DISCOURS DE RAUL CASTRO AU 3ème SOMMET DE LA CELAC : DEVELOPPER L'UNITE DANS LA COHESION ET LE RESPECT DES DIFFERENCES RESTERA NOTRE PREMIER OBJECTIF ET UNE NECESSITE INCONTOURNABLE

Publié le par Tourtaux

n o t r e   a m e r i q u e

La Havane. 29 Janvier 2015

 

 

Développer l’unité dans la
diversité, l’action dans la cohésion et
le respect des différences restera notre premier objectif et une nécessité incontournable

 • Discours du général d’armée Raul Castro Ruz, premier secrétaire du Comité central du Parti communiste cubain et président du Conseil d’État et du Conseil des ministres, au 3e Sommet de la CELAC, au Costa Rica, le 28 janvier 2015, « Année 57 de la Révolution »

(Traduction de la version sténographique du Conseil d’État)

CHER président Luis Guillermo Solis,

Chers chefs d’État ou de gouvernement d’Amérique latine et des Caraïbes,

Chers chefs de délégations et invités qui nous accompagnez,

Notre Amérique s’est engagée dans une époque nouvelle et a progressé depuis la création de la Communauté des États latino-américains et caribéens, dans ses objectifs d’indépendance, de souveraineté sur les ressources naturelles, d’intégration, de mise en place d’un nouvel ordre mondial, de justice sociale et de démocratie du peuple, par le peuple et pour le peuple. L’engagement envers la justice et le droit des peuples est supérieur aujourd’hui à celui de n’importe quelle autre période historique.

Développer l’unité dans la diversité, l’action dans la cohésion et le respect des différences restera notre premier objectif et une nécessité incontournable

Ensemble, nous sommes la troisième économie mondiale, la zone détenant la deuxième plus grande réserve de pétrole, la plus grande biodiversité de la planète, ainsi qu’une haute concentration des ressources minières mondiales.

Développer l’unité dans la diversité, l’action dans la cohésion et le respect des différences restera notre premier objectif et une nécessité incontournable, car les problèmes du monde s’aggravent, tandis que persistent de grands dangers et de sévères défis qui dépassent les capacités nationales, voire sous-régionales.

Au cours de cette dernière décennie, les politiques économiques et sociales et la croissance soutenue nous ont permis de faire face à la crise économique mondiale et de réduire la pauvreté, le chômage et la distribution inégale des revenus.

LES PROFONDES TRANSFORMATIONS POLITIQUES ET SOCIALES OPÉRÉES DANS PLUSIEURS PAYS DE LA RÉGION ONT APPORTÉ LA DIGNITÉ À DES MILLIONS DE FAMILLES

Les profondes transformations politiques et sociales opérées dans plusieurs pays de la région ont apporté la dignité à des millions de familles, qui sont sorties de la pauvreté.

Cependant, la région de l’Amérique latine et des Caraïbes est encore la plus inégale de la planète. En moyenne, 20 % des foyers aux revenus les plus bas disposent de 5 % des revenus totaux ; 167 millions de personnes souffrent encore de la pauvreté ; un enfant de moins de quinze ans sur cinq vit dans l’indigence, et le nombre d’analphabètes dépasse les 35 millions.

La moitié de nos jeunes n’ont pas accès à l’enseignement secondaire, alors que dans le secteur à plus faible revenu ce chiffre s‘élève à 78 %. Les deux tiers de la nouvelle génération ne parviennent pas à entrer pas à l’université.

Les victimes du crime organisé et de la violence qui menacent la stabilité et le progrès des nations ne cessent d’augmenter.

Que penseront les dizaines de millions de marginaux de la démocratie et des droits de l’Homme ? Quelle vision auront-ils des modèles politiques ? Quelle opinion auront-ils des lois électorales ? Est-ce donc cela la société civile dont tiennent compte les gouvernements et les organisations internationales ? Que diraient-ils des politiques économiques et monétaires si on leur demandait leur avis ?

