LE SOCIALISTE FRANCOIS HOLLANDE PRESIDENT, LE CAC 40 N'AURAIT RIEN CONTRE !

Publié le par Tourtaux

Vendredi 2 décembre 2011 5 02 /12 /Déc /2011 00:10

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Le danger serait de passer pour le «candidat du système». N'empêche, le champion socialiste plaît plutôt aux grands patrons, soulagés d'avoir échappé à l'épouvantail Aubry.


Ils auraient préféré DSK. Et, parmi les candidats à la primaire, les patrons en pinçaient plutôt pour Manuel Valls... Mais, après tout, François Hollande : pourquoi pas ? L'homme a fait HEC, l'ENA, son sérieux rassure et ses promesses de normalité apaisent. «Bref, s'il gagne, on ne fuira pas aux Etats-Unis», ironise une pointure du CAC, en référence à l'exil américain de Bernard Arnault en mai 1981 - comme d'autres, le jeune entrepreneur (il n'avait pas encore fondé LVMH) avait quitté la France mitterrandienne pour joindre les Etats-Unis, et en était revenu trois ans plus tard, une fois écartée l'hypothèse de l'armée Rouge place de la Concorde. «Aujourd'hui, Hubert Védrine siège au conseil d'administration de LVMH, et l'hypothèse d'Hollande au pouvoir ne file même pas la frousse à Serge Dassault, poursuit notre capitaine d'industrie. On est même de plus en plus nombreux à envisager de voter pour lui...»

C'est la saison des rencontres
Il faut dire qu'en trente ans l'eau a coulé sous la passerelle Solferino. Le Parti socialiste a donné à la France trois ministres des Finances adorés des patrons : Pierre Bérégovoy (1988-1992), auquel François Hollande vient de rendre un hommage appuyé, puis Dominique Strauss-Kahn (1997-1999), et Laurent Fabius (2000-2002). «Contrairement à ces deux derniers, Hollande n'a jamais été amené, dans son parcours professionnel, à fréquenter les vedettes du CAC», fait remarquer un proche du candidat. C'est donc avant tout pour faire sa connaissance, «pour le sentir», que des dizaines de patrons ont demandé audience auprès du député corrézien ces derniers mois. «Ça a commencé avec les premiers frémissements dans les sondages et, aujourd'hui, la saison des rencontres bat son plein», confirme-t-on dans sa garde rapprochée. Pour jouer les intermédiaires, François Hollande peut compter sur une équipe de fidèles ayant des accointances avec le milieu des affaires. Le lobbyiste Paul Boury figure parmi ceux-là, ainsi que l'ex-ministre des finances Michel Sapin, et enfin Emmanuel Macron, banquier d'affaires chez Rothschild, ancien du Trésor et de la commission Attali.


Bien sûr, certains des patrons ainsi rencontrés, comme le sarkozyste revendiqué Michel Pébereau (ex-BNP Paribas), sont par avance perdus pour la cause. Ceux-là viennent simplement prendre langue autour d'un bon gueuleton. «C'est de bonne guerre : ils viennent tenter le coup. Essayer de faire passer leurs idées, d'infléchir le programme. Bref : de faire du lobbying, détaille un proche du candidat. Parfois, ils viennent juste pour se rassurer. Sentir qu'ils n'ont pas affaire à un furieux.» Comprenez : qu'il est différent de Martine Aubry... Car, si elle fut un temps la socialiste préférée des capitaines d'industrie - ils voyaient en elle l'incarnation de la «nouvelle gauche» -, la fille de Jacques Delors fait aujourd'hui figure d'épouvantail dans les milieux patronaux. «Elle, elle aime les patrons centenaires, ceux qu'elle a connus du temps où elle était directrice générale adjointe de Pechiney. Mais, les nouveaux, elle ne peut pas nous piffer !» confiait une huile à Marianne avant les primaires. Lors des rencontres franco-allemandes d'Evian, en septembre dernier, la «virago des 35 heures», comme la surnomment certains, aurait même traumatisé les hauts dirigeants avec lesquels elle avait dîné. Hollande, lui, ne les hérisse pas. Certains sont même séduits : selon le Journal du dimanche, une quarantaine d'entre eux auraient versé, au total, 300 000 € pour soutenir sa campagne.

