LE PARTI COMMUNISTE OUVRIER TUNISIEN DECIDE DE NE PLUS ETRE COMMUNISTE

Publié le par Tourtaux

pcot-220711-2.jpgLe Parti Communiste Ouvrier Tunisien (PCOT) achève sa mutation et abandonne le nom de « communiste »

 

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

 

Nous l’annoncions en novembre dernier, le « nom » du PCOT correspondait de moins en moins à la « chose », le tournant programmatique et identitaire de l'ancien groupuscule d'extrême-gauche correspondait de moins en moins à son héritage historique.

 

En juillet 2011, lors de son dernier congrès, la question du changement de nom et des symboles du parti a été posée, débattue et finalement suspendue.

 

Le 10 juillet 2012, le secrétaire-général du PCOT Hamma Hammami a franchi le pas : il a annoncé que son parti abandonnait non seulement le mot « ouvrier » mais surtout celui de « communiste ».

 

Le Parti communiste ouvrier de Tunisie (PCOT) s'appellera désormais le Parti des travailleurs tunisiens (PTT).

 

Dans sa conférence de presse, Hammami a déclaré que le terme de « communisme » renvoyait à une autre époque et prêtait le flanc aux attaques des opposants au parti. Surtout, il dégage trop de préjugés négatifs parmi la population, d'où la nécessité de changer de nom pour se rapprocher des gens.

 

Quant aux symboles de la faucille et marteau, si Hammami n'a rien annoncé dans sa conférence de presse, le journal du parti Al-Badil a déjà annoncé un changement de logo qui laisse présager leur disparition.

 

Le parti a également annoncé ce mois-ci sa décision de former un « Front » regroupant neuf formations politiques « de gauche », à l'identité hétéroclite, des nationalistes du Baath aux marxistes pan-arabes du Watad.

 

Il convient de rappeler que l'ex-PCOT est issu d'une scission pro-albanaise, datant de 1986, d'une formation maoïste. Longtemps groupuscule, la liquidation du Parti communiste tunisien (PCT) en 1994, transformé en parti réformiste de centre-gauche, Ettajdid, lui a ouvert un espace politique que son nom lui permit d'occuper.

Avec un réel travail militant, un courage certain sous la dictature et des positions de rupture révolutionnaire, l'ex-PCOT a pu se garantir une certaine audience partiellement reconnue lors des élections de novembre 2011, où le Parti a tout de même obtenu 3 députés, et près de 2% des voix.

 

Héritier de positions d'ultra-gauche, l'ex-PCOT a lentement évolué vers des positions « réformistes radicales », notamment à partir de slogans porteurs sur la redistribution des richesses.

 

Un tournant accéléré par la pseudo-transition à la démocratie où la confusion des positions conservateurs-populistes des islamistes d'Ennahda, l'alignement de la prétendue « gauche » laïque sur des positions centristes et libérales, a laissé un espace pour une gauche d'affichage radicale mais pleinement insérée dans la scène politique tunisienne.

 

C'est le pari d'Hamma Hammami et de la direction du nouveau PTT. C'est en des termes remarquablement analogues que le dirigeant trotskiste Alain Krivine justifiait par exemple il y a quatre ans la transformation de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) en Nouveau parti anti-capitaliste (NPA), pour un résultat politique plutôt douteux.

 

L'avenir dira si le pari électoraliste de Hamma Hammami sera payant électoralement.

 

En tout cas, l'abandon du terme « communiste » par le PCOT ne change rien à l'essentiel, révélé cruellement un an et demi après une révolution tunisienne confisquée :

 

Plus que jamais, dix-huit ans après la liquidation du PCT, le peuple Tunisien a besoin d'un Parti communiste fort, de classe et de masse, fier de son identité et rassembleur !

                                                                                                   Samedi 28 juillet 2012

Publié dans Tunisie

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