KOUZBASS: QUAND DES ENFANTS TOMBERAIENT DE FAIM DANS DES ECOLES DE CAMPAGNE

Publié le par Tourtaux

jeudi 24 janvier 2019

Kouzbass : quand des enfants tomberaient de faim dans des écoles de campagne
 
 
 
Dmitri Kislitsyne, Ombudsman pour les enfants dans la région de Kemerovo, lors de son rapport devant les élus locaux a décrit une crise sociale, que beaucoup ne veulent pas voir. Dans les écoles de campagne, il y aurait des cas de perte de connaissance par manque de nourriture d'enfants venant des campagnes ou dans les écoles de campagne. Le Gouverneur a immédiatement expliqué qu'il n'était pas responsable (c'est le plus important), puisqu'il n'était pas au courant. Une commission est lancée. Les services d'enquête également, comme s'il s'agissait d'un crime. Bref, pendant que chacun cherche les responsables et que la tête de l'Ombudsman va être servie sur un plateau, il serait peut-être plus urgent de mener une véritable réflexion de fond sur l'émergence d'une crise sociale. Même si elle n'entre absolument pas dans la mythologie actuelle post-moderne et post-humaine. Autrement dit, l'humain se rappelle à nous.
 
 
L'Ombudsman pour les enfants de la région de Kemerovo, à Kouzbass, a jeté un froid dans le discours ambiant de la révolution numérique et des hautes techonologies, grâce à laquelle la Russie va transformer triomphalement son économie, produire des voitures volantes et construire des salles de classe rondes, puisque, paraît-il à 30 ans les gens sortent seulement de l'enfance (dixit les différentes déclarations des ministres). Or, dans ce monde aseptisé, formaté et infantilisé, des enfants  (des vrais) ont la mauvaise idée de perdre connaissance par manque de nourriture. A l'époque où toute école a ses ordinateurs, ses tableaux électroniques, son journal électronique, ses "projets", ses tests de compétence et d'aptitude, comment peut-on s'abaisser aussi bas ... et avoir faim? Un véritable crime de lèse-numérique, un manque de savoir-vivre posthumain. 
 
Dans son rapport présenté aux députés locaux, Dmitri Kislitsyne indique que des professeurs principaux de plusieurs classes d'écoles de villages se sont adressés à lui pour lui signifier que, pendant que certains enfants allaient manger à la cantine, d'autres restaient dans la salle de classe - sans manger. Car les parents n'avaient pas les moyens de payer chaque jour le repas, qui se monte en moyenne à 60-90 roubles dans la région. Pour remédier à la situation, certains entrepreneurs ont commencé, sur demande de l'Ombudsman, à prendre en charge les repas des enfants provenant de familles en difficulté, les problèmes se règlent au coup par coup. Mais comme il le souligne très justement, le traitement du problème doit se faire au fond et une véritable réflexion sur ce sujet, trop négligé, doit impérativement être menée. Car finalement, c'est peut-être plutôt à l'Etat de prendre en charge les repas pour les familles en difficulté ...
 
Pour ne pas mettre en difficulté les professeurs qui se sont adressés à lui et les enfants concernés, il n'a pas publiquement révélé leurs noms. Mais, en attendant, les entrepreneurs qui apportent humainement cette aide, qui se substituent à l'Etat finalement, sont prêts à confirmer les faits.
 
Malaise.
 
Immédiatement, le Front populaire de Poutine, ONF, quelques heures après, déclare que suite à "vérification" ce n'est pas vrai, personne n'a faim. Tout va pour le mieux Madame la Marquise, qu'ils mangent des brioches. Sans compter le fait que cet organe ne représente rien sauf lui-même, que son indépendance est pour le moins ... discutable, se dépêcher en quelques heures à peine de sortir ces commentaires ne fait vraiment pas sérieux. 
 
Le Gouverneur ne fait pas mieux, ni son adjoint. Ils n'y sont pour rien (point essentiel à retenir), une commission va vérifier les faits (c'est déjà un bon début), mais surtout ils ne sont pas responsable car l'Ombudsman ne s'est pas directement adressé à eux, mais a fait "une déclaration publique". Disons que la déclaration n'est pas tout à fait publique, qu'il s'agit d'un rapport devant les élus locaux et que tel, in fine, est le rôle d'un Ombudsman.
 
Du coup, la Grosse Bertha est de sortie, Procuratura et Comité d'Enquête en route - pour eux aussi "mener l'enquête". Certes ... sur quoi? Quelle est l'infraction commise ? Des enfants sont tombés de faim dans certaines écoles de campagne, ce n'est pas un crime, c'est un problème social. A moins que le problème ne soit ... l'Ombudsman ?
 
Au lieu de chercher à étouffer par tous les moyens ce pauvre Ombudsman local, qui a eu la mauvaise idée de ne pas simplement demander des tableaux électroniques dans les salles de classe, mais des repas gratuits pour les enfants, il serait préférable de mener une véritable réflexion sur l'accentuation des différenciations sociales entre les villes et les campagnes. Si elle a toujours existé et existera toujours, elle doit rester acceptable et maîtrisée, pour que l'unité du pays et la stabilité de la gouvernance ne soient pas contestées. Or, l'envolée virtuelle des "villes intelligentes" a tendance à faire oublier les problèmes réels qui existent dans les villes et villages réels. Non intelligents. Donc certainement "stupides" ...
 
 
 

https://russiepolitics.blogspot.com/2019/01/kouzbass-quand-des-enfants-tomberaient.html

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