STRATEGIE DU CHOC ET DE LA TENSION : RESULTATS POSITIFS!

Publié le par Tourtaux

 

Naomie Klein a publié un ouvrage faisant référence : « La stratégie du Choc ou le capitalisme du désastre note». Celui-ci explique, à l'aide de nombreux exemple la manière dont les « chocs », qu'ils soient naturels ou provoqués, permettent une exploitation des ressources et des populations qui, sans ce choc, n'aurait pas été possible. La stratégie de la tension est un cas particulier de la stratégie du choc consistant à créer un climat de choc par l'usage de méthodes impliquant la force arméenote.

 

Les citoyens de pays membres de l'UE sont aujourd'hui confrontés à l'application de ces techniques. Les résultats, qui sont déjà partiellement visibles, seront une diminution de leurs moyens de subsistancenote, une perte de leurs libertés démocratiques et un renforcement du contrôle et de la surveillance dont ils sont l'objet.

 

Le « choc » est matérialisé par la crainte de l'effondrement du système financier dont on leur dit qu'ils seront victimes : des chiffres astronomiques sont avancés (on parle de centaines voire de milliers de milliards d'euronote) sans mise en perspective et sans explication claire des tenants et aboutissements. Il est remarquable que les créances ne soient jamais abordées or, s'il y a dette, il y a créance.

 

La seule possibilité présentée aux populations est de payer les banques en « faisant des économies », c'est à dire en supprimant les ressources et solidarités interpersonnelles de ces populations. Sont visés les salaires, les retraites, les allocations sociales, les services culturels et de santé, et toute dépense des états leur profitant. Sont exemptés de diminution les budgets des forces armées et de contrôle, les sociétés transnationales et, plus généralement, ce qu'il est convenu d'appeler « le grand capital ».

 

 

Parallèlement, un « fonds de stabilisation » (FESFnote) très vite remplacé par un organe permanent, le « Mécanisme Européen de Stabilité », (MESnote) est mis en place. Ce fond est présenté comme un soutien aux pays en difficulté et l'on voit donc mal comment l'on pourrait s'y opposer. Des propositions pour une meilleure gestion sont aussi faites : plus jamais l'on ne permettra des déficits qui entrainent, comme c'est le cas actuellement, des régressions sociales graves. Ces fonds et mécanismes sont en réalité des constructions administratives qui dépouillent les états de leur souveraineté et les populations de leur contrôle démocratique. Les budgets des états ne seront plus décidés par les parlements nationaux mais par les superstructures technocratiques constituées de personnels non-élus, les parlements nationaux devenant des « coquilles vides ».

 

Ce qui n'est pas expliqué aux populations, c'est que différentes actions sont possibles, que différentes options s'offrent à eux. Ce qui n'est pas expliqué aux populations, c'est que les moyens de se sortir de ces situations existent et sont à portée. Ce qui n'est pas expliqué aux populations, c'est les effets des politiques qui se décident aujourd'hui, que ces effets se manifestent à court, moyen ou long terme.

 

Une autre conséquence de ce « choc » est l'acceptation par les populations et ce qu'elles perçoivent comme les classes dirigeantes d'un nouveau mode de « gouvernance ». L'Union Européenne, organisme déjà fort peu démocratique et au contrôle incertain – est il besoin de rappeler le déni de démocratie que fut l'adoption de sa constitution?-, était régie par des règles claires et fixées par des traités négociés par tous les états membres. Il était encore possible d'affirmer que le droit, à défaut de la démocratie, prévalait.

 

A la faveur de la crise les institutions ont été balayées d'un revers de la main et deux pays, l'Allemagne et la France, ont entrepris de prendre des décisions hors cadre légal et d'interférer dans les affaires intérieures d'autres pays de l'unionnote6. Une des qualité de cette union qui était le respect de ses traités fondateurs a volé en éclat, signifiant donc la fin de la primauté du droit.

