JEAN-MARC CANON, SECRETAIRE GENERAL DE L'UGFF CGT : "LES MOTS NE SUFFISENT PLUS, IL FAUT UN GESTE IMMEDIAT" MAIS ALORS POURQUOI AVOIR FAIT VOTER HOLLANDE QUI FAIT PIRE QUE L'AUTRE ?
Jean-Marc Canon (Secrétaire général de l'Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT)
Nous avons appelé à battre Nicolas Sarkozy dans les urnes, mais une nouvelle séquence s'ouvre. Nous savons gré à Marylise Lebranchu d'avoir dans un premier temps relancé le dialogue social et dressé un vaste état des lieux partagé. Néanmoins, les mots ne suffisent plus. Les gestes concrets sont restés très limités et, neuf mois après l'élection de François Hollande, les agents de la fonction publique sont déjà passés de l'attente au questionnement puis au mécontentement. A présent, il faut des actes. Sur les salaires, nous sommes, je pèse mes mots, dans une situation sans précédent après déjà deux ans de gel du point d'indice. Un million d'agents, soit un sur cinq, sont désormais payés au SMIC ! Si rien n'est fait, à la prochaine hausse du SMIC de 2 %, leur nombre passera à 1,5 million ! Dans les collectivités, beaucoup sont en outre en temps partiel subi et doivent vivre avec quelques centaines d'euros par mois. Il faut un geste immédiat pour lutter contre cette paupérisation, d'autant que cela contribuera à relancer la croissance. Pas question d'attendre et de se contenter de promesses futures. Le gouvernement se targue sans cesse de rompre avec la politique de Nicolas Sarkozy. Qu'il le prouve.
Il faut l'un et l'autre, tant les grilles sont obsolètes. Après dix-sept ans de carrière, un agent de catégorie C ne gagne que 28 euros brut de plus par mois… La notion de carrière, sur laquelle s'est construite la fonction publique, n'existe plus ! Et c'est vrai à tous les niveaux. Un cadre public à bac + 5 débute à un salaire supérieur de 12,5 % au SMIC. Il y a vingt-cinq ans, le même était embauché 75 % au-dessus du SMIC. C'est un vaste chantier, qui s'étalera sur plusieurs années et il ne peut pas remplacer un geste immédiat.
Comparaison n'est pas raison ! L'essentiel des salariés du privé bénéficient d'une prise en charge de ces jours par des complémentaires santé financées par leurs entreprises. Or ce n'est pas le cas dans la fonction publique, où c'est une perte sèche pour les agents. Si on veut laisser le jour de carence, très bien, mais que les employeurs publics offrent alors la même protection complémentaire que dans le privé, ce qui coûterait de 2 à 4 milliards d'euros… Le PS a fustigé la droite quand elle a créé ce jour de carence. Là aussi, il est temps qu'il passe des paroles aux actes.
Cette journée d'action est une première étape, pas une fin en soi. Une intersyndicale se réunira après l'ouverture des négociations salariales. Nous aviserons, mais avons bon espoir que d'autres syndicats participent le cas échéant au développement du mouvement.
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