UN COMBAT REVOLUTIONNAIRE : L'HUMAIN D'ABORD

Publié le par Tourtaux

 

Jeudi 15 mars 2012 4 15 /03 /Mars /2012 15:56

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"Jusque dans les années 60, les enfants autistes étaient considérés comme des arriérés incurables. Nous les avons fait rentrer dans la communauté des sujets qui ont droit aux soins. Ils doivent continuer d’en faire partie." (Danielle Levy)

Parce que ce "nous," j'en ai fait partie dès les années 70 et qu'au milieu des moqueries et des dénigrements, nous avons osé prendre en charge ces enfants qui jusqu'alors étaient considérés à tout jamais comme des arriérés mentaux, je me sens plus que concernée par le débat d'aujourd'hui et la remise en cause de la thérapie institutionnelle et le risque d'objectivation de l'enfant autiste.

Nous avons cru au delà de ce qu'il fallait croire, contre vents et marées, soutenus alors par Françoise Dolto et Maud Mannoni, nous sommes descendus au bord du gouffre, si bien décrit par Winnicott, Meltzer, Frances Tustin et tant d'autres...pour tendre la main, afin que ne sombre pas l'enfance ...

Nous n'avons pas travaillé 35h par semaine, ni même 40 mais plutôt 70 ou 80 ... et cela n'avait pas d'importance ...

Des erreurs nous en avons faites certes... nous avons tâtonné, cherché,  expérimenté, est-ce pour cela que nous devons être jugés ?

 

J'ai choisi, et le temps me donne raison, d'allier pédagogie et écoute analytique ... Il a fallu lutter tout à la fois contre le milieu médical pour qui la pédagogie ne consistait que dans une distribution de savoir et contre l'éducation nationale qui concevait souvent la même chose.


Fort heureusement pendant une longue période "mon" inspecteur" était ouvert à la psychanalyse.

 

La Pédagogie au sens littéral du terme : c'est marcher avec, accompagner...  J'avais entre les mains un outil en "or", le scolaire  qui donne un contenu et un contenant et des mots pour parler, même si cela n'a parfois été que le fait de chanter des comptines en frappant dans ses mains et cette formation psychanalytique qui me permettait de ne pas avoir peur de la peur de l'autre... cette expérience analytique qui m'empêchait d'enfermer l'autre dans mon propre désir ...

 

C'est peut-être l'enfermement des uns et des autres dans leur propre discipline qui a parfois été un frein à bien des progrès, et a contribué à maintenir le morcellement du corps psychique ... je ne sais mais ...

 

Ayant donc choisi de manière indéfectible pédagogie et écoute analytique, j'ai entendu des enfants parler qui n'avaient jamais parlé, pleurer des enfants qui ne pleuraient pas, j'ai vu sourire des enfants qui ne souriaient plus... d'autres ne sont pas remontés de l'abîme et je dois dire que ces "échecs" là se portent à jamais comme un deuil qui ne guérit pas .

La valeur d'une société se juge à la place et au respect qu'elle donne aux plus vulnérables d'entre eux.

Malades mentaux, handicapés, enfants autistes ne sont pas des objets qu'il faut remodeler selon l'esthétique qui nous plairait ...

Faire sa place à la maladie mentale, au handicap, c'est faire sa place à l'humanité toute entière... et la nôtre d'abord.

C'est un combat révolutionnaire dont trop peu mesurent  l'importance.

 

Maryvonne Leray

 

L'HUMAIN D'ABORD


folie

 

POUR LA DEFENSE DE LA PSYCHIATRIE INSTITUTIONNELLE, LE RESPECT DU MALADE MENTAL.

une conception de l’humain qui considère que tout homme  ne peut en aucun cas se réduire à être un tas de molécules ou un objet à adapter ou à rééduquer.

 

Cri du Peuple 1871 : http://www.mleray.info/article-un-dossier-a-suivre-autisme-psychiatrie-psychanalyse-101629312.html

Publié dans Politique

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