TONY, JEUNE JOURNALISTE CHAHUTE L' "HISTORIEN" NICOLAS SARKOZY
Un grand merci à Guf, notre ami à plume ou à plumeau, pour sa magnifique illustration
Dimanche nous avons parlé du roi Pétaud. C’est un personnage de fiction joué au Théâtre de Reims ce week-end. Il semble que dans la réalité nous ayons notre roi Pétaud à nous, Nicolas Sarkozy. Le type qui se regarde présider, mais qui n’est pas Président. Le type qui se fait aussi historien, et les choses se gâtent.
Le gus était donc en visite officielle à Colmar ce samedi pour commémorer le 8 Mai 1945. A chaque année sa région, et ses victimes symboliques à réparer. Cette fois, c’est le peuple Alsacien tout entier, occupé par l’Allemagne nazie après la Débâcle de juin 40. « Il fallait qu’un Président vienne dire ce que fut le drame d’Alsace-Lorraine », déclame Sarkozy 1er. Merci président-thérapeute ! Merci roi thaumaturge qui se déplace en province pour guérir les maux sociaux ! Il « fallait le faire ». Bravo ! Quel courage, et quelle verve !
Bon, mettons les choses au clair. Sarkozy se fiche comme d’une guigne de l’Histoire. Le gars n’a pas d’attache ailleurs que dans le Présent, l’instant présent et fugace, la Communication, les hommes d’affaires et de casseroles. Les hommes du passé, rien à foutre. Tout juste servent-ils d’alibis pour des politiques ineptes. En premier lieu l’ « Identité » dite « Nationale » ; le bougre n’est pas résolu à mettre de côté ce concept fumeux et funeste qui ferait honte au grand Jules Michelet, historien de la France Républicaine.
Henri Guaino l’historien des bacs à sable
Alors l’Identité Nationale est prête à l’usage. Après nous avoir fait le coup avec les Savoyards il y a un mois, c’est au tour des Alsaciens de servir de cas pratique. Regardez ces pauvres Alsaciens occupés et terrorisés par les Nazis ! « Contre leur volonté, contre leur conscience », on a attenté à leur francité, pour leur imposer la Kultur allemande. Mais regardez comme les gentils Alsaciens ont défendu leur identité française ! Et ils ont réintégré le giron républicain. Happy end. Message de fond : nos immigrés seraient mal placés pour nous péter les couilles, eux qui n’ont pas les Nazis à virer, mais juste des Français à respecter !
Sarkozy nous avait déjà fait le coup avec les Savoyards, il y a un mois. Sarkozy ? Plutôt Henri Guaino, l’aboyeur intempestif, sa doublure idéologique qui se pique d’être historien. Sarkozy chausse constamment les gros sabots de Guaino, martelant cette fois-ci que l’Alsace a été, dans son ensemble, une victime de la Seconde Guerre Mondiale. Il pleure sur les Malgré-nous, ces jeunes Alsaciens intégrés dans la Wehrmacht, l’armée allemande. Pas toujours de force, quoiqu’en dise notre historien de pacotille.
Tout est beau, tout est rose dans le discours de Sarko-Guaino. Mais en réalité, si l’occupation nazie de l’Alsace fut sévère, si l’Alsace devint nazie avec tout ce que cela signifie de souffrances, il y eu beaucoup d’accommodements, beaucoup de compromissions, pas mal de complicités d’Alsaciens avec l’Occupant. Bref il n’y eu pas de « drame de l’Alsace-Lorraine » comme ce fut répété à foison samedi. Les Malgré-nous eux-mêmes ne furent pas marionnettes, mais des soldats se livrant à des exactions.[1] On oublie un peu vite qu’il y avait 13 Alsaciens dans les massacreurs nazis d’Oradour/Glane. Ont-ils bataillé avec leur conscience ceux-là ?
Les troupes Africaines ? Disparues
Pendant qu’on passe la pommade aux Alsaciens, on oublie totalement les troupes coloniales, décisives dans la libération du pays à l’été 44, en particulier en Alsace. On oublie les légions Africaines, traversant l’Italie, le Doubs, et remontant l’Alsace pour gagner l’Allemagne. On oublie le périple de ces pauvres bougres qui en retour ont touché une pension de misère. Et qui ont été maintenus à l’état de colonisés, c’est-à-dire de sous-hommes, pendant 20 longues années encore pour la plupart.
Le 8 mai le « drame » Alsacien a occupé les médias et nos dirigeants. Le 9 mai européen fut déjà moins couvert. Mais le 10 mai qui célèbre l’abolition de l’esclavage fut un épiphénomène. Le Devoir de Mémoire, inepte en lui-même, pêche là encore par sélectivité.
ToNy
Source : http://collierdenewz.over-blog.com/
[1] Il y eu des cas particuliers. Notamment les prisonniers de Tambov, ces Malgré nous envoyés sur le front Russe et qui ont terriblement souffert. http://www.amisdelavie.org/spip.php?breve17