PONT SAINTE MARIE (AUBE) : SOLIDARITE AVEC LA DELEGUEE CGT DISPENSEE D'ACTIVITE POUR DISCRIMINATION SYNDICALE
Déléguée syndicale CGT chez Temex, Sylvie refuse d'être dispensée d'activité à la faveur de la reprise de la société par Rakon
Temex ou Rakon ? Rakon, ou Temex ? L'unité sise à Pont-Sainte-Marie et spécialisée dans les composants électroniques en est à l'étape ultime, celle où les licenciements deviennent réalité.
Mais Sylvie Boilletot n'est pas simplement salariée de l'entreprise Temex. Elle est déléguée syndicale CGT, représentant du personnel. C'est d'ailleurs la 4e fois qu'elle est menacée dans son emploi en raison des problèmes successifs rencontrés par l'entreprise.
Cette fois, quand ses vacances s'achèvent, fin août, elle retourne tout naturellement à Pont-Sainte-Marie : « J'aurais dû reprendre le 30 août, déclare-t-elle devant les grilles de l'entreprise où un piquet de soutien CGT monte la garde. Hier, je me suis présentée. On m'a dit : non, il faut repartir ». Elle s'est contentée de remettre une lettre dans laquelle elle refuse sa dispense d'activité.
Selon les syndicalistes, la liquidation n'est pas encore arrivée à son terme. « Priver Sylvie d'activité alors qu'elle veut continuer à travailler, c'est pour la neutraliser et de ne plus avoir d'organisation syndicale dans la place », estime David Morin, pour la CGT. Il faut assumer les salariés jusqu'au moment du licenciement. Dans toute reprise, tant qu'il n'est pas arrivé à son terme, le salarié fait partie de l'entreprise ». Or, pour eux, c'est précisément le cas. Leur interprétation est catégorique : « C'est un acte de discrimination syndicale. Il ne peut y avoir de dispense d'activité que si les deux parties sont d'accord ».
Rakon reprend certes 100 % des actifs, mais seulement 80 % des effectifs selon la CGT, 90 %, selon la direction.
Les actes de cession ont été signés le 6 août dernier, précise Franck Baretti, directeur financier de l'établissement pontois. « Ce que j'ai envie de retenir, c'est que Rakon ne délocalise pas, qu'il garantit les emplois de 72 personnes. Au départ, c'était 65 »
Du quartz aux oscillateurs
Mais pourquoi, précisément, licencier tel ou tel, et Sylvie Boilletot en particulier ? « Elle est polyvalente. Elle peut travailler quasiment sur toutes les machines de l'atelier », développe David Morin. Le motif syndical est, à ses yeux, la seule vraie raison.
Autre son de cloche du côté de la direction. « Le secteur quartz, dans lequel Mme Boilletot intervient, va être transféré à Argenteuil, site principal de cette activité. À Pont-Sainte-Marie, ce sera le centre d'excellence pour les oscillateurs. Le plan de sauvegarde de l'emploi s'est effectué sur la base de critères socio-professionnels ».
La balle dans le camp de l'Inspection du travail
« Il y a une sorte de vide juridique, estime David Morin, pour la CGT. Il ne peut y avoir dispense d'activité que lorsque les deux parties sont d'accord ! Or c'est Temex SAS qui refuse. Il faut assumer les salariés jusqu'au moment du licenciement ». En outre, il s'étonne : « C'est la seule ouvrière licenciée. Les autres sont des techniciens ou des cadres ».
Ce sera à l'Inspection du travail de décider si oui ou non, l'entreprise est tenue de redonner de l'activité à Mme Boilletot. De son côté, Franck Baretti rappelle qu'elle n'est pas venue à l'entretien préalable au licenciement.
Il se plaît en revanche à souligner le danger auquel a échappé Temex, à savoir la liquidation judiciaire. Mais en entrant dans le giron de Rakon, Temex n'a plus de réelle existence : ni salarié, ni fonds de commerce. « C'est une coquille vide qui n'a plus ni outil de travail, ni outil de production ».
La procédure de sauvegarde avait été
entamée en 2007.
Haut de page Auteur : Sylviane MOREAU
Source : http://www.liberation-champagne.fr/index.php/cms/13/article/472202/Solidarite_pour_la_deleguee_CGT_dispensee_d-activite