VILLE DE MARSEILLE : LE PDG DE LA SEM FAISAIT FONCTION D'ADJOINT A L'EAU : LES 350 MILLIONS D'EUROS EN CADEAU DE GAUDIN A VEOLIA
Un nouveau contrat moins « pourri »
Après 53 ans de bons et loyaux services, la Sem a remporté en novembre 2013 la nouvelle délégation de service public Eau de la communauté urbaine Marseille (CUM). Soit quinze ans de “rab”, à partir du 1er janvier 2014, pour quelque 2,25 milliards d’euros. Pour Bernard Mounier, de l'association Eau bien commun, le nouveau contrat « par rapport à l’ancien, particulièrement pourri, est dans les standard actuels ». La principale victoire de la communauté urbaine est d’avoir obtenu plus de transparence en imposant une société dédiée, des travaux mieux encadrés, une meilleure connaissance du service de l'eau et le retour à une comptabilité lisible. L’objectif de la CUM étant de s’offrir la liberté d’un retour en régie, ou non, en fin de contrat.
Un audit des nouveaux contrats réalisé par l’expert-comptable Patrick du Fau de Lamothe, élu ex-EELV au conseil régional d’Aquitaine, pointe cependant de nombreux points négatifs. Liste non exhaustive : une baisse en trompe l'œil de la facture des usagers (1,8 % en valeur 2012, à cause de l’assainissement, donc quasi nulle en 2014), des frais généraux importants (plus de 15 millions d’euros par an pour les seuls frais d’administration, près de 2 millions d’euros pour de mystérieux « remboursements de frais de Groupe ») ou des objectifs environnementaux et un contrôle citoyen quasi absents.
Cerise sur le gâteau : l’audit relève que la future société a prévu de financer tous ses investissements par l’emprunt, tout en distribuant entre 2014 et 2019 un montant de dividendes (27 millions d’euros) équivalent… à celui emprunté ! Un mauvais présage ? À la CUM, certains craignent en effet un « détricotage » du contrat une fois les élections municipales de 2014 passées. « Imposer une société dédiée à la Sem a été un véritable bras de fer, avant et après les négociations, souligne l’un des négociateurs. L'objectif de son PDG, Loïc Fauchon, est de la faire revenir dans le groupe pour en extraire la trésorerie et les dividendes. »