TOUR DE FRANCE 2010 : ALBERTO CONTADOR DOPE ? A L'INSU DE SON PLEIN GRE ET DE CELUI DU BUSINESS PHARMACEUTIQUE ?

Publié le par Tourtaux

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HNS-info

Alberto Contador dopé ? A l’insue de son plein gré et de celui du business pharmaceutique ?

mis en ligne jeudi 30 septembre 2010 par Ludo


Le cycliste Alberto Contador, récent vainqueur de son troisième Tour de France a été suspendu, par l’Union cycliste internationale (UCI), à titre provisoire suite à un résultat anormal au contrôle antidopage lors de la deuxième journée de repos dans la Grande Boucle 2010.

 

La substance mise en cause ? Le clenbutérol ! Nombreux cas de contrôle positif à cet agent anabolisant ont été reconnus dans différents sports (kayak, tennis, tennis de table, cyclisme, athlétisme, judo) malgré l’interdiction totale de son usage depuis 2004 par le Code mondial antidopage. Il était déjà présent dans l’affaire Festina...
A l’origine comme le rappelle Wikipedia, le clenbuterol était prescrit pour les affections broncho-pulmonaires spastiques chez le cheval de course.
Pour en savoir plus sur les effets recherchés par la prise de cette substance, il suffit d’aller sur des sites en faveur de la légalisation des stéroîdes [1] : « Les effets du Clenbuterol ressemblent aux effets de l´ephédrine : les deux substances stimulent des hormones cataboliques, les catécholamines, ce qui fait brûler les graisses et probablement aussi la masse musculaire, ce qui augmente la capacité aérobique et le transfert de l’oxygène. » Ou encore sur un des nombreux sites commercialisant toute sorte de substances médicamenteuses : « Les personnes souffrant de troubles respiratoires chroniques comme l’asthme l’emploient comme broncho-dilatateur pour respirer plus facilement. Mais ce n’est que l’un des nombreux effets pouvant être obtenus par l’utilisation de clenbutérol. En termes d’action, cette substance est comparable à l’éphédrine et à son produit de remplacement, le ma huang. Tous opèrent principalement en augmentant la fabrication et la sécrétion d’hormones catabolisantes connues sous le nom de catécholamines (comme la dopamine, l’épinéphrine (adrénaline) et la norépinéphrine (noradrénaline) qui sont secrétées à partir de la région surrénale. »

 

Les compléments alimentaires

Jamais comme depuis quelques années, le monde du sport n’aurait donc accueilli autant de personnes atteintes de troubles respiratoires et d’asthme... Mais aujourd’hui, la défense des sportifs reconnus positifs au Clenbutero ne repose plus sur l’obligation de soigner ce type de maladies. Contador dans un premier temps aurait déclaré être victime, comme tant d’autres, d’un complément alimentaire... et donc à son insue !!!! Comment un sportif aussi suivi et conseillé médicalement qu’Alberto Contador peut consommer des compléments alimentaires sans en connaître la composition exacte ?

 