Sur ces aspects, nombre des États industrialisés, dont la moitié des jeunes sont au chômage, n’ont pas grand-chose à montrer à notre région, alors qu’ils font retomber la crise sur les travailleurs et les étudiants qu’ils répriment tout en protégeant les banquiers, qu’ils entravent la syndicalisation, qu’ils paient des salaires inférieurs aux femmes pour un travail égal, qu’ils appliquent des politiques inhumaines contre les immigrants, où croissent le racisme, la xénophobie, la violence extrémiste et les tendances néofascistes, et où les citoyens ne votent pas parce qu’ils ne voient pas d’alternative à la corruption de la politique ou parce qu’ils savent que les promesses électorales s’oublient très vite.

Pour atteindre ce qu’on appelle l’inclusion sociale et la durabilité environnementale, nous devrons créer notre propre vision des systèmes économiques, des modèles de production et de consommation, du rapport entre la croissance économique et le développement, et aussi de l’efficacité des modèles politiques.

LA SOLIDARITÉ ET LA DÉFENSE DES INTÉRÊTS DE LA CARAÏBE, EN PARTICULIER ENVERS HAÏTI, CONSTITUENT UN DEVOIR ÉLÉMENTAIRE

Nous devons combler les brèches structurelles, garantir une éducation gratuite et de grande qualité, une couverture de santé universelle et gratuite, la sécurité sociale pour tous, l’égalité des chances, et la jouissance pleine de tous les droits humains à toutes les personnes.

Dans le cadre de ces efforts, la solidarité et la défense des intérêts de la Caraïbe, en particulier envers Haïti, constitueront un devoir élémentaire.

Il faut un nouvel ordre économique, financier et monétaire international, où la priorité sera donnée aux intérêts et aux besoins des pays du Sud et des majorités, où ceux qui imposent la concentration du capital et le néolibéralisme n’auront pas l’avantage.

Le Programme de développement pour l’après-2105 doit offrir des solutions aux problèmes structurels des économies de la région et générer les changements qui conduiront au développement durable.

Il est également indispensable de construire un monde de paix, sans lequel le développement, régi par les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international, est impossible.

La signature par les chefs d’État ou de gouvernement de la Proclamation de l’Amérique latine et des Caraïbes comme Zone de paix a constitué un pas historique et sert de référent pour nos relations entre États et avec le reste du monde.

NOUS CONDAMNONS ÉNERGIQUEMENT LES SANCTIONS INACCEPTABLES IMPOSÉES UNILATÉRALEMENT À LA RÉPUBLIQUE BOLIVARIENNE DU VENEZUELA

La solidarité dans Notre Amérique sera décisive pour faire progresser nos intérêts communs.

Nous condamnons énergiquement les sanctions inacceptables et injustifiées imposées unilatéralement à la République bolivarienne du Venezuela, et l’ingérence extérieure permanente qui vise à créer un climat d’instabilité dans cette nation sœur. Cuba, qui connaît toutes ces histoires en profondeur pour en avoir souffert pendant plus de 50 ans, réitère son soutien le plus résolu à la Révolution bolivarienne et à son gouvernement légitime conduit par le président Nicolas Maduro Moros.

Nous joignons notre voix à celle de la République argentine dans sa revendication sur les îles Malouines, la Georgie du Sud et les îles Sandwich du Sud, ainsi que sur les espaces maritimes environnants. Nous appuyons cette nation sud-américaine et sa présidente Cristina Fernandez qui font face aux attaques de fonds spéculatifs et aux sentences de cours vénales qui violent la souveraineté de ce pays.

Nous réaffirmons notre solidarité avec le peuple et le gouvernement équatoriens, que préside Rafael Correa, dans leur demande d’indemnisation à la transnationale Chevron pour les dommages environnementaux provoqués dans l’Amazonie équatorienne.

