GRECE : CONFERENCE DE PRESSE D'ALEKA PAPARIGA SECRETAIRE GENERALE DU CC DU KKE (13/02/2012)

Publié le par Tourtaux

 

Conférence de presse d’Aleka Papariga

SG du CC du KKE (13/02/2012)

 

La séance de l’Assemblée Nationale est terminée, le mémorandum voté, toutefois avec de sérieuses pertes pour le PASOK [social-démocrate - NdT] et la Nouvelle Démocratie [droite - NdT]. Bien entendu c’est la preuve de la force de la pression populaire, et dans ce sens la preuve de la puissance du mouvement ouvrier et populaire, bien qu’il soit limité pour le moment n’ayant pas atteint la masse et l’organisation nécessaire, l’orientation bien ciblée et la capacité de vaincre effectivement, efficacement, et d’une manière viable. Cette petite victoire quant à la pression exercée, deviendra importante si le peuple ne permet pas à la dissidence [des partis au pouvoir] de devenir le ch eva l de Troie qui fragmentera la radicalisation du mouvement, la lutte en termes de rupture et de renversement.

La classe ouvrière et le peuple, possèdent le pouvoir de balayer la politique antipopulaire et les partis à son service.  Qu’ils se tiennent avec confiance aux cotés du PCG, qu’ils se dissocient complètement des partis du gouvernement et de tous ceux qui essayent de déguiser le système. Nous nous retrouverons dans les luttes de classe et les batailles politiques.

Le contexte diffère du passé, mais une chose reste: Face au peuple se tient un gouvernement décidé par tous les moyens que lui offre le cadre de la démocratie bourgeoise, mais aussi en violant les droits populaires avec une répression étatique et la langue de bois, de casser et d’assurer l’appauvrissement du peuple, pour satisfaire par le «feu et le fer» les créanciers et les capitalistes du pays. L’accord signé engage – sur la base de l’Union européenne – tous les gouvernements qui suivront, indépendamment de leur composition future. Ce qui signifie que nous irons aux élections déterminés à ce que le peuple décide à l’intérieur et non pas à l’extérieur des murs.

Face au peuple se dresse l’UE décidée à casser tous les peuples d’Europe d eva nt les impasses  de la crise économique capitaliste qu’elle veut gérer. Ces forces du capital qui ont fait voter le mémorandum, savent que même leurs méthodes anti-ouvrières et antipopulaires les plus brutales, n’arriveront pas à rétablir l’unité ébranlée de l’UE, d’où la décision de son noyau le plus dur de se limiter aux pays capitalistes les plus puissants. Par ailleurs des pays parmi ses membres préparent de nouveaux scénarios d’alliances avec des pays capitalistes non-membres de l’UE. Sont terminées les illusions entretenues systématiquement par le ND, le PASOK, le LAOS [extrême droite] et SYRIZA [gauche du PASOK - NdT] par rapport à l’Europe unie, à l’égalité, à la convergence, à la paix, à la justice et à la solidarité sociale, au bien-être populaire, au changement de l’UE de l’intérieur. Tant que la crise s’approfondit et les antagonismes s’aggravent, il y a un réel danger pour que de nouveaux foyers de guerre s’embrasent et se transforment en un conflit plus généralisé. Les peuples seront appelés, une fois de plus, à verser leur sang du côté de l’un ou de l’autre impérialiste, dans la course pour une nouvelle répartition des marchés.

Le grand NON du peuple qui a manifesté par de multiples formes de lutte et de mouvements de grève, doit devenir un NON général contre le système, le gouvernement et les partis qui soutiennent l’UE, le FMI, doit devenir un NON à la dictature des monopoles.

Les nombreux votes NON exprimés au parlement hier ne sont pas homogènes, ce n’est pas le départ d’une opposition cohérente et ce n’est surtout pas une orientation unie qui tendrait vers une solution. Le peuple ne doit pas être entrainé et piégé par des solutions illusoirement faciles et superficielles. Le rapport de forces au parlement reste particulièrement négatif, il faut qu’il change avec les luttes et le vote.

Sous l’effet de deux facteurs (du tollé populaire et de l’impuissance du système à gérer la crise) qui provoquent des ruptures au sein des partis politiques bourgeois, ils cherchent comment déguiser le système politique bourgeois, l’habiller différemment, pour pouvoir contrôler le facteur populaire, le manipuler, avant qu’il ne soit trop tard pour le sauver. Des pensées et des constatations analogues se manifestent aussi parmi de nombreux autres députés qui ont voté OUI, mais qui se sont conformés à la discipline de parti.

Tant les députés dissidents du PASOK que ceux de la ND, ont déclaré, clairement et proprement, qu’ils ont voté sur la base des principes du PASOK et de la ND, et qu’ils demeurent idéologiquement et politiquement dans leurs partis, à savoir au service du système. Aucune autocritique de leur côté, aucune disposition à soutenir le mouvement de rupture.

La mise au point critique du LAOS et son abstention lors du vote après qu’il ait contribué à la formation du gouvernement du front noir, et avoir contribué à l’élaboration de thèses fondamentales du Mémorandum, est aussi un choix forcé de tactique. Ce choix n’est pas dû à sa bienveillance vis-à-vis des ouvriers, mais au rôle qu’il voudrait jouer pour soutenir la politique dominante, avec ses furieuses attaques anticommunistes, la violence et la répression étatique. C’est ce que son président a clairement avoué.

