SONDAGE ELYSEEN : QUEL MERDIER!

Publié le par Tourtaux

Sondages Opinion Way : cette fois, la com de l’Elysée cafouille

Régis Soubrouillard - Marianne | Mardi 21 Juillet 2009 à 07:01 | Lu 4167 fois

D'habitude parfaitement calibrée, la communication élyséenne présente des signes de faiblesse inquiétants à mesure des révélations sur l'affaire Opinion Way-Le Figaro. Faute de pouvoir éviter le sujet, les affidés du président répondent aux questions des journalistes quitte à rajouter de la confusion à un dossier de moins en moins clair.


Sondages Opinion Way : cette fois, la com de l’Elysée cafouille
«On commande des sondages, si des journaux veulent acheter les mêmes, nous, on n’y peut rien !». C’est presque par le fait du hasard que Claude Guéant a maladroitement tenté de justifier, ce dimanche au micro d’Europe 1, les soupçons de coproduction d’études par l’Elysée, Le Figaro et LCI.

Interrogé par Guy Birenbaum sur lepost.fr, le directeur d’Opinion Way qui tient à démontrer lui aussi qu’il n’y a pas d’affaire dit exactement le contraire : « Tous les sondages réalisés par OpinionWay et publiés par Le Figaro et par LCI, absolument tous sans exception, ont été payés par Le Figaro et LCI et par personne d’autre. Nous avons toutes les factures correspondant à ces enquêtes et nous pouvons évidemment les produire si nécessaire ».

Se faisant plus précis sur les pratiques du milieu, Hugues Cazenave ajoute : « Comme tous les instituts, OpinionWay dispose d’enquêtes omnibus hebdomadaires qui permettent à nos différents clients d’acheter des questions en partageant les coûts fixes d’une étude. Cela signifie qu’une même enquête administrée à un même échantillon de 1000 personnes va être financée par plusieurs de nos clients (le Figaro et LCI, un cabinet de conseil, le Nouvel Observateur, la fondation Terra Nova, think tank proche du PS, etc.), qui bénéficient ainsi de tarifs avantageux pour des résultats de qualité. Ce qu’a acheté l’Elysée à ce cabinet de conseil, ce ne sont donc pas les enquêtes publiées par Le Figaro, mais des questions spécifiques, non publiées et issues de notre omnibus (d’où probablement la confusion dans la lettre de la Cour des Comptes et l’amalgame pratiqué par certains) ».

Et les arguments d’Etienne Mougeotte, viennent encore ajouter de la confusion à la confusion. Ainsi le directeur du Figaro a affirmé « que les sondages expriment des questions posées par le Figaro et que ces enquêtes sont payées par le Figaro. Je démens formellement qu'un sondage publié par le Figaro ait été payé par quiconque d'autre que le Figaro. Je conteste formellement que la présidence de la République ait pu financer un sondage publié par le Figaro ».

La présidence prise au dépourvu
Sondages Opinion Way : cette fois, la com de l’Elysée cafouille
Presqu'autant d'acteurs que de versions des faits : pour Opinion Way, l’Elysée n’achète que des questions spécifiques non publiées par les journaux. Etienne Mougeotte, lui, dément que la présidence de la République ait pu financer un sondage publié par Le Figaro. Et Claude Guéant sème le trouble en expliquant que l’Elysée n’est en rien concerné par le fait que des journaux achètent les mêmes sondages que la présidence de la République! Façon on ne peut plus explicite d’admettre l’existence de ces pratiques.

Des propos contradictoires qui laissent transparaître un certain laisser-aller dans la très calibrée et ultra-professionnelle communication de Sarkozy et de son entourage. Pris par surprise par ce rapport de la Cour des comptes  qui devait faire la preuve du souci de la transparence de l’Elysée, voici la présidence, toujours prompte à l'offensive, incapable de trouver le bon angle de contre-attaque.

Considérée comme un fait mineur, dans un premier temps, la plupart des médias ont d’ailleurs foncé tête baissée dans le mur élyséen, s’extasiant sur les progrès faits par la présidence en matière de transparence. Ce n’est que dans un second temps que l’affaire opinionway-Le Figaro a pris le dessus.

Au fil des jours, l’Elysée a du faire face au dévoilement de pratiques pour le moins « obscures », telles que le recours à des cabinets conseils, comme celui de Patrick Buisson (un cabinet sans bureau propre, simplement hébergé par une société de domiciliation), qui a refusé de répondre à tous les médias.

Opinion Way-Le Figaro-Elysée: Connivences et plus si affinités...
Même le si prolixe et intarissable Lefebvre toujours prompt à sauter à la gorge de celui ou celle qui oserait émettre des critiques à l'égard du Grand Leader a été pris de court. Pas très inspiré, le sniper de l’UMP a donné dans le service minimum, défendant la « transparence totale » de l'Elysée sur ses comptes, en « rupture » avec le passé. « Les sondages à l'Elysée, c'est un outil indispensable pour fonctionner, et c'est un outil qui a toujours existé », a expliqué le porte-parole de l'UMP. Visiblement déjà agacé d’avoir à admettre que la présidence de la République se gave de sondages quand la coutume veut qu’en politique, on ne mange pas de ce pain là.  

