condition de ceux qu'il défend. « Cadre moi-même, je suis bien au fait des problématiques que les cadres peuvent rencontrer. J'ai une certaine légitimité. » Jour après jour, Richard Vanoc bataille donc auprès de la direction pour obtenir la reconnaissance des diplômes à l'embauche ou la validation des compétences acquises en cours de carrière. Il se bat aussi « pour que les cadres puissent conjuguer vie personnelle et professionnelle. Les jeunes aspirent à plus de loisirs et même s'ils gagnent leur croûte, ils veulent pouvoir en profiter ». Conscient de la position parfois inconfortable des cadres, « qui doivent appliquer des choix qu'ils ne partagent pas forcément », Richard Vanoc écoute. Consulte.

Fait remonter les points de vue lors des comités d'entreprise. « Les diplômés ont fait des études, ils ont des avis sur l'organisation. Si on ne les écoute pas, c'est frustrant. »

47% chez les cadres

L'autre pan de son activité, ce sont les « bulletins d'information » qu'il distribue chaque semaine dans les bannettes, tantôt sur la politique énergétique, tantôt sur les salaires ou le temps de travail. « Il faut leur donner du grain à moudre, leur montrer qu'il y a d'autres perspectives que celles présentées par la direction », martèle le syndicaliste, qui a bien compris que les diplômés étaient « une population grandissante » dans l'entreprise et que la survie du syndicalisme passait aussi par eux.

Aux dernières élections professionnelles, la CGT a fait 47 % chez les cadres. Et sur 330 cadres à la centrale, 15 % ont pris leur carte, soit une cinquantaine de personnes. Richard Vanoc sait bien que ses protégés ont soif de discrétion. Qu'on les voit rarement dans les manifs du 1er mai ou celles sur les retraites. Que certains ont peur d'être mal vus s'ils se rendent à l'AG du personnel, « ce qui ne les empêche pas de participer financièrement s'il y a une grève ». Mais il poursuit sa tâche, patiemment. Celle de former « des citoyens dans l'entreprise ». •

Publié dans Lutte des classes

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T
<br /> Si tu le dis, c'est sans doute vrai<br /> <br /> <br />
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C
<br /> c'est bien !<br /> <br /> <br />
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