Ses réseaux : HEC et l'ENA
Difficile, pourtant, de s'y retrouver dans la cartographie en trompe l'oeil des soutiens patronaux du candidat socialiste. Beaucoup l'encouragent à voix basse, pour ne pas lui faire de mauvaise publicité. Surtout que l'accusation d'être le «candidat du système», lancée par Martine Aubry entre les deux tours de la primaire, lui colle désormais aux basques. Dans le Monde daté du 29 octobre, il tentait encore de s'en défaire : «Pour ce qui concerne les relations avec les patrons du CAC 40, les propriétaires des grands médias et les milieux d'affaires, Nicolas Sarkozy possède une avance que je ne lui contesterai jamais. C'est son monde. Pas le mien.»


Sûr que, s'il gagnait en 2012, François Hollande n'irait pas fêter sa victoire avec la fine fleur du CAC au Fouquet's. Mais de là à dire qu'il ne connaît rien à ce monde... Ses amis rencontrés jadis à HEC (promo 1975) ou à l'ENA (promo 1980) n'ont pas tous choisi le service de l'Etat ! Dans le cercle des intimes gravitent par exemple Jean-Jacques Augier (ancien PDG des taxis G7), ou encore Bernard Cottin (ex-dirigeant de Numéricable, aujourd'hui à la tête d'une société d'enchères). Tous deux s'occupent de lever des fonds pour la campagne du candidat, via l'association de financement de son microparti, Répondre à gauche. Et tous deux sont des «archéo-potes» du député corrézien, qu'ils connaissent depuis l'ENA, promo Voltaire. «Ils appartiennent au noyau dur de l'hollandisme voltairien», s'amuse Michel Sapin, lui-même membre de ce cercle restreint, au même titre que Jean-Pierre Jouyet, le meilleur ami du candidat socialiste, ancien directeur du Trésor, ministre d'ouverture de Nicolas Sarkozy et aujourd'hui patron de l'Autorité des marché financiers (le gendarme de la Bourse). De son passage par HEC, le candidat a également conservé des liens avec d'anciens camarades aujourd'hui haut placés dans le monde de l'entreprise. C'est le cas de Jean-Marc Janaillac (patron de la RATP), ou d'André Martinez (ex-Accor, aujourd'hui à la tête de sa propre entreprise). Ce dernier sera d'ailleurs en charge d'animer le pôle des relations avec le patronat durant la campagne. Quant à Anne-Claire Taittinger (administratrice de Carrefour), Jean-Claude Meyer (Rothschild) ou encore Pierre Blayau (Geodis), ils les a connus plus tard.

Les patrons «proches» du candidat ne sont pas tous pour autant des soutiens politiques actifs. Voyez Henri de Castries, un camarade lui aussi rencontré à l'ENA. Après avoir été identifié comme un adepte de Nicolas Sarkozy - dont il étrille désormais la politique en plein conseil d'administration ! -, le patron d'Axa s'était surtout rapproché de Dominique Strauss-Kahn au cours de la dernière année. «C'est un bon pote de François, mais pas un partisan», confirme un hollandiste pur jus. Même cas de figure pour le giscardien Jean-Bernard Lévy (patron de Vivendi), qu'il a connu au lycée Pasteur. Ou encore pour Christophe de Margerie, le PDG de Total, aussi surnommé «Big Moustache», en raison de ses impressionnantes bacchantes. Si l'on a notamment vu ce dernier rigoler de bon coeur avec François Hollande aux fêtes données par Jean-Pierre Jouyet, cela ne fait pas du patron pétrolier un soutien du socialiste.

En même temps, vu la popularité de Total, ça ne lui ferait pas une super pub.

Publié dans Politique

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