Comme nous l’avons déclaré en d’autres occasions, notre Communauté sera incomplète tant que Porto Rico, dont la situation coloniale est inadmissible et dont le caractère latino-américain et caribéen ne fait aucun doute, ne sera pas parmi nous.

Concernant les conversations de paix en Colombie, les accords conclus par le gouvernement et les Forces armées révolutionnaire de Colombie­Armée du peuple à La Havane sont significatifs. Jamais auparavant on n’était allé aussi loin sur la voie de la paix. Cuba, en tant de garant et siège de ces conversations, continuera de fournir toutes les facilités requises et de contribuer dans toute la mesure du possible à la cessation du conflit et à la construction d’une paix juste et durable dans cette nation sœur.

Nous continuerons d’appuyer résolument la juste réclamation d’indemnisations par les pays caribéens pour les dommages provoqués par l’esclavage et le colonialisme, et nous nous opposerons fermement à la décision de les priver des ressources financières indispensables sous le prétexte technocratique de prétendre les considérer comme des pays à revenu intermédiaire.

Nous nous félicitons des excellents progrès réalisés au Forum CELAC-Chine et du renforcement des liens de notre région avec le groupe BRICS.

Nous renouvelons notre inquiétude face aux dépenses militaires énormes et croissantes imposées au monde par les États-Unis et l’OTAN, ainsi que face à leur tentative d’étendre leur présence agressive jusqu’aux frontières de la Russie, avec laquelle nous avons des relations historiques, fraternelles et mutuellement avantageuses. Nous nous opposons énergiquement aux sanctions injustes qui lui ont été imposées unilatéralement.

L’agressivité croissante de la doctrine militaire de l’OTAN et le développement de guerres non conventionnelles, qui ont déjà eu des conséquences dévastatrices et de graves séquelles, menacent la paix et la sécurité internationales.

Aux yeux de Cuba, le principe d’égalité souveraine des États et d’autodétermination des peuples est un principe incontournable.

L’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies doit faire usage de ses facultés pour préserver la paix et la sécurité internationales face au deux poids deux mesures, aux excès et aux omissions du Conseil de sécurité.

On ne saurait attendre plus longtemps pour reconnaître comme membre de plein droit la Palestine, à laquelle je transmets la solidarité du peuple et du gouvernement cubains. Le veto au Conseil de Sécurité pour garantir l’impunité pour les crimes d’Israël doit cesser.

L’Afrique, où se trouvent aussi nos racines, n’a besoin ni de conseils ni d’ingérence, mais du transfert de ressources financières, de technologie et d’un traitement juste. Nous défendrons toujours les intérêts légitimes des nations avec lesquelles nous avons lutté côte à côte contre le colonialisme et l’apartheid, et avec lesquelles nous avons des relations fraternelles et de coopération. Nous nous souviendrons toujours de leur solidarité et leur soutien invariables.

LA POLITIQUE EXTÉRIEURE DE LA RÉVOLUTION CUBAINE RESTERA FIDÈLE À SES PRINCIPES

La voix de Cuba défendra sans relâche les causes justes et les intérêts des pays du Sud, et sera loyale à leurs objectifs et à leurs positions communes, sachant que la patrie c’est l’Humanité.

La politique extérieure de la Révolution cubaine restera fidèle à ses principes.

Chers collègues,

Le 17 décembre dernier, sont revenus dans leur patrie les combattants antiterroristes cubains Gerardo Hernandez, Ramon Labañino et Antonio Guerrero qui, avec Fernando Gonzalez et René Gonzalez, sont pour nous un motif de fierté et un exemple de fermeté.

Le président des États-Unis a reconnu l’échec de la politique vis-à-vis de Cuba appliquée pendant plus de cinquante ans et l’isolement absolu de son pays que celle-ci a provoqué ; les préjudices causés à notre peuple par le blocus, et il a ordonné de revoir l’inscription de toute évidence injustifiable de l’Île sur la liste des États parrainant le terrorisme international.

