ELECTIONS CANTONALES : LA MEGALOMANIE DE SARKOZY ENTRAINE LE " CLAN DU 9-2 DANS SA CHUTE. QU'IL Y RESTE !

Publié le par Tourtaux

 

Cantonales : Sarkozy entraîne le « clan du 9-2 » dans sa chute
Par Julien Martin | Rue89 | 22/03/2011 | 12H04

Le Président en avait fait sa rampe de lancement ; les Hauts-de-Seine symbolisent aujourd'hui son effondrement.

Isabelle Balkany et Nicolas Sarkozy à l'inauguration d'un collège à Issy-les-Moulineaux en octobre 2007 (Michael Sawyer/Reuters)

Le navire Sarkozy perd la boussole et emmène dans son sillage tous les symboles de son ancienne puissance. A commencer par son fief des Hauts-de-Seine, d'où il s'était lancé à la conquête du pouvoir suprême. Sa ville de Neuilly était déjà tombée aux mains d'une autre droite en 2008. A l'occasion de ce premier tour des cantonales, c'est tout le département qui subit une voie d'eau.

Le naufrage n'est pas encore acté, l'UMP étant solidement implantée dans les Hauts-de-Seine. Jusqu'à dimanche prochain et le second tour, le groupe UMP-Nouveau Centre compte 30 des 45 membres du conseil général. L'Epad a échappé à Jean Sarkozy, mais pas à l'UMP. Le même parti dirige Levallois-Perret, Antony, Puteaux, Rueil-Malmaison, Courbevoie, Saint-Cloud…

Mais le « clan du 9-2 » a perdu de sa superbe. Il suffit de se plonger dans les résultats détaillés des cantonales pour s'en rendre compte. Et de comparer le premier tour de 2004 à celui de 2011, qui ont vu les 23 mêmes cantons être remis en jeu (plus cette année celui de Levallois-Perret-Sud, en raison d'une élection partielle). Deux chiffres :

  • le score du candidat soutenu par l'UMP est en baisse dans treize cantons entre 2004 et 2011 ;
  • aucun candidat soutenu par l'UMP n'est élu dès le premier tour en 2011, contre six en 2004.

L'impact de la politique nationale du Président a eu des répercussions jusque dans son fief. A force de marcher sur les plates-bandes frontistes, le FN gagne du terrain. Il sera présent dans deux cantons au second tour : Gennevilliers-Nord et Saint-Cloud. En 2004, le Front national avait réalisé un score de 8,24% sur le département ; il s'élève à 12,34% en 2011.

Les Hauts-de-Seine ne sont pas encore sur le point de basculer, mais la droite reculera, sauf à s'associer avec le FN. Entendre la droite UMP-Nouveau Centre, car une autre droite pousse en même temps que la gauche (Parti socialiste, Europe Ecologie et Front de Gauche) dans le département.

Une autre droite que le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a tort de comptabiliser au sein de la majorité présidentielle : elle est anti-« clan du 9-2 » et fonde son succès sur cette image. Trois cantons, particulièrement, symbolisent cette révolution.

1Neuilly-sur-Seine-Nord, le canton de Sarkozy

Président du conseil général des Hauts-de-Seine entre 2004 et 2007, Nicolas Sarkozy démissionne de son canton de Neuilly-sur-Seine-Nord peu après son entrée à l'Elysée. Un canton sur lequel il avait été plébiscité en 2004 dès le premier tour, avec 79,44% des suffrages exprimés.

Trois ans plus tard, il adoube Marie-Cécile Ménard pour l'élection partielle qu'il provoque. Ce n'est pas la plus connue des élus neuilléens, mais l'UMP n'est pas encore discréditée et elle réalise un score plus qu'honorable le 23 septembre 2007 : élection dès le premier tour, avec 58,20% des suffrages exprimés.

Moins de quatre années ont passé et la chute est sévère : dimanche, la sortante n'est parvenue à rassembler sur son nom que 25,22% des suffrages exprimés. Elle sera en ballotage très défavorable au second tour – qu'elle ne doit qu'à la faible participation – face au candidat divers droite Jean-Christophe Fromantin, qui a réuni plus du double des voix : 51,60%.

