LE MODEM TEND LA MAIN AUX ENFOIRES QUI N'ATTENDENT QUE CA !
« Nous avons beaucoup à faire ensemble », a déclaré samedi Marielle de Sarnez lors d'une réunion socialiste à Marseille. Réunion à laquelle participaient aussi Robert Hue, Christiane Taubira et Daniel Cohn-Bendit.
Qui l'aurait cru il y a encore trois mois ? Samedi à Marseille, Marielle de Sarnez, numéro deux du Modem, a été ovationnée debout par des militants socialistes et l'ancien secrétaire national du PCF Robert Hue lui a proposé un « compromis historique ». L'affiche était inédite et les propos échangés pourraient faire date. Vincent Peillon et les socialistes proches de Ségolène Royal avaient aussi convié à leurs « ateliers d'été » Daniel Cohn-Bendit et la députée de Guyane, Christiane Taubira. L'intitulé de la table ronde - une nouvelle majorité progressiste pour la France - était ambitieux et le discours de Marielle de Sarnez a été au-delà de leurs espérances.
« Nous venons d'horizons divers, mais nous partageons la même inquiétude pour le pays. Ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous oppose », commence-
t-elle sous les applaudissements. Après une critique en règle de la présidence Sarkozy, elle lance des propositions très à gauche : instauration d'une VIRépublique, création d'une taxe Tobin, entrée de représentants de l'Etat aux conseils d'administration des entreprises aidées substantiellement, utilisation de l'arme fiscale pour « mettre fin aux salaires abusifs »… Puis, pour la première fois, la plus proche conseillère de François Bayrou tend officiellement la main au PS (et pas seulement à ses électeurs). Appelant tous les partis d'opposition à « ne plus s'enfermer dans le jeu d'alliances anciennes »,Marielle de Sarnez conclut : « Nous avons beaucoup à faire ensemble. »Convertis depuis un moment à la nécessité d'une coalition allant du PCF au Modem et désireux d'organiser une primaire ouverte aux sympathisants pour désigner le futur candidat de la gauche à la présidentielle de 2012, Vincent Peillon et le maire de Dijon, François Rebsamen, exultent. Ravi, Robert Hue en appelle directement aux « citoyens » de gauche pour dépasser « les logiques d'appareils ». Daniel Cohn-Bendit ne dit pas non, mais pose des conditions : que la gauche fasse un travail d'« inventaire », renonce, entre autres, au productivisme, s'ouvre largement aux citoyens et que le PS cesse d'aspirer à l'« hégémonie ». Et le leader écologiste d'imaginer un « rassemblement écologique, social et démocratique »qui dépasse lui aussi les partis. « Chiche », répond Vincent Peillon, proposant l'organisation de « grands débats » thématiques après les régionales de mars.
La réunion de samedi n'a rien réglé dans l'immédiat. Robert Hue est en rupture de ban avec la Place du Colonel Fabien. Daniel Cohn-Bendit a, à nouveau, défendu l'autonomie des écologistes au premier tour des régionales. Consciente que le Modem compte des sensibilités diverses et pas encore rassurée sur la « modestie » des socialistes, Marielle de Sarnez a éludé : « Nous verrons », a-t-elle confié, avant d'ajouter toutefois : « Je ne vois pas très bien ce que nous irions faire avec l'UMP. »Mais Vincent Peillon et François Rebsamen pensent surtout à la préparation de la présidentielle. Et, là encore, il y a du chemin à faire tant la direction actuelle du PS reste rétive à une alliance nationale avec le Modem et à l'organisation d'une primaire présidentielle ouverte. Malgré tout, les deux élus socialistes ont réussi leur coup : le débat sera désormais très difficile à enterrer.