Mais cet argument avancé est tout de même intéressant car il met en lumière la réalité des compléments alimentaires... L’appellation est déjà douteuse car il s’agit de complémenter l’alimentation, il s’agit plus de médicaments... la créatine étant vendue comme complément nutritionnel. Une rapide recherche sur le net nous offre de nombreux de ces produits promettant perte de poids, prise de muscle rapide, récupération rapide... Quand on cherche la composition du produit en effet l’information est peu scientifique, l’important c’est le marketing ! « Le supplément plébiscité par l’élite sportive internationale ! » pour présenter la créatine en surenchérant « La Créatine accroît l’endurance, réduit la fatigue associée à l’entraînement et accélère la récupération. Elle est particulièrement utile dans tous les sports qui demandent des efforts "explosifs" brefs et intenses (sprint, natation, tennis, football, basketball, etc). Ce n’est pas un hasard si la quasi-totalité de l’élite sportive mondiale a adopté avec enthousiasme la supplémentation en Créatine ! » [2]. Autre tendance, associer une équipe à un produit : « Le supplément officiel de l’équipe athlétique de Shangaï » ou encore, et ça fait un peu froid dans le dos..., « le puissant anabolisant naturel des athlètes russes ! (…) En 1961, l’extrait liquide de Rhaponticum carthamoides a été officiellement reconnu et inclus dans la pharmacopée soviétique comme un remède naturel pour vaincre la fatigue, améliorer les performances mentales et physiques et raccourcir la durée de la convalescence après une maladie. » [3]
Derrière ces produits, ces sites de commercialisation, leurs consommateurs, il y a des producteurs... qui ne sont autre que des laboratoires pharmaceutiques ! Très peu inquiétés pour leur concours actif dans la pratique du dopage, certains semblent vouloir anticiper en termes de communication. On voit apparaître sur certaines confections de produits des labels très rassurants affirmant l’engagement des marques dans la lutte contre le dopage tel que « WALL-Protect » où WALL (World Antidoping Life Label) nous est présenté comme « un organisme de contrôle qualité, qui délivre la signalétique WALL-Protect et garantit un niveau élevé de protection pour les sportifs. Le logo WALL-Protect permet d’identifier les produits alimentaires conformes à la législation antidopage en vigueur. ». Quand on va sur le site de WALL, on constate que cet organisme est une société privée donc directement impliquée sur le développement du marché de ces produits. Sans remettre en cause l’honnêteté de cette société, être juge et acteur ne représente pas la meilleure garantie de fiabilité de ce label comme tant d’autres...

 

Changement de stratégie de Contador : boeuf = danger !

Il s’agirait selon ses déclarations lors de la conférence de presse de ce matin à Madrid d’une contamination alimentaire qu’il aurait d’ores et déjà identifié : il a mangé du boeuf rapporté par un ami espagnol... Le pongiste allemand Dimitrij Ovtcharov (n°13 mondial), contrôlé positif au Clenbuterol le 23 août 2010 au lendemain de l’Open de Chine avait déjà proposé l’argument se disant victime d’une contamination alimentaire après avoir mangé de la viande lors de cette compétition.
Il est vrai que le Clenbutero est présent dans le monde de l’élevage : des éleveurs se sont aperçus qu’il permettait d’augmenter la masse musculaire des animaux et donc la production de viande, des études confirmant ses propriétés anabolisantes à prise de doses puissantes.
Les déclarations de ces sportifs affirment donc que manger du boeuf peut entraîner ce type de contamination... ça va faire du buzz ! Si les conclusions scientifiques ne permettaient pas d’infirmer cette conséquence, combien de consommateurs de viande encourent alors ce risque ? Quelles conséquences sur la santé publique ? Que feront Roseline Bachelot et Bruno Le Maire ? Leurs confrères et consoeurs européens ?

 

Alors aujourd’hui il est vrai, l’actualité de la lutte antidopage va se concentrer sur Contador (combien de vainqueurs et coureurs du Tour de France vont être encore déclassés ? Lance Armstrong sera-t-il le prochain ?). Pour autant qu’il s’agisse de prise directe, de compléments nutritionnels ou de consommation de boeuf, les fournisseurs à la base sont les mêmes... Cette nouvelle affaire va-t-elle enfin s’intéresser à l’offre au moins autant qu’à la demande... Pas plus que la prochaine ! Je ne prends pas de pari même si c’est la nouvelle mode dans le sport business mais lisez les médias mainstream et je ne crois pas que les labos y soient forts inquiétés voir impliqués à moins qu’il ne s’agisse d’une réelle crise sanitaire... et encore ?

 

Ludo, HNS-info

Notes

[1] http://steroides.info/

[2] site de commercialisation de compléments alimentaires

[3] Voir note 1

Publié dans Politique

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