JEAN-PAUL LEGRAND : FACE A LA GUERRE QUE NOUS LIVRE LE CAPITALISME, ORGANISONS UNE RIPOSTE DEMOCRATIQUE DE MASSE !

Publié le par Tourtaux

Face à la guerre que nous livre le capitalisme, organisons une riposte démocratique de masse !
Par Jean-Paul Legrand, Maire-Adjoint de Creil,conseiller de la CAC, militant communiste de Colère et Espoir-Oise.

Le directeur de Goss International à Montataire a expliqué au personnel de cette entreprise que le plan de 311 licenciements qu’il vient d’annoncer est un bien pour l’entreprise. On est vraiment au summum du cynisme capitaliste. Autrement dit " On vous fout à la porte, et il faut nous dire merci !".

Merci car en vous jetant à la rue, ce que nous cherchons c’est un taux de rentabilité qui permettra de maintenir les dividendes des actionnaires, voire de les faire progresser. A "Colère et Espoir", nous n’avons jamais douté des intentions des capitalistes dans le cadre de la mondialisation. Qui pourrait croire qu’il y aurait des exceptions. C’est toute l’industrie nationale qui fait l’objet d’un redéploiement mondial avec le jeu de massacre de l’emploi qui s’ensuit. Et face à de telles destructions aucun gouvernement ne pourra s’y opposer si il n’est pas le gouvernement d’un projet vraiment révolutionnaire construit par les citoyens, un projet en rupture avec le capitalisme.

Evidemment ils vont être nombreux les politiciens à appeler au rassemblement pour "sauver l’emploi", nombreux à pleurer sur le sort des travailleurs à quelques mois des élections présidentielles pour lesquelles ils consacrent toute leur énergie. Mais tout cela n’est que cinéma car ces gens là n’ont aucune volonté de remettre en cause le capitalisme qui est la cause des destructions actuelles. Il est à parier qu’ils vont dans les jours qui viennent appeler à l’union, au rassemblement contre cette casse. Mais une union pour quoi faire ? Telle est la question. Oui il est urgent de s’unir et de combattre mais en gardant à l’esprit que l’émancipation des travailleurs est l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes et que dans le combat bien des adversaires camouflés au service du grand capital tenteront de s’immiscer. Le propre de cette société de l’argent c’est que même des hommes se vendent y compris pour trahir les plus belles idées humanistes, pour trahir les plus justes causes. La vigilance populaire est donc de mise. Travailleurs, n’ayez confiance qu’en vos propres forces, organisez-vous dans de vrais comités populaires pour la transformation sociale, des comités agissant partout, à l’entreprise, dans les quartiers pour vous faire entendre, pour battre la politique politicienne qui a toujours trahi vos espérances.

Oui se rassembler mais pour exiger quoi ? Une prime de licenciement ? On a vu ce que cela donne : les capitalistes sont prêts à payer si ils réussissent à casser l’outil de travail. Et après ? Les travailleurs sont-ils des marchandises qui se vendent ? A "Colère et Espoir" nous pensons que les travailleurs ne sont ni des marchandises, ni des exécutants dociles de l’ordre capitaliste. Nous pensons que ce sont eux qui peuvent devenir les maîtres de l’entreprise et de la société. Encore faut-il qu’ils y croient, qu’ils s’engagent en ce sens. Après tout ne sont-ce pas eux qui connaissent le travail, qui font tourner la maison ? Et si demain comme en Argentine les travailleurs récupéraient leur entreprise, refusaient que leur savoir-faire soit anéanti, que leur vie soit sacrifiée ainsi notamment en obtenant par la lutte la propriété de l’entreprise et sa reconnaissance juridique comme une coopérative sociale de production y compris en menant la bataille pour changer le droit.

