LEONARD WEINGLASS, L'AVOCAT DES CINQ, EST PARTI.
Jeudi 24 mars 2011
Agur, compañeros.
Hier, tout juste hier, je me suis décidée à vous annoncer que Leonard Weinglass, l’avocat des Cinq, était au plus mal.
Il y avait un bon moment que je savais qu’il livrait sa dernière bataille, mais je retardais le moment de l’écrire. Peut-être une vague superstition pour éviter d’attirer l’attention de la mort sur lui… Peut-être parce que j’espérais malgré tout qu’il allait gagner cette bataille-là aussi…
Peut-être un peu des deux.
Mais quand je vous ai dit hier que Len dormait paisiblement, je savais au fond de moi, « entrañablemente », comme disent les Cubains, que Leonard Weinglass ne se réveillerait pas.
Il est mort dans cet après-midi du 23 mars, jour de son 78° anniversaire. Il n’a pas pu lire le dernier message que je lui avais envoyé le matin même et dans lequel je m’étais permis de l’embrasser très fort, en mon nom et en votre nom à tous. Je suis certaine que vous ne m’en voudrez pas.
Len Weinglass est parti l’âme en paix. S’il existe un paradis pour les hommes de bonne volonté, je suis sûre qu’il nous y attend. Il a fait sa part, à nous de faire la nôtre.
Mais ça ne diminue pas le chagrin de son absence. Je ne pensais pas qu’on pouvait pleurer la mort de quelqu’un qu’on n’a jamais rencontré comme je pleure aujourd’hui la mort de Leonard Weinglass. Et ce n’est pas une simple formule littéraire.
Je lui offre ici une des chansons que je préfère et je vous embrasse.
Annie
Tu aurais pu vivre encore un peu
Tu aurais pu vivre encore un peu
Pour notre bonheur, pour notre lumière,
Avec ton sourire, avec tes yeux clairs,
Ton esprit ouvert, ton air généreux.
Tu aurais pu vivre encore un peu
Mon fidèle ami, mon copain, mon frère,
Au lieu de partir tout seul en croisière
Et de nous laisser comme chiens galeux !
Tu aurais pu vivre encore un peu…
T'aurais pu rêver encore un peu,
Te laisser bercer près de la rivière
Par le chant de l'eau courant sur les pierres
Quand des quatre fers l'été faisait feu.
T'aurais pu rêver encore un peu
Sous mon châtaignier à l'ombre légère,
Laisser doucement le temps se défaire
Et la nuit tomber sur la vallée bleue.
T'aurais pu rêver encore un peu…
Jean Ferrat