 

L'application de la stratégie de la tension a été particulièrement visible en Grèce : alors que le pays faisait face à des grèves générales et à une situation politique tendue, des journaux anglo-saxon ont fait part de rumeurs de coup d'état et le premier ministre alors en fonction, Monsieur Papandreou, a limogé l'entièreté de l'état-major de son armée. Ceci n'est pas encore l'usage d'attentats « sous fausse bannière » pratiquée par l'OTAN durant de nombreuses années dans les pays européens dont les politiques ou les idées des populations paraissaient déviantes de la ligne de conduite fixée par l'organisation militaire. Mais pour qui se souvient de la brutalité du « régime des colonels » il ne fait pas de doute que la menace était très sévère.

 

Le réveil des populations est certainement envisagé par les différents pays de la zone qui ont déjà pris les mesures adéquates pour que la situation ne « dégénère » pas en insurrection générale, comme les situations pré-insurrectionnelles de la Grèce et du Portugal peuvent le laisser penser. Nous ne noterons que la création, voici plusieurs années, de la force de gendarmerie européenne (EUROGENDFOR), la demande de la Grande Bretagne à ses ambassades de préparer l'évacuation de ses ressortissants en cas de troubles et la grande capacité des troupes de maintient de l'ordrenote.

 

Alors que nous ne sommes pas encore à l'aboutissement de ces politiques, l'on peut en percevoir la matérialisation par la chute de gouvernements de la zone Euro et la composition de leurs successeurs. Il est aisé de comprendre que les principaux acteurs de cette crise sans précédent de la zone euro, dont on disait qu'elle avait pour principal avantage de maintenir la paix, la prospérité et la démocratie, en sont aussi les principaux bénéficiaires. Au rayon des chutes de gouvernement nous pouvons noter les cas du Portugal, de la Grèce, de l'Italie. La composition des nouveaux gouvernements de la Grèce et de l'Italie étant exemplaires.

 

En Grèce, le nouveau chef de gouvernement, Monsieur Loukás Papadímos, a été gouverneur de la Banque de Grèce entre 1994 et 2002, puis vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) jusqu'en 2010. Il a travaillé pour Goldman Sachs et est membre de la Trilatérale. Il n'a pas hésité à accepter le soutien de l'Alerte populaire orthodoxe, un parti d'extrême droite.

 

Son premier vice-premier ministre est Monsieur Theódoros Pángalos. Nous ne pourrions lui tenir rigueur du fait que son grand père fut chef du gouvernement durant une période dictatoriale, en 1926 mais noterons qu'il fut président du conseil de l'UE. Wikipedia indique, comme profession « avocat, économiste ». Monsieur Stávros C. Dímas fut Commissaire Européen de 2004 à 2010, mais a aussi travaillé à la Banque Mondiale. C'est un avocat diplômé des universités d'Athène et de New York. Monsieur Giórgos Papakonstantínou a travaillé dix ans pour l'OCDE. Madame Ánna Diamantopoúlou fut Commissaire Européenne de 1999 à 2004 et fut invitée à deux reprises aux réunions du groupe Bilderberg. Monsieur Pávlos Geroulános fit ses études au Williams College puis à Harvard et ensuite au MIT (Massachusetts Institute of Technology). Il a travaillé pour Alpha Bank et Barclays.

 

 

En Italie, le premier ministre est Mario Monti. Il a été commissaire européen au Marché intérieur en 1995, puis, en 1999, commissaire européen à la Concurrence. En 2005 il devient consultant pour Goldman Sachs. Il est, lui aussi, membre du Bilderberg et de la Trilatérale. Son gouvernement, constitué de personnages que l'on peut qualifier « de droite » est pudiquement appelé « gouvernement de techniciens ». La quasi-totalité de ses membres sont liés aux milieux financier, à tel point que cela en est caricatural.

