MADAGASCAR - 26 JUIN 2014 : FETE DE L'INDEPENDANCE, MAIS QUELLE INDEPENDANCE ???

Publié le par Tourtaux

MADAGASCAR – 26 juin 2014: Fête de l’Indépendance, mais quelle INDEPENDANCE ???

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C’est une tristesse qui envahit nos pensées en ce jour du 26 juin 2014. Il y a 54 ans, en effet, que la France décidait d’accorder "l’indépendance" à tout un paquet d’anciennes


colonies, y compris Madagascar. En réalité, une ère nouvelle commença avec la mise en place d’un nouveau système qui allait régir dorénavant les relations entre la France et ses "anciennes" colonies. Il s’agit de la Françafrique dont le seul objectif n’est autre que l’enrichissement et le soutien de la position internationale de la France.


54 ans après, où en est-on ?


Exceptée la parenthèse Ravalomanana, les choses n’ont pas du tout évolué. Le coup d’Etat de 2009 a marqué le début du retour dans le giron de la mère-patrie. Tout a été bien planifié et préparé par toute une bande de pantins affamés qui n’hésitent point à vendre leur propre patrie pour une poignée d’euros. Pendant 5 années, en effet, ils ont mis à sac le pays, le réduisant dans une situation chaotique incomparable où le peuple a perdu toute dignité et toute idée de contestation et de révolte. Viennent ensuite les pseudo-élections où les "pauvres" Malagasy ont voté sans choisir. Bref, les putschistes ont préparé le terrain pour une mise sous tutelle effective du pays.

 

Alors, peut-on parler d’indépendance dans ces conditions ?


L’indépendance est une condition pour une nation, un pays, un État dans lequel les résidents et la population exercent l’autogouvernance, et habituellement une souveraineté totale sur le territoire. L’opposition de l’indépendance est le fait d’être totalement régenté par une autorité suzeraine ou coloniale (Wikipédia).


D’après cette définition, la réponse est NON.


Depuis 5 ans, la souveraineté nationale a été bafouée, elle n’existe plus. Les autorités de la transition sont aux ordres de Paris, sous la bienveillance de Mrs les ambassadeurs Chataigner et Goldblatt qui agissent plus comme des gouverneurs que des représentants diplomatiques. A plusieurs reprises,  M. Goldblatt s’autorise à s’ingérer dans les affaires nationales en imposant ses volontés.


On connaît le travail de sape mené par la France contre les Ravalomanana depuis Maputo 1 jusqu’à l’empêchement de Mme Lalao Ravalomanana d’être candidate aux présidentielles. Comme par magie, un nouveau candidat fabriqué par la France (membre du PS français) est apparu  et imposé aux Malagasy. Aussi, entre un putschiste soutenu par la France et un non putschiste mais pantin de Paris, le choix des Malagasy se résumaient entre la peste et le choléra. Que dire aussi du discours de politique générale du PM Kolo Roger en langue française devant la représentation Nationale, n’est-ce pas insultant pour les 22 millions de Malagasy ? C’est le summum de l’aliénation culturelle et de la soumission politique.

 

Indépendance politique: ZERO.


Sur le plan économique, un pays qui a été réduit volontairement au rang des plus pauvres du monde n’aura d’autres choix que de se soumettre aux diktats des aides internationales et de se livrer aux prédateurs étrangers.


Sous prétexte de la nécessité économique de chercher et de séduire les investisseurs, on assiste à une opération de braderie du pays avec ses importantes richesses, au détriment des paysans qui sont spoliés de leurs terres (NDLR: le Sud de Madagascar). Ici, l’insécurité est un moyen au service de l’accaparement des terres.


Quant aux bailleurs institutionnels (FMI, BM, UE,..), ils imposent des mesures draconiennes qui auront des effets désastreux pour le pays. Ainsi, des secteurs stratégiques, tels que l’énergie ou le transport, vont tomber dans l’escarcelle du secteur privé enlevant à l’Etat toute possibilité de contrôle. Ce serait le sort de la JIRAMA mais aussi d’Air Mad. Une JIRAMA privatisée entraînerait nécessairement une hausse du prix de l’électricité qui étranglerait les couches sociales les moins aisées. Jamais, la politique d’ajustement structurel du FMI et de la BM n’a réussi à sortir un pays de ses difficultés. Au contraire, elle perpétue la pauvreté. Reste-t-il une trace d’indépendance la-dedans?  

 

Indépendance économique : ZERO

 

En résumé, Madagascar est un pays politiquement sous-tutelle de la France et économiquement sous-tutelle des bailleurs et sociétés transnationales, avec la complicité des dirigeants.

Aussi, ceux et celles qui continuent à clamer le mot "indépendance" sont:

  • soit des ignorants. Dans ce cas, ils sont plutôt à plaindre car leur naïveté les rend "idiots utiles",
  • soit des manipulateurs au service du régime qui saoulent, abusent et amusent le peuple avec des slogans  et festivités dont les Malagasy sont incroyablement friands.

La cérémonie de ce jour n’est autre que l’officialisation du retour de Madagascar dans le pré-carré français, ce qui est synonyme de vassalisation. Il est impératif de réagir avant qu’il ne soit trop tard.

 

Tsimok’i Gasikara

 

Publié dans L'Afrique en lutte

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