ACCORD HISTORIQUE DANS L'INDUSTRIE ALLEMANDE QUI PERMET AU PATRONAT DE SE FROTTER LES MAINS

Publié le par Tourtaux

Accord historique dans l'industrie allemande

Caroline Bruneau - Berlin
18/02/2010
Manifestation des salariés de Daimler, à l'appel du syndicat allemand IG Metall, en février dernier, à Stuttgart.
Manifestation des salariés de Daimler, à l'appel du syndicat allemand IG Metall, en février dernier, à Stuttgart.

Les syndicats ont renoncé à des hausses de salaire en échange de garanties sur l'emploi.

Pas de grève, pas de manifestations, mais une harmonie syndicat et patronat affichée. Les négociations sur les salaires et les conditions de travail dans la métallurgie pour la Rhénanie-du-Nord-Westphalie se sont conclues jeudi sur un accord qui réjouit les deux parties. «C'est un bon résultat», s'est félicité le chef du syndicat IG Metall, Berthold Huber, «avec un partage des sacrifices justes».«Voici un signe remarquable de management de crise commun», a pour sa part déclaré Martin Kannegiesser, représentant des chefs d'entreprise.

Dans un secteur très touché par la crise, le syndicat IG Metall avait fait le premier pas en ne réclamant pas d'augmentation de salaire chiffrée, une première dans son histoire. En contrepartie, les entreprises ont accepté de garantir l'emploi dans ce Land, le plus peuplé du pays.

Les mesures annoncées doivent désormais permettre aux entreprises du secteur, qui compte 3,4 millions de salariés en Allemagne, de sortir ensemble de la crise. Mesure phare de l'année 2009, le chômage partiel va être prolongé selon les besoins. Les employeurs pourront réduire le temps de travail jusqu'à 28 heures par semaine ; mais le manque à gagner pour les ouvriers sera partiellement compensé. Une prime de 320 euros sera versée cette année et, en 2011, le travail à temps partiel sera revalorisé de 2,7 %. Cela doit permettre aux entreprises de baisser leurs charges salariales, tout en ne pénalisant pas les salariés. 

Servir de modèle  

Cet accord, qui court jusqu'en avril 2012, ne vaut que pour la Rhénanie mais doit servir de modèle aux négociations similaires qui ont lieu en Bade-Wurtemberg. Là-bas se trouve entre autres le siège de Daimler, très touché par la crise. Volkswagen, en Basse-Saxe, a déjà tiré parti de la situation : dans un contrat passé début février avec ses salariés, le constructeur automobile a accepté de garantir l'emploi jusqu'en 2014 en échange d'un accroissement de la productivité de 10 % par an. Le recours au chômage partiel, quoique d'un coût très élevé pour l'État, avait été privilégié par le gouvernement dès le début de la crise. Avec des résultats probants : le nombre de chômeurs n'a augmenté que modérément dans le pays, plafonnant à 3,6 millions de personnes en janvier.

Seul bémol : «Ce n'est pas aussi favorable pour la consommation des ménages», explique Carsten Brezski, économiste à ING Financial Markets. Mais il reconnaît l'avantage pour les entrepreneurs allemands, qui «continuent de suivre la voie de la modération salariale et essaient de maintenir leur compétitivité, ce qui est bon pour les exportations». Et à terme, pour la croissance.
Source lefigaro.fr

Publié dans Lutte des classes

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