LA CGT NE DOIT PAS PARTICIPER A LA CONFERENCE "SOCIALE" !

Publié le par Tourtaux

Mardi 1er Juillet 2014


Conférence sociale : la CGT ne doit (évidemment) pas y participer !

 

Aujourd’hui, la CEC se réunit pour débattre de la conférence sociale qui doit se tenir les 7 et 8 juillet et prendre position sur sa  participation.
De nombreuses voix se lèvent pour appeler au boycott (l’UD 92, Renault Cléon - voir ICI -, le syndicat du livre parisien…), jusqu'au sein de la CEC (Daniel Sanchez, voir ICI diffusé par la CGT du Conseil général du Puy de Dôme), d’autres pour y faire une intervention symbolique (l’UGFF, voir ICI).

On peut le comprendre : depuis l’arrivée de la gauche au gouvernement, les conférences sociales n’ont servi que de préparation pour faire passer (avec l’aide de la CFDT) les graves reculades qu’on connaît : l’ANI en 2012, la nouvelle réforme des retraites en 2013. Entre temps, on a aussi eu la réforme de l’assurance chômage (l’accord du 22 mars) qui a provoqué la colère des intermittents, la réforme de la SNCF qui va détruire le statut des cheminots et précariser toute une profession, le pacte de compétitivité et les milliards au patronat, et on en oublie sûrement…
Aujourd’hui, on voit Gattaz et le MEDEF criser sur le compte épargne-pénibilité – qui déjà ne changera pas grand-chose pour les travailleurs concernés (« La pénibilité et le rapport Moreau »  ) – et on peut imaginer qu’un nouveau recul est déjà sur le feu… A se demander pourquoi la Confédération et toutes les fédérations (sauf Construction Bois) ont déserté cette question clé, comme si on se satisfaisait de cette mesurette ridicule…

 

Bref, cette année, la participation à la Conférence sociale ne passe pas.
Il ne faut pas y aller, c’est clair, reprendre le chemin de l’offensive sociale et politique.
Et c’est l’occasion de revenir sur ce qui se passe à l’intérieur de notre confédération.

  1. La contestation de la ligne confédérale portée par Thierry Lepaon augmente et s’élargit. Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent contre la collaboration masquée avec le gouvernement (même sous les discours ronflants), et le refus de s’affronter ouvertement avec ses plans, mesures et restructurations capitalistes, qui passent l’une après l’autre avec l’aval de la CFDT et de FO. Le dernier épisode a été la trahison ouverte du mouvement des cheminots, freiné et minimisé dès le premier jour pour empêcher qu’il s’élargisse au-delà d’un mouvement symbolique. Cela de nombreux militants ne l’ont pas accepté. Et ils n’ont pas oublié que lorsque Thierry Lepaon était au CESE (Conseil Economique, Social et Environnemental), il avait été l’auteur d’un rapport sur « l’ouverture à la concurrence des services ferroviaires régionaux de voyageurs » ! Aujourd'hui, des responsables importants se démarquent, (encore timidement) de l'orientation confédérale (voir ICI la reproduction d'une tribune libre publiée dans l'Humanité)
  2. Cette contestation grandissante, interne à la CGT, se nourrit aussi de la faillite quelque part du Front de Gauche, ce qu’on a vu dans les dernières échéances électorales. La tentation est forte de vouloir faire jouer à la CGT (« le seul outil qu’il nous reste » disent de nombreux camarades) le rôle d’opposition sociale et politique que le Front de Gauche et/ou le PC n’est plus capable de jouer. C’est ce qu’on a vu le 12 avril, lors de la manifestation du Front de Gauche, où de larges secteurs de la CGT se sont mobilisés, contre la position confédérale de Lepaon et autres. Et on a noté que cette manifestation se déroulait en fait sur les positions quasi syndicales : « Faire payer les riches, contre le coût du capital, contre l’austérité ». Les projets politiques réformistes sont de moins en moins repris et tendent à s’aligner sur les propositions syndicales… Le syndicalisme se transforme en politique et réciproquement, sur une orientation commune de plus en plus réformiste, « trade-unioniste » comme on pourrait dire à la mode anglo-saxonne.
  3. Quelle est la nature réelle de ces contradictions et de ces oppositions internes - même si elles s'accentuent ? Là, ça se complique. S’agit-il d’une opposition de classe ? S’agit-il d’un début de contre-offensive sociale ? Rien n’est moins sûr. Si on fait un peu le tour des congrès qui ont eu lieu au printemps, on constate qu’à quelques exceptions près (dont celle, notable de la Chimie), les Congrès sont normalisés, formatés sur le congrès confédéral de l’an dernier et en régression politique. Disparition des questions de la pénibilité, la souffrance au travail, la précarité et la sous-traitance comme thèmes centraux de mobilisation, pour laisser la place à la fantomatique campagne sur le coût du capital. Mise au pas des Unions Locales via les modifications de statuts à la suite des modifications confédérales (Pas de Calais, Alès). Congrès sans débats ou sans enjeux (93) Etc. Le bilan complet reste à faire, mais l’orientation qui se développe dans les structures intermédiaires de la CGT n’est en rien une orientation de classe.
  4. Retour sur l’affrontement sur la Formation Professionnelle, autour de l’ANI de décembre dernier et de la loi du 5 mars. Suite à l’opposition des structures intermédiaires, la CGT n’a finalement pas signé, alors que Lepaon et la direction confédérale en mourraient d’envie. Certains ont cru y voir une marque d’opposition positive. Ils se trompent : la formation professionnelle est un des piliers des planques de bureaucrates syndicaux et des financements indirects… L’accord, en centralisant les financements, risque fort de couper les vivres à quelques permanents et experts dans nombre de fédérations… D’où une opposition d’intérêts bien compris… mais pas vraiment classiste !

Alors ? Et bien, la crise s’accentue dans notre confédération face à la gestion de la crise capitaliste, avec les risques centrifuges. Les risques que chacun préserve ses privilèges, ses secteurs, ses prérogatives, sous couvert d’un discours radical opposé au gouvernement. Mais il y a aussi des secteurs qui se démarquent positivement, comme la Chimie ou les Territoriaux confrontés aux restructurations massives de l’appareil d’état.
Les syndicalistes de classe doivent appuyer sur ces contradictions, par exemple s’opposer (évidemment) à la participation à la conférence sociale. Mais sans trop d’illusions sur les supposés opposants.

 

Ce qu’il faut, c’est construire un syndicalisme de classe en rupture avec les orientations réformistes avant tout.
Il ne faut pas se faire coincer dans les manœuvres d’appareil, elles vont certainement se répandre, on suivra avec intérêt le congrès du Commerce à la rentrée…
Il faut défendre un vrai point de vue, l’unité de la classe ouvrière multinationale, le combat contre la chômage, la précarité et la sous-traitance, la lutte contre la pénibilité et la souffrance au travail, l’internationalisme au concret (comme autour de LATElec) etc. Bref, mettre au premier plan, non pas un aménagement d’un système d’exploitation barbare (allez quoi, acceptez de nous donner quelques miettes de plus…) mais d’en finir radicalement avec ce système de production qui détruit le corps et l’esprit des uns, au plus grand profit du capital mondialisé…

 

Publié dans Lutte des classes

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