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EPR DE FLAMANVILLE : LA JUSTICE CONFIRME LE PROCES VERBAL DE L'AUTORITE DE SURETE NUCLEAIRE

Publié le par Tourtaux

 

L’Humanité l’a révélé, le Procureur de la République l’a confirmé : un rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire prouve que Bouygues n’a pas déclaré des accidents du travail sur le chantier de l’EPR de Flamanville.

En révélant en exclusivité dans nos colonnes, vendredi, la « sous-estimation méthodique des accidents du travail » sur le chantier de l’EPR de Flamanville, l’Humanité a fait mouche ! Le procureur de la République de Cherbourg a en effet confirmé le jour même l’existence du procès verbal émanant de l’Autorité de Sûreté nucléaire (ASN). « J’ai effectivement eu ce procès verbal », a confirmé le procureur Eric Bouillard. Il a également précisé « avoir été saisi il y a quelques jours » par l’ASN de ce problème de sous-déclaration des accidents du travail. Dans ce PV, daté du 6 juin dernier, le gendarme du nucléaire a ainsi recensé 112 accidents de travail survenus en 2010 sur le chantier, dont 38 accidents « à déclarer n’ayant pas fait l’objet d’une déclaration ». En avril, l’ASN avait indiqué lancer cette enquête, soupçonnant une sous-déclaration qui pourrait être de l’ordre d’un accident sur quatre.

Coordinateur CGT sur le chantier, Jack Tord, se dit « bien content » de tout ce « remue-ménage » fait depuis la publication de ce rapport dans l’Humanité, espérant que grâce à ces révélations, « l’affaire ne sera pas enterrée ». « On alerte depuis 2009 sur la situation, depuis qu’on a appris que des salariés nous ont avoué subir des pressions pour ne pas aller à l’infirmerie », rappelle le syndicaliste qui se demande « ce que l’Etat attend pour intervenir ». D’autant, poursuit-il, « qu’on va arriver en fin de génie civil et entamer la phase d’électro-mécanique, c’est-à-dire la phase de montage des éléments (réacteur, salle des machines) ». Pour Jack Tord, ce rapport de l’ASN, c’est la mise au jour « de la politique de Bouygues de non respect des protocole de sécurité ». Le responsable CGT attend d’ailleurs beaucoup du procureur de la République, qui a deux affaires sur le dos : le premier accident mortel, survenu  en janvier 2011 pour lequel « il dispose de pas mal d’éléments démontrant la responsabilité de Bouygues », et maintenant de la série de sous-déclarations d’accidents du travail.

L’ASN met en effet en avant la responsabilité de Bouygues, responsable du génie civil sur le chantier, comme l’écrit notre journaliste, Cécile Rousseau : « depuis le début de la construction du réacteur de nouvelle génération, en 2007, sous la maîtrise d’ouvrage d’EDF, les conditions de travail des 3 400 personnes, dont un tiers d’étrangers et un tiers d’intérimaires, répartis en une centaine d’entreprises, ont régulièrement été pointés du doigt par les syndicats ». Deux salariés sont d’ailleurs morts sur le chantier depuis le début 2011, l’un de 24 janvier, l’autre le 11 juin. Et les témoignages ne manquent pas. Comme celui de Stéphane, recueilli par notre journaliste. Ex-responsable sécurité sur le chantier de l’EPR, il a été mis à pied après avoir fait valoir son droit d’alerte et de retrait et au passage. « Quand je suis arrivé (en novembre 2009), c’était la foire ! Il y avait un énorme problème sur le site, les responsables de la prévention restaient planqués dans leurs bureaux… Je me rappelle avoir sorti un ouvrier blessé au cœur du réacteur sur une planche en plastique. (…) J’ai bien compris que, pour l’entreprise, j’étais le fusible qui pouvait sauter en cas de problème. Je pensais apporter des meilleures conditions de sécurité, mais en réalité, c’était plutôt pout donner bonne conscience aux dirigeants. »

Sur l’EPR, les conditions de travail sont bafouées, mais aussi les droits sociaux, comme le prouve le cas de Rafal : « A cause du boulot, je men sentais mal dans ma tête, dont j’ai été voir l’infirmière du chantier, seul, je ne voulais pas raconter ma vie à tout le monde. Là, j’ai eu la confirmation que je n’étais pas affilié à la Sécurité Sociale. » « La seule protection sociale que leur offre l’entreprise d’intérim, c’est une assurance privée garantissant pour la veuve 25 000 euros en cas de décès », écrit Cécile Rousseau, qui a réussi à contacter l’avocat de 40 ouvriers polonais : « Ils ne peuvent pas toucher le chômage en rentrant chez eux, leur salaire est en dessous de la convention collective française. »

Les peines encourues par Bouygues, estime l’ASN, consisteraient en 42 amendes de 4e classe, soit 31 500 euros et un an d’emprisonnement, et 3 750 euros d’amende pour le délit d’obstacle aux missions de l’inspecteur du travail.

  • Sommaire du dossier exclusif de l'Humanité :

Le rapport de l’ASN qui accable Bouygues
Imbroglio pour les Polonais
Point de vue : « J’étais le fusible qui pouvait sauter en cas de problème »
Un chantier semé d’embûches

Alexandra Chaignon

 

http://moissacaucoeur.elunet.fr/index.php/post/24/06/2011/EPR-%3A-la-justice-confirme-le-proces-verbal-de-lAutorite-de-surete-nucleaire-In-lHumanite

Publié dans Lutte des classes

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T
<br /> A force de jouer avec le feu, certain(e)s vont finir par se brûler les ailes.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Comme on dit toujours : il n'y a pas de fumée sans feu!<br /> <br /> <br />
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