MAYOTTE, COLONIE FRANCAISE : D'UNE GREVE A L'AUTRE
Au lendemain de l’accord mettant fin à la grève contre la vie chère, ce sont les services de distribution de l’électricité qui ont débrayé hier. Une coupure de courant a eu lieu hier soir qui a privé d’électricité l’ensemble de l’île pendant plus d’une heure.
La direction d’Electricité de Mayotte (EDM) et les grévistes se renvoient la responsabilité de la coupure électrique qui a eu lieu mardi dans la nuit. Pendant plus d’une heure, toute l’île a été plongée dans le noir. Pour Salim Nahouda, secrétaire général de la CGT Mayotte, syndicat majoritaire dans l’entreprise : "La direction tente de cacher sa misère. Ils accusent les grévistes alors que c’est un cadre du pôle réseau qui a fait une fausse manipulation". Une accusation qui, malgré le contexte, fait sourire Olivier Flambard, directeur général d’EDM : " Vers 21 heures, il y a eu deux actes de sabotage entre Longoni, principal lieu de production, et Kaweni, principal lieu de consommation. Pour réparer, nous avons attendu minuit. Effectivement, l’électricité a été coupée par nos services pendant une heure, mais c’était pour réparer des actes de sabotage !"
Indemnité spéciale
Directement dépendante d’ERDF, EDM est composé d’une majorité d’employés mahorais, mais l’encadrement est essentiellement "importé" de France. Les syndicats revendiquent l’application de l’indemnité spéciale pour les DOM qui prévoit une majoration de 25% du salaire de base pour les employés du secteur énergétique. Selon la CGT, EDM s’était déjà engagé à aligner le statut des employés de Mayotte sur celui des autres départements ultramarin en décembre 2005, suite à une grève similaire à celle en cours actuellement. Là encore, la direction voit les choses de manière très différente : "En 2005, nous avons accepté de rentrer dans le cadre de la convention collective qui regroupe les travailleurs de l’industrie électrique et gazière. Cela s’est fait progressivement entre 2007 et 2011. La prime qu’il réclament ne s’impose pas juridiquement".
Bras de fer
Jeudi matin, la situation était tendue après le déploiement des gendarmes devant les deux centrales de l’île. Salim Nahouda, compte sur des négociations rapides, mais il avertit : "Je demande au préfet de ne pas pousser les gars à bout en leur interdisant l’accès aux centrales. Personne ne souhaite revivre les grèves d’octobre, et si la situation reste figée, nous pourrions mener des actions plus radicale malgré la présence des gendarmes". Jeudi matin, des coupures partielles avaient lieu à plusieurs endroits. Le bras de fer pourrait durer longtemps, car le versement de ce genre de prime est conditionné par la validation du ministère de tutelle. A Mayotte, la distribution d’électricité est structurellement déficitaire car le prix de vente ne couvre que 25% du coût de production dans les centrales au diesel. Le ministère a d’ailleurs déjà répondu aux revendications de la CGT en renvoyant la question après les élections présidentielles. Reste à espérer que la grève ne dure pas jusque là.
http://mayotte.la1ere.fr/infos/actualites/dune-greve-a-lautre_77543.html
Source : Patrice BARDET