Le même jour, il a également annoncé sa décision de rétablir les relations diplomatiques avec notre gouvernement.

Ces changements sont le fruit de presque un siècle et demi de lutte héroïque et de fidélité aux principes du peuple cubain. Mais ils ont été aussi possibles grâce à la nouvelle époque que vit notre région et à la demande résolue et courageuse des gouvernements et des peuples de la CELAC.

Ce fut une revendication de Notre Amérique qui a agi en union étroite avec l’Organisation des Nations unies et dans toutes les instances.

Précédés par le Sommet de l’ALBA (Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique), à Cumana (Venezuela) ; les débats soutenus en 2009 au Sommet des Amériques de Port-of-Spain (Trinité-et-Tobago) ont poussé le président Obama, récemment élu, à chercher un nouveau départ avec Cuba.

À Cartagena (Colombie), en 2012, une vive discussion a abouti à une prise de position unanime et catégorique contre le blocus, ce qui a amené un important dirigeant nord-américain à faire référence à celle-ci comme le grand échec de Cartagena ou désastre – ce fut le terme exact – et les débats ont aussi porté sur l’exclusion de Cuba de ces Sommets. L’Équateur, en signe de protestation, avait décidé de ne pas y assister. Le Venezuela, le Nicaragua et la Bolivie affirmèrent qu’ils n’assisteraient pas à un autre Sommet si Cuba n’y était pas, une attitude soutenue par le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay. La Communauté des Caraïbes prit la même attitude. Le Mexique et les autres nations se prononcèrent dans le même sens.

Le président panaméen, Juan Carlos Varela, avant son investiture, a fait savoir  avec détermination qu’il inviterait Cuba, de plein droit et sur un pied d’égalité au 7e Sommet des Amériques. Ce qu’il a fait. Cuba a aussitôt déclaré qu’elle y assisterait.

Marti avait raison quand il écrivit qu’ « depuis le fond d’une grotte, un principe juste peut plus qu’une armée. ».

Au nom de Cuba, je vous exprime à tous ma plus profonde gratitude.

Au nom de la nation, je remercie aussi sincèrement les 188 États qui votent contre le blocus aux Nations Unies, ceux qui ont appuyé cette même demande à l’Assemblée générale, aux Sommets et aux conférences internationales, ainsi que l’ensemble des mouvements populaires, des forces politiques, des parlements et des personnalités qui se sont mobilisés sans relâche dans ce but.

Au peuple des États-Unis, qui a manifesté une opposition croissante à la politique de blocus et d’hostilité, qui dure depuis plus de cinquante ans, je réitère notre gratitude et nos sentiments amicaux.

Ces résultats prouvent que des gouvernements qui ont de profondes différences peuvent trouver une solution aux problèmes, dans l’intérêt de leurs nations respectives, à travers un dialogue respectueux et des échanges fondés sur l’égalité souveraine et la réciprocité.

Comme je l’ai affirmé à plusieurs reprises, Cuba et les États-Unis doivent apprendre l’art de la coexistence civilisée, basé sur le respect des différences entre leurs gouvernements et dans la coopération sur des questions d’intérêt commun, ce qui contribuera à régler les problèmes communs que connaissent le continent et le monde.

Mais l’on ne saurait prétendre que Cuba renonce pour autant à ses idéaux d’indépendance et de justice sociale, ni qu’elle renie un seul de ses principes ni qu’elle cède d’un millimètre dans la défense de sa souveraineté nationale.

Nous ne nous laisserons pas provoquer, mais nous n’accepterons aucune prétention de nous conseiller ou d’exercer des pressions en matière de questions internes. Nous avons gagné ce droit souverain au prix de grands sacrifices et des pires risques.

