JEAN-MARC CANON, SECRETAIRE GENERAL DE L'UGFF CGT : "LES MOTS NE SUFFISENT PLUS, IL FAUT UN GESTE IMMEDIAT" MAIS ALORS POURQUOI AVOIR FAIT VOTER HOLLANDE QUI FAIT PIRE QUE L'AUTRE ?

Publié le par Tourtaux

Jean-Marc Canon (Secrétaire général de l'Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT)

« Les mots ne suffisent plus, il faut un geste immédiat »
Par Derek Perrotte | 31/01 | 07:00
Nicolas Tavernier / REA
Nicolas Tavernier / REA
Il y a un an, la CGT soutenait le candidat Hollande. Elle défile aujourd'hui contre sa politique. Est-ce une rupture ?

Nous avons appelé à battre Nicolas Sarkozy dans les urnes, mais une nouvelle séquence s'ouvre. Nous savons gré à Marylise Lebranchu d'avoir dans un premier temps relancé le dialogue social et dressé un vaste état des lieux partagé. Néanmoins, les mots ne suffisent plus. Les gestes concrets sont restés très limités et, neuf mois après l'élection de François Hollande, les agents de la fonction publique sont déjà passés de l'attente au questionnement puis au mécontentement. A présent, il faut des actes. Sur les salaires, nous sommes, je pèse mes mots, dans une situation sans précédent après déjà deux ans de gel du point d'indice. Un million d'agents, soit un sur cinq, sont désormais payés au SMIC ! Si rien n'est fait, à la prochaine hausse du SMIC de 2 %, leur nombre passera à 1,5 million ! Dans les collectivités, beaucoup sont en outre en temps partiel subi et doivent vivre avec quelques centaines d'euros par mois. Il faut un geste immédiat pour lutter contre cette paupérisation, d'autant que cela contribuera à relancer la croissance. Pas question d'attendre et de se contenter de promesses futures. Le gouvernement se targue sans cesse de rompre avec la politique de Nicolas Sarkozy. Qu'il le prouve.

Le gouvernement évoque plutôt une refonte des grilles salariales. Est-ce une bonne piste ?

Il faut l'un et l'autre, tant les grilles sont obsolètes. Après dix-sept ans de carrière, un agent de catégorie C ne gagne que 28 euros brut de plus par mois… La notion de carrière, sur laquelle s'est construite la fonction publique, n'existe plus ! Et c'est vrai à tous les niveaux. Un cadre public à bac + 5 débute à un salaire supérieur de 12,5 % au SMIC. Il y a vingt-cinq ans, le même était embauché 75 % au-dessus du SMIC. C'est un vaste chantier, qui s'étalera sur plusieurs années et il ne peut pas remplacer un geste immédiat.

Vous réclamez la fin du jour de carence sur les arrêts maladie mais, dans le privé, il y a trois jours de carence…

Comparaison n'est pas raison ! L'essentiel des salariés du privé bénéficient d'une prise en charge de ces jours par des complémentaires santé financées par leurs entreprises. Or ce n'est pas le cas dans la fonction publique, où c'est une perte sèche pour les agents. Si on veut laisser le jour de carence, très bien, mais que les employeurs publics offrent alors la même protection complémentaire que dans le privé, ce qui coûterait de 2 à 4 milliards d'euros… Le PS a fustigé la droite quand elle a créé ce jour de carence. Là aussi, il est temps qu'il passe des paroles aux actes.

Quelles suites donnerez-vous à votre mouvement si vous n'êtes pas entendus ?

Cette journée d'action est une première étape, pas une fin en soi. Une intersyndicale se réunira après l'ouverture des négociations salariales. Nous aviserons, mais avons bon espoir que d'autres syndicats participent le cas échéant au développement du mouvement.

Derek Perrotte

http://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/actu/0202530464225-j-m-canon-cgt-les-mots-ne-suffisent-plus-il-faut-un-geste-immediat-533713.php

Publié dans Lutte des classes

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T
D'accord Olivier, mais pour que le combat continue et se développe, il faut peut-être cesser d'envoyer les militants au casse-pipe dans des grevettes en ordre dispersés, qui ne font que décourager<br /> nos militants parmi les meilleurs. J'ai reçu un mail désespéré d'une militante ouvrière de valeur, de cette lignée de militants devenue rares. Cette camarade écoeurée par toutes les trahiisons va<br /> décider ce soir si elle continue d'être syndiquée ou non. Ce n'est pas d'aujourd'hui que je milite et que je mouille la liquette. Je dis qu'il est inadmissible de voir une camarade de sa trempe qui<br /> va peut-être quitter la CGT parce qu'elle voit ce qu'il s'y passe et qu'elle ne s'y retrouve plus. Si nous avions des directions dignes de ce nom, cette camarade qui se dévoue avec abnégation, dont<br /> les convictions sont intactes, ne serait pas devant ce cas de conscience.
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T
Olivier Imbert : camarade quand la raison tonne dialectiquement dans son cratère l'essentiel c'est que le combat continue!
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T
La situation sociale est dramatique pour nombre de petites gens et j'estime Olivier, que le discours du camarade qui est tout de même celui d'un haut responsable syndical, n'est pas très combatif<br /> et donc pas à la hauteur des enjeux que représentent les conquêtes sociales qui disparaissent une à une pour payer l'austérité d'une crise qui n'est pas la nôtre mais celle du capitalisme. Je ne<br /> suis pas d'accord avec tous ces dirigeants qui sont à cent lieues des problèmes que vivent les humbles dont ils n'ont rien à cirer. L'union à la base oui. Non à l'unité de façade des réformistes<br /> des hautes sphères syndicales qui font semblant d'oublier que ceux qui les ont fait roi en les plaçant là où ils se trouvent, ce sont les camarades syndiqués.
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T
Olivier Imbert : oui je n'ai pas de conflit avec mon intérêt c'est le notre le sien et le leur...avanti populo!
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