Les responsabilités de SYRIZA et de la GAUCHE DEMOCRATIQUE sont entières. Indépendamment de leurs ponctuelles divergences, ils ont fait du Mémorandum leur drapeau, simultanément défendant l’UE, effaçant tout le cheminement du développement capitaliste en Grèce, et l’intégration à l’UE. Ils cultivent parmi le peuple une multitude d’illusions et de vains espoirs sur un changement d’équipe dans le système politique actuel, avec un gouvernement qui saurait, à les en croire, être plus à même de négocier gentiment et bien avec l’UE pour gagner du temps, pour servir la dette tout en coexistant harmonieusement avec les monopoles et leurs unions internationales.

Il est manifeste que le soi-disant front anti-Mémorandum, avec tous les épithètes qui lui sont attribués: «de gauche», «rénovateur», «patriotique», «national-indépendantiste» n’est qu’une bulle de savon, puisqu’il n’abrite que des forces hétéroclites, dont le dénominateur commun est le sauvetage du système capitaliste et sa déshumanisation sournoise.

Maintenant le peuple, après la première défaite du système politique et sa première victoire, particulièrement la classe ouvrière, doit faire un pas discernable, pour mieux dire, un bond vers l’avant  tout en tenant compte de ce qui suit:

1)        Le peuple doit affronter la prochaine vague de faillite sauvage - incontrôlable par le peuple - pour renverser le rapport de forces sur le terrain politique et social. Non seulement il doit se dresser contre les mesures conduisant à l’appauvrissement total et relatif, et aussi à l’indigence, mais doit aussi assumer sa responsabilité pour que deviennent son patrimoine: les sources de développement, les moyens de production et les potentialités du pays. De quoi aurait-il peur puisqu’on l’a mis en faillite et qu’on lui impose une nouvelle vague de mesures de misère? Déjà il a beaucoup perdu. S’il veut se débarrasser de la Troïka il doit lutter pour la sortie de l’UE. Il n’est pas possible qu’il se batte de manière défensive et ne  revendique que des miettes. Il doit se battre pour le bien-être social et populaire, tel qu’il a besoin  comme il a droit, ces premières décennies du XXIe siècle.

2)        Il ne doit pas succomber aux sirènes du déguisement du système politique et à ces diverses concoctions, entre éléments de la ND, du PASOK, du LAOS et d’autres partis parlementaires. Il faut qu’il poursuive les efforts pour la désagrégation du PASOK et de la ND. Qu’il ne donne pas son soutien à l’apparence de nouveaux partis bourgeois. Qu’il ne laisse pas la moindre marge de manœuvre au système politique bourgeois déguisé en centre-droit ou en centre-gauche. Qu’il passe à la contre-attaque.

3)        Avec préparation et courage, il faut qu’il se dresse de toute sa hauteur contre la violence étatique et la répression qui s’accentuera dans une nouvelle vague d’anticommunisme enragé qui a pour cible le PCG, mais dont les balles frapperont le peuple et ses libertés démocratiques. Les événements inacceptables d’hier font partie de la provocation étatique pour frapper le mouvement populaire, que soit calomniée sa lutte de rupture et de renversement en se servant de cagoulards, le soi-disant groupes anti-pouvoir, de bandes organisées, de hooligans. Les travailleurs perdent leur emploi, pointent au chômage alors que les employeurs annoncent qu’ils ne rouvriront peut-être pas leurs magasins. Le mouvement ouvrier et populaire n’a qu’un seul intérêt: de prendre entre ses mains la richesse du pays, accaparée et exploitée par les monopoles. Que le NON au pouvoir des monopoles et le OUI au pouvoir ouvrier populaire, deviennent le OUI à la mobilisation, au détachement et à l’annulation unilatérale de la dette, voilà le vrai choix qui renforce et rend le mouvement efficace et vainqueur, annule toute tentative de transformation du système politique, toute forme de provocation, d’empoignement anticommunisme, qui a comme cible non seulement le PCG mais tout le peuple en lutte.

4)        Concourir avec le PCG pour rendre plus puissante l’alliance populaire de la classe ouvrière, des pauvres travailleurs indépendant, commerçants, artisans, agriculteurs pauvres, donner plus d’importance à l’action commune avec des organisations de jeunes et de femmes en lutte. C’est l’alliance dont le peuple a besoin. Voilà le neuf qui nait, la condition pour vaincre le système politique pourri et ses partis politiques, pour imposer des changements radicaux à l’économie et au pouvoir.

Les points de départ de l’organisation de la lutte sont les lieux de travail, les usines et les bureaux dans les secteurs privés et public, les banlieues ouvrières et populaires, la campagne pauvre. Les conférences et associations ouvrières, les comités populaires sont le fondement du mouvement organisé dans tout le pays avec une orientation unie contre le pouvoir des monopoles, en faveur du pouvoir ouvrier et populaire.

Le PCG est aujourd’hui encore plus déterminé et mûr pour donner de la force et de l’efficacité à la lutte. Ses membres et les membres de la Jeunesse communiste de Grèce, ses amis et adhérents et ses sympathisants peuvent et doivent assumer encore davantage de responsabilités.

La place du travailleur, de l’employé, du chômeur, du retraité, du travailleur indépendant, du pauvre agriculteur est aux cotés du PCG, et nulle part ailleurs!

 

[ Traduction Alexandre MOUMBARIS ]

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