COMITE VALMY : LE PLAN DE SAUVETAGE SARKOZY-MERKEL TOURNE AU FIASCO

Publié le par Tourtaux

 

Le plan de sauvetage Sarkozy-Merkel tourne au fiasco

mercredi 27 juillet 2011, par Comité Valmy


"Le défi est devant nous, le moment est historique. Soit l’Europe va écrire l’histoire, soit l’histoire va effacer l’Union européenne" a dit le Premier ministre grec.


L’annonce d’un accord sur le sauvetage de la Grèce avait fait s’envoler le marché actions, pour le plus grand bénéfice des spéculateurs. Cette envolée n’a été qu’un feu de paille, le repli vient maintenant de la mise en évidence de la vacuité de la déclaration du 21 juillet, impossible à traduire dans les actes, malgré les injonctions de Christine Lagarde.

Les institutions anglaises ont été les premières à mettre en péril le château de cartes biseautées censé sauver l’euro. En premier lieu l’ISDA, association Internationale des Swaps et Dérivés, l’organisation professionnelle qui fait la pluie et le beau temps sur les marchés financiers dérivés, les CDS, et autres actifs toxiques est venu rappeler son pouvoir de nuisance, au cas où les états voudraient réellement reprendre la main sur la finance internationale.

La FSA, Financial Services Authority - le régulateur du secteur des services financiers au Royaume-Uni et le gouverneur de la Banque centrale d’Angleterre ont passé la deuxième couche : en demandant que le risque grec soit couvert, la FSA fournit le prétexte aux banques anglaises pour refuser de se réengager sur la dette grecque comme le prévoit le plan de l’eurozone.


Pas un sou des banques privées, sinon, tout saute !

La réponse du berger à la bergère ne s’est pas fait attendre : les dirigeants de la zone euro peuvent faire de la communication sur le thème de « faire payer les banques privées », l’IDSA a le doigt sur le bouton des CDS. Cette arme atomique de la finance peut déclencher des volumes de paiement hors de tout contrôle [1]. L’ISDA a rappelé la règle suprême : « Dès lors qu’il (l’échange des obligations) est expressément volontaire, il ne devrait pas déclencher les CDS »

Imagine t-on qu’une banque pourrait, légalement, être « volontaire » pour perdre les milliards dont elle a la responsabilité, en les engageant sur les titres d’un état dont la faillite est désormais certaine ? Évidemment non ! Comme les banques n’ont donc pas droit aux pertes volontaires, elles ne contribueront pas au sursis qu’il faudrait accorder à la Grèce. Rien, pas un sou, seuls les états, donc les contribuables de l’eurozone peuvent être rackettés pour sauver l’euro.


Voici la mise à jour du 25 juillet de la « FAQ » [2] de l’IDSA sur la dette grecque :

La détermination de savoir si la zone euro face à l’égard de la Grèce est un événement de crédit selon la documentation des CDS sera faite par le comité de déterminations EMEA de l’ISDA, lorsque la proposition sera formellement signée, et après qu’un participant au marché aura demandé une décision du Comité. Sur la base de ce que nous savons à ce stade, nous pouvons dire la chose suivante.

Le paquet est en deux parties :

- Premièrement, la part du secteur public : plus d’argent pour l’aide ; augmentation du FESF. Tout ce que nous avons jusqu’à présent est la Déclaration des Chefs d’Etat et quelques rapports de nouvelles générales. Sur la base de ces derniers, cela ne semble pas relever des CDS.

- Deuxièmement, la part du secteur privé (IIF) : une proposition pour un échange volontaire de la dette, avec quatre options. Dès lors qu’il est expressément volontaire, il ne devrait pas déclencher les CDS. Aussi, au stade d’une simple proposition, il n’y a encore rien qui relève du comité de déterminations.


Voilà le peu de cas que fait du fameux plan Sarkozy-Merkel l’autorité financière qui peut siffler la fin de la partie : d’un côté de la pure communication de l’autre, pas un sou des banques privées. Si les états de l’eurozone, la BCE et le FESF doivent annoncer les chiffres de plus en plus délirants pour prétendre maîtriser encore la situation, ce n’est pas le problème de la finance internationale.


Un stade de régression infinie

Le gouverneur de la Bank of England converti au "No future"

Mervyn King, gouverneur de la banque centrale britannique expose ainsi la difficulté de la situation :

-  « Les banques britanniques sont très lourdement exposées à la France et à l’Allemagne...

- Si celles-ci sont elles-mêmes exposées à la Grèce, alors il y a une exposition indirecte...

- Et si les banques britanniques sont exposées à des banques françaises...

- Elles-mêmes exposées à des banques allemandes...

- Elles aussi exposées à la Grèce... il y a là une autre exposition indirecte...

Et il y a là un stade de régression infinie. »

HSBC & BARCLAYS sont opposés au double paiement

La FSA, Financial Services Authority - le régulateur du secteur des services financiers au Royaume-Uni - aurait requis des établissements britanniques qu’ils provisionnent leur exposition au risque grec. Ceux-ci envisagent donc de refuser le plan franco-allemand qui les obligerait du coup à passer doublement à la caisse :

- une fois en provisionnant le risque, à la demande de la FSA,

- une seconde fois en se réengageant par le mécanisme du roll-over, à la demande de l’eurozone qui serait incapable de concrétiser son plan de sauvetage sans l’accord des banques britanniques...

Conclusion :

There is no future in england’s dream

Notes

[1] estimés à environ 31.000 milliards de dollars au total

[2] -Greek Sovereign Debt Q&A - July 8, 2011

Extrait :

Voici les réponses aux questions les plus fréquemment posées à l’ISDA, dans le cadre de l’application de dérivés de crédit pour une restructuration potentielle ou reprofilage de la dette souveraine grecque. Ce qui suit ne constitue pas un avis juridique, et est soumis à tous égards et pour toutes déterminations que le Comité de déterminations de Dérivés de Crédit EMEA de l’ISDA peut faire par rapport aux CDS référençant la République hellénique (Grèce).

- Q. : Comment les Credit Default Swaps sont-ils documentés ?

R. : La grande majorité des Credit Default Swaps (CDS) sont documentés à l’aide des Définitions de Dérivés de Crédit de l’ISDA, telles que complétées par la mise à jour de juillet 2009. Les définitions peuvent être obtenus auprès de librairie de l’ISDA.

- Q. : Qu’est ce qui déclenche le CDS ?

R. : Le contrat de CDS contient un certain nombre de dispositions dont les parties au contrat peuvent convenir (par exemple, dont les événements à partir d’un menu d’événements de crédit potentiels seront applicables, quelles obligations sont pertinentes pour déclencher un événement de crédit, quel type d’obligation sera livrable si un événement de crédit). Bien sûr, les parties sont libres de convenir de des dispositions qu’ils souhaitent, mais les standards sont généralement utilisées pour des types de transaction en particulier (ainsi, par exemple, certains de ces dispositions pour les entreprises nord-américaines, seront différentes de celles pour, disons, des fonds souverains ouest-européens).

Un CDS est déclenché quand un événement de crédit survient. Il y a trois événements de crédit qui sont habituellement utilisés pour les fonds souverains ouest-européens (y compris la Grèce), qui sont : le défaut de paiement ; la Répudiation/Moratoire et la restructuration. Nous allons nous concentrer sur la restructuration à ces fins.

L’événement de crédit de restructuration est déclenché si l’un d’une liste définie d’événements se produit, par rapport à un titre de créance comme une obligation ou un prêt, à la suite d’une baisse de la solvabilité ou un changement de la situation financière de l’entité de référence. (...)

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