Les relations diplomatiques seraient-elles possibles sans une reprise des services financiers à la Section des intérêts de Cuba et son Bureau consulaire à Washington, interrompus à cause du blocus financier ? Comment expliquer le rétablissement des relations diplomatiques sans que Cuba ne soit retirée de la liste des États parrainant le terrorisme international ? Quelle sera dorénavant la conduite des diplomates étasuniens à La Havane quant au respect des normes qu’établissent les conventions internationales relatives aux relations diplomatiques et consulaires ? C’est ce que notre délégation a exprimé au Département d’État lors des conversations bilatérales de la semaine dernière, et d’autres réunions seront nécessaires pour aborder ces questions.

Nous avons fait part au président des États-Unis de notre disposition à œuvrer à la normalisation des relations bilatérales, une fois rétablies les relations diplomatiques, ce qui implique l’adoption de mesures réciproques pour améliorer le climat entre nos deux pays, régler d’autres problèmes en suspens et progresser en matière de coopération.

La situation actuelle offre, modestement, une occasion à notre continent de trouver des formes de coopération nouvelles et supérieures qui conviennent aux deux Amériques, ce qui permettrait de régler des problèmes brûlants et de frayer de nouvelles voies.

La Proclamation de l’Amérique latine et des Caraïbes comme Zone de paix constitue dans ce sens une plateforme incontournable, y compris la reconnaissance du droit inaliénable de chaque État à choisir son système politique, économique, social et culturel, sans aucune ingérence de la part d’un autre État, ce qui constitue un principe imprescriptible du Droit international.

LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER, QUI CAUSE DES DOMMAGES HUMAINS ET ÉCONOMIQUES ET QUI VIOLE LE DROIT INTERNATIONAL, DOIT ÊTRE LEVÉ

Le problème principal n’a pas été résolu : le blocus économique, commercial et financier, qui cause d’énormes dommages humains et économiques et qui viole le droit international, doit être levé.

Je rappelle le mémorandum du sous-secrétaire Mallory, d’avril 1960 qui, faute d’une opposition politique réelle, proposait de provoquer à Cuba la faim, le désespoir et des souffrances, ce qui devait aboutir au renversement du gouvernement révolutionnaire. Aujourd’hui, tout semble indiquer que l’objectif est de fomenter une opposition politique artificielle par des moyens économiques, politiques et de communication.

Le rétablissement des relations diplomatiques marque le début d’un processus vers la normalisation des relations bilatérales, mais celle-ci ne sera pas possible tant que le blocus persistera, tant que le territoire occupé illégalement par la base navale de Guantanamo ne nous sera pas rendu, tant que les émissions de radio et de télévision qui violent les normes internationales se poursuivront, tant que des réparations justes ne seront pas accordées à notre peuple pour les dommages humains et économiques qu’il a endurés.

Il ne serait ni moral ni juste ni acceptable qu’on demande quoi que ce soit en échange à Cuba. Si ces questions ne sont pas réglées, ce rapprochement diplomatique entre Cuba et les États-Unis n’aurait pas de sens.

On ne peut pas s’attendre non plus à ce que Cuba accepte de négocier ces points en échange de concessions sur des questions internes qui relèvent de notre souveraineté absolue.

Si nous avons pu progresser lors des récentes négociations, c’est parce que nous nous sommes traités réciproquement avec respect, sur un pied d’égalité. Pour continuer d’avancer, il faudra qu’il en soit ainsi.

Nous avons suivi avec attention l’annonce que le président des États-Unis adoptera des décisions exécutives à même de modifier certains aspects de l’application du blocus.

Les mesures annoncées sont très limitées. L’interdiction d’octroyer des crédits et d’utiliser le dollar dans nos transactions financières internationales persiste ; les voyages individuels d’Étasuniens dans le cadre de la permission relative aux « échanges de peuple à peuple» restent interdits, ces derniers visant des fins subversives, tout comme sont interdits les voyages par voie maritime. L’achat sur des marchés tiers d’équipements et de technologies contenant plus de 10% de composants étasuniens reste interdite, ainsi que les importations par les États-Unis de marchandises contenant des matières premières cubaines, parmi bien d’autres prohibitions.