Au-delà des faits eux-mêmes, c'est l’incroyable légèreté des communicants de l’Elysée et de la direction du Figaro qui prédomine dans cette affaire. Les enquêtes Opinion Way-Le Figaro/ LCI apparaissent comme la boussole hebdomadaire de la communication et de la tactique politique élyséenne. D’où des accusations de connivence qui expliquent la réaction de la société des journaliste du Figaro. Car de l’accusation de connivence à la possibilité d’envisager que l’Elysée et Le Figaro poursuivent un objectif commun, il n’y a qu’un pas…Alors que, dans ses pages, le journal n'a pas consacré une ligne à cette affaire, lundi 20 juillet le Figaro a réservé près d'une page à la nouvelle communication du président et son image de leader apaisé. D'ici à ce qu'une enquête Opinion Way vienne nous confirmer que 89% des Français trouvent le président «zen», «serein», «apaisé» et «calme»....
Source : Marianne

Publié dans Politique

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LA DICTATURE EST LA!
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Marianne oublie la cerise sur le gâteau(lu dans Wikipedia) :<br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/Patrick_Buisson<br /> <br /> Fils d'un ancien partisan de l'Action française, Patrick Buisson est élevé dans la pensée maurrassienne et l'anticommunisme.<br /> Étudiant en histoire appréciant notamment Philippe Ariès et Raoul Girardet, il est titulaire d'une licence d’histoire et d'une maîtrise de lettres en 1971. Durant ses études, il devient vice-président de la Fédération nationale des étudiants de France (FNEF), et s'oppose au Mouvement du 22-Mars en 1968 aux côtés d'Alain Renault. En 1984, il publie avec Pascal Gauchon, ex-rédacteur en chef de Défense de l'Occident et ancien secretaire général du Parti des forces nouvelles, OAS, Histoire de la résistance française en Algérie, livre préfacé par Pierre Sergent, l'un des dirigeants de l'organisation.<br /> Patrick Buisson entre en 1981 à l'hebdomadaire d'extrême-droite Minute, dont il devient le correspondant à l’Assemblée nationale. Entre 1986 et 1987, il dirige la rédaction de ce journal qu'il ouvre à l'ensemble des idées de droite et d'extrême-droite, déclarant que « Le Pen, le RPR et le PR, c'est la droite. Souvent, c'est une feuille de papier à cigarettes qui sépare les électeurs des uns ou des autres »[3]. Remercié de Minute, il devient directeur de la rédaction générale de Valeurs Actuelles en 1987[1].<br /> Spécialiste de politique intérieure, il occupe ensuite successivement ou simultanément diverses fonctions dans la presse : , rédacteur en chef de La Lettre bleue, directeur du Crapouillot, autre journal d'extrême-droite, et directeur de la SEPA, société éditrice de disques de Jean-Marie Le Pen. Il mène également une activité éditoriale indépendante centrée sur les « one shot » de presse.<br /> Après 15 ans de presse écrite, il s'oriente vers le conseil aux hommes politiques. Il devient conseiller de Jimmy Goldsmith et de Philippe de Villiers dont il dirige la campagne pour les élections européennes de 1994 et la campagne présidentielle de 1995, en axant les discours vers l'aile droite du RPR par l'affirmation du souverainisme. À la tête de sa société Publifact, il vend ses services à Alain Madelin et François Bayrou.<br /> Spécialiste des études d'opinion, il lance en 1996 la revue hebdomadaire Politique Opinion en association avec l’ensemble des directeurs des instituts de sondages, et anime à partir de 2000 la page « Opinion » du Figaro. Créateur et animateur de nombreuses émissions politiques sur LCI dont Le Club de l’opinion (1997-2000), Politoscopie (1999- 2000) puis 100% Politique (à partir de 2001), en compagnie de David Pujadas. Créateur et animateur de Un livre, un débat en 2003 puis de Questions qui fâchent (à partir de 2005). Entre 2005 et 2007, il co-anime ensuite l'émission hebdomadaire sur LCI intitulée Politiquement Show, et assure également l’émission Questions qui fâchent avec Michel Field.<br /> Ayant prédit la victoire du « non » à 55% au référendum français sur le traité constitutionnel européen, il est approché par Nicolas Sarkozy en 2005, alors ministre de l'Intérieur, qui en fait un de ses proches conseillers, équilibrant le gaullisme social d'Henri Guaino, rédacteur des principaux discours de sa campagne[1]. Catholique traditionnel, méfiant envers les élites et profond connaisseur des classes populaires, Patrick Buisson considère que le peuple aime les hommes d'État volontaires, et aide le candidat à convaincre l'électorat populaire et conservateur séduit par le Front national, sans craindre les transgressions médiatiques. On lui donne ainsi la paternité du ministère de l'identité nationale, et un rôle important dans la gestion des incidents de la gare du Nord ainsi que dans l'évocation des racines chrétiennes de l'Europe lors de la campagne présidentielle. Sans poste officiel à l'Élysée, à sa demande, suite à l'élection de Nicolas Sarkozy, il demeure cependant un collaborateur très écouté, et quitte l'antenne de LCI. À la tête du cabinet Publifact, il a facturé en 2008 à l'Élysée un total de 130 autres factures pour des conseils, dont une quinzaine de sondages réalisés par OpinionWay et publiés par Le Figaro et LCI, pour un prix de 392 288 euros. Selon la Cour des comptes, le total de ses prestations a atteint la somme de 1,5 million d’euros pour l'année 2008.<br /> Décoré par le président de la République de la Légion d'honneur le 24 septembre 2007, il dirige la chaîne Histoire (groupe TF1) depuis octobre 2007.
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