LA BATAILLE DU RAIL S'INTENSIFIE EN ALLEMAGNE. L' "ANGE" MERKEL ACCELERE L'OFFENSIVE CONTRE LE DROIT DE GREVE

Publié le par Tourtaux

gdl_strike_leipzig2-bigbug21-ccsa25-OK.jpgFace à la « bataille du rail » qui s'intensifie en Allemagne, Merkel accélère l'offensive contre le droit de grève

 

Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/

 

La guerre est déclarée. La chancelière Merkel a sorti la grosse Bertha cette semaine pour finir de détruire ce qu'il reste du droit de grève en Allemagne. La « bataille du rail » enrage le grand capital allemand qui veut éradiquer ce droit fondamental.

 

La fête est gâchée. En pleine commémoration des 25 ans du mur de Berlin, d'auto-célébration du modèle allemand – qui appauvrit l'Europe, et les travailleurs allemands eux-mêmes –, les cheminots allemands continuent leur « bataille de rail ».

 

La « bataille du rail » en Allemagne :

4 jours de grève qui gâchent la commémoration de la chute du mur !

 

Les conducteurs de train ont appelé ce mercredi à une grève de 4 jours de l'ensemble des salariés du rail contre la volonté de la direction de la Deutsche Bahn (DB) d'éliminer le syndicat des conducteurs de train GDL de la négociation des nouvelles conventions collectives.

 

C'est le troisième mouvement de grève en un mois. Les conducteurs réclament, pour tous les salariés du rail, une augmentation du salaire de 5 % et le passage de la semaine de travail de 39 à 37,5 h.

 

Ce n'est pas le seul secteur qui bouge. Le fleuron du transport aérien, la Lufthansa, a connu plusieurs grèves qui ont cloué au sol 5 800 avions cette année. Dans le commerce, Amazon a vu aussi se multiplier les grèves face à l'hyper-exploitation.

 

Le nombre d'entreprises touchées par les grèves a été de 1 384 en 2013, un record depuis vingt ans, alors que l'Allemagne pourraît connaître la récession en 2014.

 

Le nombre de travailleurs participant aux grèves, le nombre de jours de travail perdus ont atteint un pic en 2013, sur les six dernières années.

 

 

Une enquête de l'Institut d'études pro-patronal IW, menée par Hagen Lesch, sur 123 conflits du travail avait montré que les syndicats dits catégoriels (aussi de « lutte », de « base » dans le contexte allemand) allaient plus souvent au conflit que les autres.



Merkel monte au front : « les petits syndicats font trop de grèves »



C'est pourquoi l'offensive du gouvernement, du patronat porte sur un projet de restriction du droit de grève, visant à limiter la capacité d'action des syndicats de base, au nom de la représentativité syndicale, ou « tariffeinheit » (unicité de négociation syndicale).



Et cette fois, c'est Angela Merkel, la chancelière, qui monte au créneau, tout en dénonçant publiquement – une première – la grève des conducteurs de train :



« Nous notons une tendance des petits syndicats à partir en grève avec de graves conséquences. Nous avons pris la décision de changer la capacité à négocier les conventions collectives, elle sera limitée à un syndicat par entreprise ».

 

Nom de code : « tariffeinheit ». Avec le « tariffeinheit », un seul syndicat représentatif pourrait mener les négociations dans une entreprise, une branche. Un seul syndicat dans les négociations, un seul donc légitime à les rompre et à entrer en grève. Les autres syndicats seraient réduits à l'impuissance, donc à la disparition.

 

Le tariffeinheit avait été instauré en 1950 dans la RFA capitaliste (où le Parti communiste était interdit, comme les grèves dans le secteur public, ce qui est toujours le cas!) pour façonner un panorama syndical docile, de co-gestion, derrière la DGB réformiste.

 

Les grandes entreprises allemandes effrayées par les mouvements de grève

 

Le but est bien entendu toujours de faire triompher les syndicats de co-gestion liés à la DGB sur les syndicats de métier mais aussi de lutte comme la GDL, ou VC.

 

Les grandes entreprises ont très peur d'un mouvement social d'ampleur. Lufthansa a déjà perdu 160 millions d'€ cette année à cause des grèves. Une grève de quatre jours dans les transports pourraient coûter 100 millions d'€, selon l'Institut pour la recherche économique de Cologne.

 

Wolkswagen, BMW, Audi ont déjà fait savoir au gouvernement qu'elles ne toléraient pas d'arrêt de travail sur leurs chaînes de production.

 

Une syndicaliste social-démocrate pour achever le droit de grève !

 

Ironie de l'histoire, c'est à une Ministre social-démocrate et dirigeante du syndicat IG Metall, Andrea Nahles, que Merkel a confié la tâche d'achever le droit de grève : son projet de loi limiterait la capacité à négocier, donc à rompre les négociations et faire grève, au plus grand syndicat de chaque entreprise. Une façon de briser les syndicats plus petits et plus combatifs.

 

Comme le note le syndicat Vereiningung Cockpit, qui représentent les pilotes de la Lufthansa, « c'est une intervention contre le droit de grève, en cela c'est inconstitutionenel ». Il s'agit « de casser la puissance des syndicats plus petits ».

 

Les syndicats de base s'appuient sur un jugement de la Cour fédérale du travail de Francfort qui, en 2010, avait reconnu le principe démocratique de la « tariffpluralitat », c'est-à-dire non seulement la reconnaissance de la pluralité syndicale mais aussi de la diversité des acteurs pouvant négocier les conventions collectives, partir en grève.

 

Il y a de quoi agir, se mobiliser quand on sait que les revenus moyens des Allemands n'a pas augmenté depuis 2006, selon la Fondation Hans-Boeckler, liée aux syndicats réformistes allemands.

 

Le modèle allemand qui nous est montré en exemple, c'est la paupérisation, l'hyper-exploitation. Celles que combattent de plus en plus les travailleurs allemands. Face à leur action organisée, le gouvernement allemand est prêt à détruire ce qu'il reste des droits démocratiques et sociaux. L'heure est à la résistance, en Allemagne comme en France.

 

Jeudi 6 novembre 2014

Publié dans Lutte des classes

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