IVG/AVORTEMENT : LA RDA (REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE ALLEMANDE) COMMUNISTE LE LEGALISE DES 1972. LA RFA CAPITALISTE S'Y EST TOUJOURS OPPOSEE

Publié le par Tourtaux

25_Jahre_DDR_stamp.jpgIVG/avortement : la RDA (Allemagne de l'est) communiste le légalise dès 1972. La RFA capitaliste a toujours refusé

 

Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/

 

l'Allemagne communiste avait devancé de loin l'Allemagne capitaliste.Les commémorations se sont multipliées ces derniers temps pour saluer l'adoption de la loi sur l'IVG en France en 1974. Peu ont souligné que la Russie soviétique était déjà parvenu à ce progrès en 1920, que

 

En Allemagne réunifiée, le Code Pénal du Reich est encore en vigueur. Il criminalise dans son article 218 l'avortement : passible à l'origine de 5 ans d'emprisonnement pour la femme et la pratiquant, la peine a depuis été réduite à 3 ans de prison maximum.

 

Il existe toutefois depuis 1995 une tolérance avant trois mois, en cas de situation de détresse sociale ou médicale avérée. L'opposition des régions conservatrices, de l'Eglise catholique, reste un frein à toute légalisation claire, et à l'abrogation du tristement célèbre article 218.

 

Le poids de l'Allemagne conservatrice : « kinder, küche, kirche »

 

Quand l'Allemagne était deux, les choses étaient beaucoup simples. Enfin, de l'autre côté du mur.

 

Dans l'après-guerre, l'Allemagne sortait de la chape de plomb de l'Allemagne nazie, après cinq décennies de II nd Reich réactionnaire, puis une décennie de République conservatrice. « Kinder, küche, kirche » (Enfants, cuisine, Eglise) avaient été le seul horizon pour les femmes.

 

Il a fallu du temps pour que les mentalités changent. Elles ont changé plus vite, massivement à l'Est. Ce fut l'effet d'un gouvernement communiste qui a valorisé l'égalité homme-femme au travail, dans l'éducation, le sport, a osé l'éducation sexuelle très tôt, s'est émancipé de la tutelle des Églises.

 

Le mouvement communiste a été à l'avant-garde de la revendication de l'abrogation du § 218. Le KPD (Parti communiste allemand) le revendiquait dès les années 1920, il participé à un mouvement de masse contre le « paragraphe de classe » porté par des artistes renommés tels Käthe Kollwitz, Bertolt Brecht ou Kurt Tucholsky.

 

L'Allemagne nazie avait dévoyé la revendication de l'avortement, cyniquement instrumentalisée mais aussi brutalement réprimée : pour les « non-aryennes », la généralisation de l'avortement au nom de l'eugénisme, d'abord limité aux malades congénitaux ; pour les « aryennes », la criminalisation radicale de l'avortement, soumise à la peine de mort à partir de 1943.

 

La révolution tranquille en RDA : l'avortement légalisé en 1972

 

En RFA capitaliste, rien ne change jusqu'aux années 1970 où la revendication d'abrogation du § 218 remonte, sur fond de libéralisation des mœurs. Elle trouve un écho dans le gouvernement social-démocrate de Willy Brandt mais rencontre une opposition conservatrice farouche.

 

En RDA communiste, l'affaire ne crée aucun problème. Le 9 mars 1972, le gouvernement de alter Ullbricht fait voter « La loi sur l'IVG » (« Gesetz über die Unterbrechung der Schwangerschaft »), intégrée à une logique de « planning familial ». Un consensus rompu seulement par 14 députés chrétiens-démocrates qui voteront contre le projet du SED (Parti du socialisme unifié).

 

L'échec de la légalisation de l'avortement en RFA

 

En RFA, le projet de « Fristenlösung » (« loi réglementant l'IVG selon des délais ») de Willy Brandt en 1974 est modéré. Il permet l'avortement dans les trois premiers mois, après consultation préalable, sous certaines conditions précises. La Cour Constitutionnelle fédérale annule la loi.

 

Elle est retoquée en 1976. L'avortement y est toujours puni d'une peine de prison allant jusqu'à trois ans, sauf quatre « exceptions » : pour raisons médicales, eugéniques (sic), criminologiques (viol) et de détresse sociale.

 

Cette dernière indication sera l'objet de toutes les attaques de la droite conservatrice. Elle sera prétexte au grand Procès de Memmingen fin des années 1980 – au moment où on célèbre en France la chute du Mur de Berlin – qui verra la condamnation de praticiens et de femmes accusées d'IVG.

 

La réunification, un recul pour les femmes d'Allemagne de l'est

 

La réunification a signifié pour les femmes de RDA un recul. Dans un premier temps, les deux gouvernements ont fixé la co-existence de lois contradictoires : celle très libérale en RDA, celle encore fort restrictive en RFA.

 

La réunification ne résoudra pas la querelle entre les deux systèmes. Un nouveau projet en 1992 (reprenant la version déjà restrictive de 1974) est repoussé par la Cour constitutionnelle qui n'était composée d'aucun juge de l'ex-RDA, d'une seule femme contre huit hommes.

 

La réforme de l'article 218 a finalement eu lieu en 1995. Il est limité à un avortement avant la fin de la 12 ème semaine, et doit répondre à une de ces exigences : que l'acte sexuel était un viol, que l'enfant représente un danger pour la mère, que la femme ait réalisé un entretien avec un spécialiste.

 

Si la femme n'a pas été victime d'un viol, ou que sa santé n'est pas clairement en danger, l'opération – autour de 400 € – n'est pas remboursée par la Sécurité sociale.

 

Ce recul objectif par rapport aux temps de la RDA n'est pas ressenti dans les têtes des Lander d'ex-RDA : sur les 9 premiers Lander pour le taux d'avortement, on retrouve les 6 ex-Lander de RDA. Les 6 lander en-dessous de la moyenne nationale sont tous des ex-lander de RFA.

 

C'est une autre histoire de l'Allemagne, une autre réalité de la guerre sans merci que se sont livrés système capitaliste et socialiste en Europe et dans le monde. Pour le droit des femmes (et des hommes) à l'amour libre, à la maîtrise de leur corps, à la Sécurité sociale, à l'égalité réelle, c'est clair : le communisme a constitué un progrès incontestable.

 

Mercredi 10 decembre 2014

Publié dans Santé

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L
Dichy Samy : Trés bon article !
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