EDUCATION NATIONALE : LA COUR DES "SAGES", PRESIDEE PAR DIDIER MIGAUD, ANCIEN DEPUTE SOCIALISTE, S'OPPOSE A LA CREATION DE 60 000 POSTES

Publié le par Tourtaux

Education : le réquisitoire de la Cour des comptes
Par Marie-Christine Corbier | 23/05 | 07:00
 
Les Sages sévères sur la création de 60.000 postes par François Hollande.
Vincent Peillon récuse la critique et assure qu'il va réformer le système.

Alors que le projet de loi de « refondation » de l'école du ministre de l'Education nationale Vincent Peillon est encore examiné au Sénat, la Cour des comptes a jeté hier un pavé dans la mare en proposant sa propre « refondation ». Dans un rapport intitulé « Gérer les enseignants autrement », elle épingle la gestion et le pilotage du système éducatif. Quel peut être l'impact politique de rapport  ?


Sur la question des moyens, la critique est sévère. Deux mois après l'adoption, par les députés, du projet de loi qui prévoit la création de 60.000 postes dans l'Education nationale, mesure-phare du candidat Hollande durant la campagne électorale, le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, considère que « ce qui est en cause n'est pas le nombre d'enseignants mais la façon dont ils sont employés ». De quoi relancer la polémique née durant la campagne présidentielle sur le fait de savoir s'il fallait créer des postes ou augmenter les enseignants. Une fois installé au ministère, Vincent Peillon a endossé la promesse de François Hollande. « D'une certaine manière, le rapport de la Cour des comptes est une mise en cause des 60.000 postes , estime l'historien Claude Lelièvre, professeur émérite à Paris V. Mais, à la différence du passé, ces postes répondent à des choix prioritaires, très fortement affirmés, en faveur du primaire. » La remise en cause, ne serait-ce que d'une partie de ces postes, lui paraît exclue. « Ce serait un tremblement de terre  ! » estime-t-il.

Critique sur les effectifs

Même chose du côté des syndicats, où on n'ose imaginer pareil effet du rapport de la Cour sur la politique gouvernementale. Les critiques du rapport sur les effectifs sont « une erreur », a d'ailleurs commenté hier Vincent Peillon au Sénat. Tout en reconnaissant que le rapport comportait « beaucoup de mesures positives », il a ajouté  : « C'est le bilan des huit dernières années que la Cour dresse, donc de la majorité de droite précédente, on a supprimé les moyens mais pas réformé. Nous, nous conduisons les réformes. »


En pleine période de négociations salariales, le rapport de la Cour pourrait avoir des effets sur les arbitrages interministériels. Si les uns et les autres se disent assez rassurés sur le principe de l'indemnité promise aux enseignants du primaire, ces derniers pourraient en revanche avoir plus de difficultés à voir cette prime alignée sur celle des enseignants du second degré, même sur plusieurs années. Les premiers toucheraient une prime de 400 euros, alors qu'elle est de 1.200 euros dans le second degré. « Ce rapport donne des arguments aux autres ministres pour dire que l'Education nationale a déjà eu assez de moyens », estime Claude Lelièvre. Au SE-Unsa, on se rassure au contraire en soulignant que le rapport plaide pour des enseignants mieux payés.


Concernant la question du statut, sur laquelle Vincent Peillon a promis une grande discussion à l'automne, le rapport sert a priori la politique du ministre. Mais les syndicats expliquent déjà qu'elle ne se fera pas sans contreparties financières, des contreparties dont beaucoup jugent qu'elles seront plus difficiles à obtenir pour le ministre après ce rapport. Conscient des difficultés, Vincent Peillon lâchait déjà fin avril  : « Il n'est pas sûr que ça aille très loin très vite. Or l'évolution du métier est indispensable. »

Marie-Christine Corbier, Les Echos

Publié dans Politique

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