LOIK LE FLOCH-PRIGENT, ANCIEN PDG DU GROUPE PETROLIER ELF CONDAMNE POUR DETOURNEMENT DE FONDS VA DEVOIR RETOURNER EN PRISON
PARIS - Loïk Le Floch-Prigent, ancien P-DG du groupe pétrolier Elf condamné pour détournement de fonds dans une affaire devenue emblématique de la corruption, va être de nouveau incarcéré.
La Cour de cassation a confirmé jeudi un arrêt de la cour d'appel de Versailles rendu en juin 2009 qui révoquait sa libération conditionnelle et ordonnait son retour en prison pour une durée de six mois, a-t-on appris auprès au parquet général de la Cour.
Cette décision est due au fait qu'il n'a pas versé une part des réparations dues à son ancienne société, absorbée depuis par Total. La facture est de plusieurs centaines de millions d'euros.
C'est désormais au parquet général d'organiser matériellement son retour en détention.
Son avocat Francis Chouraqui a condamné la décision.
"C'est un acharnement judiciaire (...). On s'acharne sur lui parce qu'il est un homme libre et que c'est quelque part la raison d'Etat. Il est celui qui a su, il est celui qui a fait et qui n'a rien dit", a -t-il déclaré jeudi sur RTL.
Loïk Le Floch-Prigent, 66 ans, nommé P-DG d'Elf de 1989 à 1993 par François Mitterrand, a été condamné trois fois à cinq ans de prison ferme, 30 mois ferme et 15 mois avec sursis, peines confondues. Il est sorti de prison en 2005 après avoir purgé, en deux fois, 20 mois de détention.
Il avait été reconnu coupable de détournement de plusieurs centaines de millions d'euros des caisses du groupe pétrolier absorbé depuis par Total.
Cette affaire a été portée à l'écran par Claude Chabrol sous le titre "L'ivresse du pouvoir".
Devenu consultant international, Loïk Le Floch-Prigent disait l'été dernier travailler pour une dizaine de chefs d'Etat africains gratuitement, ce que la cour de Versailles avait jugé "peu crédible".
L'ancien P-DG n'a remis à Total que quelques centaines d'euros en réparations. Il a renoncé à se faire verser sa pension de retraite pour qu'elle ne soit pas saisie, remarque la cour de Versailles.
Des dizaines de personnes ont été condamnées dans cette affaire, dont l'ancien bras droit de Loïk le Floch-Prigent Alfred Sirven, mort en 2005 après trois ans de prison ou encore André Tarallo, l'ancien "M. Afrique" du groupe pétrolier.
Condamné à sept ans de prison ferme en appel, ce dernier n'a purgé que quelques semaines de détention avant d'être libéré en 2003 pour raisons médicales.
Selon Le Parisien de jeudi, il vient d'acquitter les sanctions financières auxquelles il a été condamné après avoir vendu à Martin Bouygues, dirigeant du groupe de B-TP, une luxueuse villa construite en Corse avec l'argent volé à Elf.
Thierry Lévêque, édité par Sophie Louet