Evidemment les forces du capital et l’Etat savent que les travailleurs peuvent occuper les usines avec le soutien des populations, il savent pertinemment que les salariés peuvent diriger l’entreprise et ils craignent que de telles initiatives se développent à l’échelle du pays. Ils ne verraient pas d’un bon oeil que ces luttes pour des entreprises auto-gérées et dirigées par les salariés deviennent des concurrents inédits au secteur privé car le travail changerait de nature. Il serait celui des travailleurs tels qu’ils ont décidé de l’organiser dans une lutte permanente pour la recherche développement, les investissements, l’emploi et avec la suppression de la part profit aux capitalistes qui reviendrait totalement à l’entreprise auto-gérée. Par exemple dans le cas de Goss International ce serait une lutte permanente avec le soutien des ouvriers de la presse pour favoriser les contrats avec l’entreprise coopérative et une commercialisation d’intérêt mutuel pour défendre l’emploi aussi dans l’ensemble du secteur de la presse en France, en Europe et dans le monde. Une recherche développement qui ferait appel à la créativité, à l’inventivité des salariés du secteur et d’étudiants ingénieurs stagiaires qui seraient tous ensemble solidaires de ce combat. Une lutte politique pour que des collectivités aux Ministères en passant par l’Assemblée nationale les élus soient des représentants des intérêts des travailleurs et non plus des politiciens davantage préoccupés par leurs postes et leurs privilèges notamment par une modification constitutionnelle exigeant la possibilité de leur révocation par voie élective.

Personnellement, je ne pense pas qu’il faille attendre d’un changement de gouvernement une transformation profonde des choix actuels si les travailleurs ne se mobilisent pas politiquement. Car ce dont il s’agit c’est de commencer dès maintenant à prendre le pouvoir économique et politique et en changer la nature. C’est justement en prenant des initiatives économiques alternatives aux choix capitalistes que nous pourrons non seulement sauver nos industries mais surtout les développer sur la base de nouveaux critères définis dans la lutte par les salariés avec les populations. Car c’est en changeant la nature même des rapports de production qu’on mobilisera également pour changer la nature du pouvoir politique : d’un Etat totalement dominé par les choix capitalistes nous pourrons conquérir des droits économiques et politiques nouveaux à partir d’une lutte politique au sein des entreprises qui conteste ces choix et permette que les salariés deviennent les décideurs. Sans ces luttes, les gouvernements passeront de droite à gauche puis de gauche à droite en accompagnant toujours le capital et sa politique destructrice comme nous l’avons vécu ces dernières décennies avec le résultat qu’on connaît : l’appronfondissement généralisée de la crise du capitalisme.

Bien entendu cela suppose aussi d’agir pour une solidarité internationale des salariés, mais quel bel exemple d’une alternative de progrès serait donné à l’ensemble des travailleurs du monde qu’en France la classe ouvrière reprenne l’initiative et agisse pour récupérer les entreprises que le capital tente de détruire et parvient à détruire faute de riposte politique de la classe ouvrière. Quant aux politiciens ils seraient acculés à choisir leur camp celui du capitalisme ou celui de la transformation sociale, celui d’un Etat entièrement voué aux intérêts de la classe dominante ou celui des populations. Ils seraient contraints par les populations et les salariés à agir vite pour mobiliser les fonds nécessaires pour poursuivre l’activité coopérative et autogérée de l’entreprise. Il est nécessaire de se préparer à un bouleversement inéluctable dont le signal sera certainement donné par la classe ouvrière. La lutte des Goodyear à Amiens est exemplaire en ce sens, ils refusent le massacre et ont refusé de se vendre à la prime capitaliste !

"Colère et Espoir-Oise" soutient et soutiendra la mobilisation qui doit dépasser le cadre de l’usine de Goss Montataire et nous soutiendrons tout ce qui ira dans le sens d’une construction alternative anti-capitaliste de l’avenir de l’entreprise, nous nous prononçons pour la formation de comités de lutte et d’union populaire autogérés par les citoyens.

Au début du capitalisme, les canuts ont cassé leur machine, ils se trompaient d’adversaire. Aujourd’hui c’est le capital lui-même qui casse les machines et les hommes. C’est parce que nous prenons la mesure que nous entrons dans l’ère d’une révolution indispensable sous peine de voir s’écrouler la civilisation que nous n’avons pas de temps à perdre pour nous organiser. C’est une urgente nécessité historique car le chaos capitaliste risque de détruire nos vies et celles de nos enfants.

Ensemble, faisons entendre notre colère et faisons vivre notre espoir d’une transformation dans laquelle nous serons de plus en plus l’esprit rebelle des hommes libres, la démocratie permanente en lutte !


De : Jean-Paul LEGRAND
vendredi 24 septembre 2010

Publié dans Politique

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