SNCF : POUR LA CGT DIDIER LE RESTE ECRIT AU PRESIDENT PEPY : HONTEUSE ET INSULTANTE ABSENCE DE LA DIRECTION A LA COMMEMORATION DE LA GREVE INSURRECTIONNELLE DES CHEMINOTS DU 1O AOUT 1944
Montreuil, le 18 Août 2009
Monsieur Guillaume PEPY
Président de la SNCF
34, rue du Commandant Mouchotte
75699 PARIS CEDEX 14
Objet : Commémoration du 10 Août 1944
Monsieur le Président,
Le lundi 10 Août 2009 à 18 h 30, les cheminots se sont rassemblés à l’Arc de Triomphe à Paris pour commémorer le 65ème anniversaire de la grève insurrectionnelle du 10 Août 1944 qui fut décisive dans la Libération de Paris.
Cette grève insurrectionnelle des cheminots est commémorée tous les ans à l’appel de l’Association Nationale des Cheminots Anciens Combattants (ANCAC) avec les honneurs militaires par une cérémonie sur ce même lieu.
La Fédération CGT des Cheminots comme elle en a l’habitude a participé le 10 Août dernier au ravivage de la flamme et au dépôt de gerbes sur la tombe du soldat inconnu.
L’ANCAC, l’ONCF (Orphelinat National des Chemins de Fer), la Mairie de Paris et le Parti Communiste Français en ont fait de même. Le Gouvernement était représenté à cette cérémonie.
Malheureusement et c’est là l’objet de mon courrier, il a été vivement remarqué et déploré l’absence de la direction de la SNCF.
Au regard des interpellations et autres remontées qui nous parviennent des Associations d’Anciens Combattants et des cheminots présents à l’Arc de Triomphe, mais aussi de ma propre interrogation, je me dois de solliciter des explications de votre part.
A fortiori que les supputations vont bon train si vous me permettez cette expression.
Je n’ignore pas non plus les difficultés que rencontrent nos syndicats quant aux commémorations locales et régionales ainsi que le manque d’entretien de la part de la direction, des édifices et sites de mémoire.
C’est ainsi que d’aucuns s’interrogent sur le lien de causalité qui existerait entre l’absence de la direction de la SNCF à l’Arc de Triomphe le 10 Août 2009 et le fait que nous avons de plus en plus de dirigeants qui ne sont pas cheminots et qui ne se sentiraient donc moins concernés par ce genre de commémoration !?
D’autre part, faut-il rapprocher cette absence du refus, malgré ma demande, de la direction de la SNCF d’élever une vive protestation contre les écrits abjects de la journaliste Françoise LABORDE, tentant de dénaturer l’engagement réel des cheminots dans la Résistance dans un livre qu’elle a commis en 2008 ?
Monsieur Le Président, la commémoration du 10 Août 1944 n’est pas seulement un souvenir de mémoire que nous gardons précieusement mais un enseignement dont nous méditons l’exemple ainsi qu’une grande leçon d’Histoire.
Rappelons qu’en hommage aux mérites civiques et militaires des cheminots dont la seconde guerre a coûté la vie à 8 938 cheminots dont parmi eux 809 fusillés, massacrés,1157 morts en déportation et 15 977 blessés pour faits de résistance, la SNCF reçut le 30 octobre 1949 la Légion d’Honneur et la Croix de guerre avec palmes.
Les organisateurs et les participants à la cérémonie du 10 Août, en donnant une dimension particulière à la commémoration du 65ème anniversaire de la grève insurrectionnelle des cheminots entendent pérenniser ce devoir de mémoire au moment précisément où les acquis sociaux issus de la libération sont sérieusement attaqués par les ultra libéraux et le MEDEF et où l’on assiste à une recrudescence d’actes antisémites, xénophobes, racistes, inspirés par l’idéologie nazie.
Cela est d’autant plus important dans une période où à la faveur de procès portant sur l’attitude de la SNCF à propos des convois par chemins de fer des déportés juifs, nous voyons émerger des tentatives de réécrire l’histoire visant la corporation des cheminots et l’image de résistance incontestée qui lui est attachée.
Les cheminots entendent se souvenir et continuer d’agir pour la paix et pour de nouvelles conquêtes sociales.
Comme en Août 1944 et depuis, la CGT est et sera à leurs côtés !
Voilà, Monsieur Le Président, ce que je souhaitais vous exposer suite aux critiques qu’a suscité et que continue de susciter l’absence de la direction de la SNCF à la cérémonie du 10 Août à l’Arc de Triomphe.
Dans l’attente de vous lire, je vous prie d’agréer, Monsieur Le Président, l’expression de mes sentiments respectueux.
Didier LE RESTE
Secrétaire Général