ROBERT BIBEAU : LA PAUVRETE VOLONTAIRE DES NOUVEAUX VICAIRES DE L'ECONOMIE
LA PAUVRETÉ VOLONTAIRE DES NOUVEAUX VICAIRES DE L’ÉCONOMIE
8.02.2015
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/la-pauvrete-volontaire-des-nouveaux-vicaires/
Un débat fait rage parmi les bobos, les poncifs économistes, les altermondialistes et les intellectuels altruistes cloîtrés dans leur Tour d’Argent sur la rue Saint-Jean et dans les bistros des beaux quartiers de Paris, Montréal, Londres, Berlin et New York. Naomi Klein et Noam Chomsky, font partie de cette fratrie des amis de la petite bourgeoisie.
LA question qui tue, LA question qui se pose à l’humanité selon les poncifs des cafés branchés serait «Doit-on dire NON à la croissance ? » Reprenez votre souffle camarades – bonnes gens à l’arrêt d’autobus qui n’arrive pas, le ticket entre les dents glacées – citoyennes surtaxées – SDF mal logé – déshérités des soupes populaires et des comptoirs alimentaires – petits bourgeois surendettés – chômeurs désespérés – assistés sociaux paupérisés et ouvriers malmenés et surexploités. Quelques poncifs déconnectés de la réalité se penche sur vos priorités et tels les curés, ils vont trancher à propos de vos désirs inavoués.
Pas un de ces bobos alter mondiaux s’épivardant dans La Presse des Affaires n’a remarqué que l’économie capitaliste est en sursis, qu’il n’y a plus de croissance réelle (j’exclus la surchauffe monétaire inflationniste et l’enflure boursière des actifs spéculatifs). Aucun de ces plumitifs n’a noté qu’un krach boursier de « décroissance » catastrophique s’invite (1). Et voilà ces intellectuels laïques spéculant sur les relents de bonheur de la décroissance et du misérabilisme croissant des travaillants – pas pour eux évidemment. Pour les plus âgés, vous vous souviendrez des curés et des vicaires d’antan qui discouraient devant nos parents à propos de la misère volontaire des riches souffrants de cet argent mal acquise, courbant sous le poids de ce patrimoine marchand spolié, que le thuriféraire opposait au bonheur du pauvre laboureur s’échinant sur sa charrue de la barre du jour à la nuit venue ?
Permettez que je vous cite une fleur de ce jardin d’universitaire. L’auteur sévit aux HEC – la grande école de nos futurs administrateurs capitalistes et étatiques. La prose du servant va comme suit : « Yves-Marie Abraham, cité dans ce dossier [du journal La Presse du 31 janvier 2015], tenant de la décroissance, affirme que « Ce modèle de croissance à tout prix arrive à ses limites ». Tiens j’avais cru comprendre que la croissance était terminée depuis longtemps et pas près de revenir. Mais où donc ce jésuite a-t-il observé de la croissance ? Est-ce auprès des malades qui attendent que le ministre de la Santé réduise les temps d’attente à l’urgence, ou auprès de ceux qui n’ont toujours pas de médecin de famille, malgré les promesses du ministre Barrette ?
Les poncifs économistes déblatèrent comme si quiconque ici sur Terre avait le moindre contrôle sur la croissance ou la décroissance économique – et sur l’évolution du mode de production capitaliste. Pourtant, chaque gouvernement aux parlements (à Québec et à Ottawa) fait la preuve d’une totale impuissance à contrôler quoique ce soit dans la gouvernance économique de la décroissance. Hier, Harper prétendait équilibrer ses finances. Aujourd’hui, il déchante puisque rien n’est assuré. Barack Obama ne contrôle pas l’économie américaine. Quel pouvoir de planification de la «croissance-décroissance» mondiale possède monsieur Abraham ?
On croit rêver à la lecture de ces billevesées déconnectées de la réalité, de la misère des quartiers, de l’endettement astronomique des foyers et de la pauvreté des enfants qui s’épand. C’est ce genre de mystique volontariste qui a fait voter par l’Assemblée nationale une loi pour combattre la pauvreté au Québec dont Québec Solidaire est si fier. Depuis ce libellé avorté, la pauvreté ne cesse de se développer dans la province de Québec en crise systémique chronique.
On nous permettra un dernier commentaire à propos des idées étalées dans le bréviaire de l’auteur de l’«». Ces fadas s’intéressent à l’indice de bonheur et supputent qu’à : « partir d’un certain niveau de PIB, il n’y a plus de corrélation entre le bien-être et la croissance économique, prenant pour exemple le Québec, qui se classe très bien dans cet indice de bonheur de l’OCDE même si son PIB par habitant est relativement peu élevé » (2).
Il faudrait que notre universitaire aille s’expliquer devant les vieillards parqués, non lavés, dans des résidences pour personnes âgées, parfois molestées, mal alimentées, menacées, incendiées, taxées, qui en viennent à réclamer la mort comme une délivrance (et la petite bourgeoisie guerroie pour adopter des lois qui leur permette de se suicider). Il est à combien l’indice de bonheur dans ces mouroirs de la providence ? Au lieu de prêchi-prêcha à propos de la pauvreté volontaire et plutôt que de spéculer pour savoir si la «croissance économique» est un objectif louable ou pernicieux ces économistes en tricycle devraient tenter de comprendre et de nous expliquer pourquoi la croissance durable est tout simplement impensable en économie capitaliste non planifiée et anarchique, soumise aux lois du profit maximum et de l’accumulation optimum.
MANIFESTE DU PARTI OUVRIER : http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
(1) http://plus.lapresse.ca/screens/d1bfc05f-c372-400c-a2d7-7c40742d6f96%7C_0.html