Le nouveau maire de Neuilly-sur-Seine est le symbole de cette autre droite. Il avait déjà conquis la ville de Nicolas Sarkozy en 2008 au nez des hommes du Président. Il est aujourd'hui en passe de lui ravir son canton. Et il n'en est pas le plus surpris :

« Vingt-six points, c'est énorme. Mais quand vous prenez vos distances avec les enjeux politiciens et que vous portez un projet pour le territoire, ça paye. Nicolas Sarkozy aussi portait une ambition en 2004, même si elle était plus nationale que locale. Aujourd'hui, il a vidé son parti des substances de pensée.

Il ne faut pas s'étonner qu'il n'y reste qu'un agrégat d'ambitions. Regardez Patrick Devedjian et Isabelle Balkany, le président et la vice-présidente du conseil général. Ils sont tous les deux en ballotage, parce que ça fait deux mois qu'ils font campagne uniquement pour se dézinguer l'un et l'autre. »

2Levallois-Perret-Sud, le canton de Balkany

Le « saute-canton » d'Isabelle Balkany n'a pour l'instant pas porté les fruits espérés. De 1988 à 2001, elle était conseillère générale du canton sud de Levallois-Perret. Depuis 2004, elle était conseillère générale du canton nord. A ces élections cantonales, elle brigue de nouveau le canton sud.

Pourquoi ? L'intéressée a eu toutes les peines du monde à expliquer qu'il ne s'agissait nullement d'une peur de perdre dans le canton nord son siège de conseillère générale et de vice-présidente de l'assemblée départementale.

Le canton sud avait été renouvelé en 2008 et ne devait pas être remis en jeu cette année. Mais par la grâce d'une nomination au Conseil économique, social et environnemental, la titulaire UMP Danièle Dussaussois a démissionné et provoqué une élection cantonale partielle.

Celle qui est aussi premier adjoint au maire de Levallois-Perret, son mari Patrick Balkany, n'a alors pas hésité. D'autant que Danièle Dussaussois avait été confortablement élue dès le premier tour en 2008, avec 60,48% des suffrages exprimés.

Une sécurité visiblement insuffisante : Isabelle Balkany n'a réuni dimanche que 37,38% des suffrages exprimés. Pour la socialiste Anne-Eugénie Faure, qui devait l'affronter dans le canton nord avant de la voir s'en échapper, « c'est un signal envoyé à l'UMP version 92 » :

« Il y a un rejet évident du système Balkany. Même les électeurs de droite n'acceptent plus d'être les instruments d'un tel mode de gouvernance. On le voit aussi à travers le haut score du candidat divers droite, Arnaud de Courson de la Villeneuve (23,14%). »

3Puteaux, le canton des Ceccaldi

Les Ceccaldi-Raynaud forment, eux, un clan dans le clan. Etiquetés RPR puis UMP, ils règnent sans partage sur la ville de Puteaux depuis 1969. Charles Ceccaldi-Raynaud a été maire jusqu'en 2004 ; sa fille Joëlle a repris le fauteuil la même année et l'a conservé depuis au prix de déchirements familiaux ; « le petit-fils et fils de » Vincent Franchi est devenu en 2008 adjoint au maire en charge de l'Enseignement, de la Culture et de la Jeunesse.

Comme sa mère et son grand-père en leur temps, il se voit bien entrer aujourd'hui au conseil général des Hauts-de-Seine. Mais le temps des scores-fleuves est révolu, même à Puteaux. Charles Ceccaldi-Raynaud était encore parvenu à se faire élire au premier tour en 2004, à l'âge de 79 ans.

Dimanche, le jeune trentenaire a été mis en ballotage, avec « seulement » 39,96% des voix. Un score qui demeure élevé, mais un score en baisse pour la dynastie Ceccaldi, dont la fille avait déjà était contrainte pour la première fois à un second tour à l'élection municipale de 2008. Et déjà par le même homme : le MoDem Christophe Grébert.

S'il n'a réuni que 16,82% des suffrages exprimés, le blogueur et élu municipal d'opposition espère la formation d'un arc républicain avec au moins les socialistes (13,34%) et les écologistes (9,93%), pour « mettre fin au système clanique de la famille Ceccaldi ».

Un arc républicain sur le modèle de celui qui a fait tomber un autre proche du Président dans les Hauts-de-Seine, lors des dernières municipales : le maire UMP d'Asnières-sur-Seine de 1999 à 2008, Manuel Aeschlimann.

Photo : Isabelle Balkany et Nicolas Sarkozy lors de l'inauguration d'un collège à Issy-les-Moulineaux en octobre 2007 (Michael Sawyer/Reuters)

Publié dans Politique

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