PARIS : PRISE DE LA BASTILLE PAR 7 SALARIES GREVISTES DE LA FAIM CONTRE UN PATRON VOYOU

Publié le par Tourtaux

A la Bastille, une grève de la faim contre un «patron-voyou»
REPORTAGE

Sept salariés d'un restaurant ont entamé une grève de la faim depuis quatre jours. Ils dénoncent les injures racistes dont ils seraient victimes de la part du gérant et le non versement de leur salaire.

Les salariés de chez

Les salariés de chez "Oscar" sur les matelas aménagés pour la grève de la faim entamée le 4 août dernier (DR)


Les matelas sont posés à même le trottoir, quelques hommes sont allongés, le regard lessivé et le corps fatigué. Cela fait maintenant quatre jours qu'une poignée de salariés du restaurant Oscar, au coeur du quartier de la Bastille, à Paris, ont entamé une grève de la faim contre le traitement que leur ferait subir le gérant de leur restaurant: «Injures racistes, non-versement des salaires et même menaces de mort», expliquent-ils.

Mercredi, ils ont porté plainte pour «propos racistes». Le restaurant a fermé, mais ils restent. Ils attendent depuis que «l'Etat se bouge».

Histoire. «Mr. Maurice [le gérant] mettait souvent un torchon sale sur sa tête, et imitait les Arabes pour se moquer de nos traditions» raconte Assadi Taieb, le cuisinier du restaurant. Au fil des jours, les insultes se seraient multipliées: «Vous êtes nuls, vous n'êtes bons qu'à passer le balai dans la rue, et encore!», «tous les Français devraient voter Le Pen pour dégager tous les immigrés».

Une première grève est organisée fin mai lorsque leur patron décide de licencier le délégué syndical M. Amokrane. Devant la solidarité des grévistes, le gérant fait machine arrière. Pourtant, quelques jours plus tard, «j'ai reçu des menaces de mort de quelqu'un qui s'est présenté comme le directeur du restaurant», confie-t-il. «Il a juré devant tous les salariés-grévistes que j'allais mourir».

Le mois dernier, à l'arrivée d'un nouveau chef de cuisine «blanc», l'humiliation cède la place à l'exaspération. «C'était pire que tout, il nous insultait, ne supportait pas les Arabes. C'était l'enfer», relate Belaid Boulbaba, un des commis de cuisine.

Infractions. Mais il y a pire encore. Depuis l'an dernier, les salaires peineraient à arriver, et certains salariés n'auraient pas été payés depuis trois mois. C'est le cas de Stéphane, qui a donc décidé de porter plainte de son côté pour «harcèlement moral par le biais de non-versement de salaire». Soumaré, un autre gréviste de la faim et père de huit enfants, baisse un peu les bras: «On dirait que l'inspection du travail ne peut rien, qu'elle est impuissante face à ce patron-voyou, explique-t-il. Monsieur Maurice et ses acolytes se croient au dessus des lois».

Présente sur les lieux ce vendredi matin, Me Le Caer, inspectrice du travail, tente de se montrer rassurante: «Je vais contacter l'employeur pour mettre les choses au clair au plus vite. Si les infractions sont constatées, je saisirai le Procureur de la République», affirme-t-elle.

Selon Assadi, les infractions au droit du travail seraient nombreuses, «Je suis tombé dans l'escalier le 9 juillet dernier, ma main avait enflé, je voulais aller à l'hôpital, mais le gérant a refusé. Je suis quand même parti». Libération.fr n'a pas réussi à rentrer en contact avec le gérant du restaurant.

Solidarité. «A l'heure où l'on étale à la Une des journaux les bonus faramineux des traders, voilà l'envers du décor, cette réalité est insupportable», se désespère Jacques, un habitant du quartier. «J'aide comme je peux, je leur donne à boire, et de l'argent». Et, cette solidarité, il n'est pas le seul à la faire partager. La voisine du premier étage de l'immeuble d'à côté leur propose une douche, l'épicier du coin d'utiliser les toilettes, et les habitants se relaient pour leur apporter un peu de café. 

Mais les jours à venir s'annoncent difficiles. La grève, la faim et la rue ne font pas bon ménage. L'un des grévistes est parti à l'hôpital à la suite d'un malaise, un autre redoute les attaques de bandes, surtout la nuit.

Un peu de baume au coeur: la pétition qu'ils présentent sur une petite table davant leurs matelas croule déjà sous une centaine de signatures. «En France, au 21e siècle, on ne peut pas laisser agir des patrons comme ça en toute impunité», s'indigne une passante, qui les assure de son soutien quel que soit le temps qu'ils passeront sur le trottoir. «Le temps qu'il faudra», ont-ils tous répondu.
Source : Libération

Publié dans Lutte des classes

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T
A commencer par l'armée de métier qui, en Afghanistan est revenue à l'âge des métaux. <br /> Si le courageux Sarkozy continue à faire buter des petits jeunes à qui il offre de voir du pays, faute de leur procurer un emploi stable et d'époque, ces troupes en guenilles vont revenir à l'âge de la pierre. Il y a des coups de lance-pierre qui se perdent, à commencer par la tronche des enfoirés qui nous gouvernent.<br /> Alors, tu penses bien que ces enflures n'ont rien à cirer des sept révoltés qui viennent de prendre la Bastille : <br /> A quand la prise de l'Elysée avec son armée du salut marchant réellement au pas...sous la férule des gueux de Paris?
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M
Mon pays vient de faire un bond prodigieux de 2 siècles dans le passé !!!
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