 

Giulio Terzi di Sant'Agata, le ministre des affaires étrangères, fut conseillé politique auprès de la délégation italienne au conseil de l'atlantique nord, ambassadeur en Israël et aux USA. Il fut aussi en poste à la représentation italienne auprès des Nations Unies. L'amiral Giampaolo Di Paola, le nouveau Ministre de la Défense (de la guerre ou de l'attaque eussent été des qualificatifs plus justes) est un ancien président du Comité militaire de l'OTAN. Il n'est pas besoin de rappeler qu'il est extrêmement rare qu'un militaire en exercice soit ministre dans un pays se disant être une démocratie. Corrado Passera, responsable du développement économique, est un ex-administrateur de la plus grande banque italienne, Intensa Sanpaolo et a exercé des mandats dans un nombre considérable d'entreprises, tant publiques que privées. Piero Gnudi est un dirigeant d'entreprise. Il fut président de la société d'énergie électrique Enel, il a fait partie du conseil d'administration de l'Institut de reconstruction industrielle (IRI) avec la charge de la privatisation en 1997. Il est membre du directoire de Confindustria, de la direction d'Assonime et de l'Aspen Institute et est également conseiller d'Unicredit Italie.

 

Continuons la découverte des membres de ce gouvernement. Monsieur Mario Catania fut directeur de la DG (direction générale) au marché intérieur de l'UE. Madame Elsa Fornero siège, comme vice-présidente, au conseil de surveillance de la banque Intesa Sanpaolo. Monsieur Barca est président d'un comité de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Monsieur Enzo Moavero Milanesi a été juge auprès de la Cour de justice de l'Union européenne et fut directeur général du Bureau of European Policy Advisors. Monsieur Andrea Riccardi a reçu le prix international Charlemagne en 2009, prix qui témoigne de son engagement européen. Madame Paola Severino a participé à la rédaction des lignes directrices de l'Association italienne des banques pour l'adoption de modèles organisationnels sur la responsabilité administrative des banques. Monsieur Mario Catane est un ancien directeur général de la DG (direction générale) de l'Union européenne pour l'intégration communautaire des marchés et politiques internationales. Francesco Profumo a été membre du conseil d'administration de FIDIA S.p.A. et de Unicredit Private Bank, le 12 avril 2011, il est nommé membre du Conseil d'administration de Telecom Italia. Il est en outre conseiller du Sole 24 Ore (presse économique) et de Pirelli.

 

Toutes les personnalités accédant aux responsabilités à la faveur de cette « crise » sont donc des personnes proches du monde de la finance -et particulièrement de la banque Goldman Sachs, banque qui a aidé la Grèce à trafiquer ses comptes publics et a de lourdes responsabilités dans la crise financière de portée mondiale que connaissent les USA et les pays de l'UE, et dont le gouverneur de la Banque Centrale Européenne (BCE) est aussi un collaborateur. Ces personnalités ont comme point commun d'être favorables au « mondialisme », de soutenir fermement les institutions européennes et l'OTAN et d'être fortement marquées « à droite ».

 

Peut on raisonnablement penser qu'elles eussent été élues ou désignées dans des conditions « normales »? Peut on toujours parler de « démocratie »? Nous vous laissons juge.

 

 

 

« Ces quatre dernières années, j’ai mené des recherches sur ce domaine peu exploré de l’histoire économique : la manière dont les crises ont préparé le chemin de la révolution économique droitière tout autour du globe. Une crise frappe, la panique se répand et les idéologues colmatent la brèche en réorganisant rapidement les sociétés dans l’intérêt des entreprises les plus importantes. Je désigne cette manœuvre sous les termes de “capitalisme du désastre” ».

 

iL'expression provient des troubles qui eurent lieu en Italie durant les « années de plombs », de 64 à 80 et s'applique à de nombreux cas. Voir l'excellent ouvrage de Daniele Ganser : « Les guerres secrètes de l'OTAN »

 

iiVoir les situations sociales en Grèce, Espagne, Italie, France, … Liste non-exhaustive de pays membres de l'UE connaissant des reculs sociaux importants. Le nombre de pays va, de l'avis de tous, augmenter et les restrictions s'aggraver.

 

ivVoir FESF Kesako?

 

 

Suggestions de lecture

http://guerre.libreinfo.org/manipulations/manipulations/809-strategie-choc-tension-resultats-positifs.html

Publié dans Lutte des classes

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