Le président Barack Obama pourrait utiliser avec détermination ses vastes prérogatives exécutives pour modifier en profondeur l’application du blocus, ce qui est en son pouvoir, même sans l’accord du Congrès.

Il pourrait autoriser dans d’autres secteurs de l’économie tout ce qu’il a autorisé en matière de télécommunications, avec des objectifs évidents d’exercer une influence politique à Cuba.

Il est important qu’il ait décidé d’engager un débat avec le Congrès en vue de supprimer le blocus.

Les porte-parole de l’administration étasunienne n’ont pas caché que les méthodes changent, mais non les objectifs de cette politique, et que l’ingérence dans nos affaires internes se poursuivra, ce que nous n’accepterons pas. Les contreparties étasuniennes ne devraient pas se proposer d’entrer en relations avec la société cubaine comme s’il n’y avait pas de gouvernement souverain à Cuba.

Nul ne pourrait imaginer que la nouvelle politique annoncée accepte l’existence d’une Révolution socialiste à 150 kilomètres de la Floride ?

On veut que la société civile soit présente au Sommet du Panama, et Cuba a toujours été d’accord. Nous condamnons ce qui s’est passé à la Conférence de l’Organisation mondiale du commerce à Seattle, aux Sommets des Amériques de Miami et de Québec, ou au Sommet sur les changements climatiques à Copenhague, ou lors des réunions du G-7 ou du FMI, où celle-ci a été reléguée derrière des clôtures d’acier, soumise à la répression brutale des forces de police, confinée à des dizaines de kilomètres des réunions.

La société civile cubaine assistera, bien entendu, et j’espère qu’il n’y aura pas de restrictions à l’encontre des organisations non gouvernementales cubaines qui n’ont aucun statut auprès de l’OEA et qui ne tiennent pas à en avoir un, mais qui ont la reconnaissance de l’ONU.

J’espère voir au Panama les mouvements populaires et les ONG qui prônent le désarmement nucléaire, les écologistes, les adversaires du néolibéralisme, les Occupy Wall Street et les Indignés de notre région, les étudiants et les lycéens, les paysans, les syndicats, les communautés autochtones, les organisations qui s’opposent à la pollution par les gaz de schiste, les défenseurs des droits des immigrants, les associations qui dénoncent la torture, les exécutions extrajudiciaires, les brutalités policières, les pratiques racistes, celles qui réclament un salaire égal à travail égal pour les femmes, celles qui demandent des réparations aux transnationales pour les dommages causés.

Néanmoins, la communauté internationale s’est félicitée de ces annonces du 17 décembre. Aux États-Unis mêmes, le président Obama a reçu un très vaste soutien.

Certaines forces aux États-Unis tenteront de faire avorter ce processus qui ne fait que commencer. Ce sont les mêmes ennemis d’une relation juste entre les États-Unis et l’Amérique latine et les Caraïbes, ceux qui entravent les relations bilatérales de nombreux pays de notre région avec cette nation. Ce sont ceux qui ne cessent de faire du chantage et d’exercer des pressions.

Nous savons que la levée du blocus sera un processus long et difficile qui exigera le soutien, la mobilisation et l’action résolue de tous les gens de bonne volonté aux États-Unis et dans le monde, ainsi que l’adoption, à la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations Unies, de la résolution qui en demande la levée et, tout particulièrement, l’action concertée de Notre Amérique.

Chers chefs d’État et de gouvernement,

Chers amis,

Je félicite le Costa Rica, le président Solis et son gouvernement pour le travail qu’ils ont réalisé à la tête de la CELAC. Nous souhaitons la bienvenue à l’Équateur et au président Correa qui présidera la Communauté en 2015, et les assurons de notre plein appui.

Je vous remercie.


 

  

Publié dans Les Amériques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
T
Tout à fait Nouara!
Répondre
T
Nouara Imes : Développer l'unité dans la diversité...Voilà une belle philosophie politique !
Répondre