RENE VAUTIER, BRETON ET INTERNATIONALISTE !
5 Janvier 2015
René Vautier en 1972, avec Philippe Léotard sur le tournage de Avoir 20 ans dans les Aurès. Photo DR
Né le 15 janvier 1928 en Bretagne, ce fils d'ouvrier sera dès l'âge de 15 ans un résistant contre les nazis et obtiendra la Croix de guerre pour ses actes de bravoure . Après la libération de son pays, devenu cinéaste et communiste, Il utilisera sa camera pour combattre le colonialisme français en Afrique subsaharienne, puis prendra le maquis dans les Aurès pour filmer les actions de nos djounouds. Après l'indépendance, il se mettra au service de la formation de cinéastes algériens. Ce Français internationaliste revendiquera toujours son identité bretonne.
QUELQUES JALONS
1943. Il rejoint la Résistance à l'occupation allemande à l'âge de 15 ans et sera décoré de la Croix de guerre. A la libération, Il suit les cours de cinéma de l'IDHEC et adhère au parti communiste.
En 1950, Vautier filme le travail forcé, les violences des autorités coloniales contre les populations entre la Côte d'Ivoire et le Mali, dans ce que l'on appelait alors l'A.O.F. Son film, Afrique 50 reçoit le médaille d'Or au festival de Varsovie. Considéré comme le premier film français anti-colonialiste, il sera censuré pendant quarante ans, et lui vaut une condamnation à un an de prison, exécutée dans les prisons militaires.
1950. Vu de Bretagne, un de ses film les plus symboliques est Un homme est mort qui raconte la mort à Brest de l'ouvrier Edouard Mazé lors des manifestations de 1950.
1954. Son film Une Nation l’Algérie lui valut d’être poursuivi pour atteinte à la sécurité intérieure de l'État car il y déclarait que "l’Algérie sera de toute façon indépendante" Ce film est aujourd'hui perdu.
1956. Il rejoint l'Algérie clandestinement par les maquis ; il tourne dans les Aurès-Némentchas , ainsi qu'à la frontière tunisienne, filmant les combattants de l'ALN dans L'Algérie en flammes. Cette collaboration lui vaut d'être poursuivi par les autorités françaises et René Vautier reste en exil jusqu'en 1966.
Au printemps 1958, il se rend au Caire pour montrer ses films à Abane Ramdane, dont il ignorait l'assassinat. Le cinéaste est alors victime de la complotite qui sévissait dans la direction de la Révolution.
1962-1965. Ne gardant pas rancune à l'Algérie, il s'installe, après l'indépendance, à Alger où Il dirige le Centre audiovisuel d'Alger de 1962 à 1965. Il anime aussi, avec des volontaires étudiants, les fameux Cinémas populaires où l'on pouvait voir des chefs d'oeuvre du cinéma mondial, à la Maison des Etudiants du boulevard Amirouche notamment.
1966. Fin de l'exil.
1972-1973. Il réalise deux longs métrages de fiction : La Folle de Toujane (1973) et Avoir vingt ans dans les Aurès (1972). De ce film, Louis Marcorelles écrit dans Le Monde qu'il s'agit du « film le plus libre, le moins conformiste que nous ayons vu en France depuis longtemps ». Il raconte la désertion d'un soldat français en Algérie (interprété par Philippe Léotard, voir photo) qui refusait l'exécution sommaire d'un prisonnier algérien. Le film se verra décerner la Prix international de la critique au festival de Cannes en 1972 et à laquelle un site web est dédié.
En 1972. René Vautier entre en grève de la faim après que le refus d'un visa d'exploitation pour le film Octobre à Paris, réalisé par Jacques Panijel après le massacre des manifestants algériens à Paris le 17 octobre 1961. Après 33 jours de grève et fort du soutien de cinéastes, René Vautier obtient la suppression de la censure politique dans le cinéma.
1973. Dans Transmission d'expérience ouvrière, il s'intéressera aussi aux ouvrières licenciées des forges d'Hennebont.
1975-1976. Le cinéaste tourne des documentaires sur les luttes ouvrières Quand tu disais Valéry (1975) ou Quand les Femmes ont pris la colère (1976) coréalisé avec Soazig Chappedelaine.
1978. Il tourne Marée noire, colère rouge, une Chronique de la lutte des Bretons contre le mazout de l'Amoco Cadiz", qui lui vaudra le prix du meilleur documentaire mondial au Festival de Rotterdam.
1981. Ayant perdu sa société de commercialisation, René Vautier ne cesse pas pour autant de tourner des films: sur les essais nucléaires dans le Pacifique, sur l'immigration, sur la Résistance.
1985, lors du procès qui oppose Le Canard enchaîné à Jean-Marie Le Pen au sujet des tortures infligées par ce dernier pendant la guerre d'Algérie, l'hebdomadaire produit le témoignage d'une des victimes du lieutenant Le Pen, Ali Rouchaï extrait du film A propos de... l'autre détail consacré à la torture en Algérie.
1988. Publication de Caméra citoyenne - Mémoires un des ouvrages de René Vautier.
1995. Il tourne Hirochirac un film sur les essais nucléaires et les victimes de l'atome.