AFFAIRE AURORE MARTIN : MANUEL VALLS DEGAGE EN TOUCHE !

Publié le par Tourtaux

Affaire Aurore Martin : Manuel Valls n'a pris "aucune décision"

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls réagit à l'émoi suscité au Pays basque par l'arrestation de la militante indépendantiste. Il brandit le droit contre la critique. Interview exclusive pour Sud Ouest.

Depuis l'arrestation de la militante basque Aurore Martin, jeudi, les dénonciations de sa remise aux autorités espagnoles dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen (MAE) pleuvent, toutes sensibilités politiques confondues.

Et le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, est la première cible de l'acrimonie générale. Interrogé par "Sud Ouest Dimanche", il réagit à ce qui devient l'affaire Aurore Martin.

 

L'arrestation d'Aurore Martin est-elle réellement fortuite ou le but d'une action ciblée ?

Manuel Valls. Aurore Martin a été arrêtée lors d'un contrôle routier, habituel en cette période de vacances. Un gendarme lui a demandé son permis, qu'elle n'avait pas avec elle. Il lui a demandé son identité, qu'elle a déclinée. Son nom figurait au fichier des personnes recherchées, et elle a été interpellée sans opposer de résistance. Je démens toute autre version des faits.

Un communiqué du ministère de l'Intérieur espagnol précise pourtant que "les ministres de l'Intérieur d'Espagne et de France se félicitent de cette dernière opération policière"…

L'exécution du MAE est une décision de justice, appliquée sous l'autorité du parquet général de Pau. Ce n'est pas du ressort du ministre de l'Intérieur que je suis. Je n'ai pris ici aucune décision. Aurore Martin fait l'objet d'un MAE lancé par les autorités judiciaires espagnoles, pour faits d'appartenance à une organisation terroriste. Ces autorités sont indépendantes du pouvoir politique, comme la justice l'est aussi en France. C'est le propre des États de droit.

Je rappelle, comme l'a souligné justement la garde des Sceaux, qu'Aurore Martin a épuisé tous les recours possibles, jusqu'à la Cour européenne de Strasbourg, elle-même totalement indépendante.

Pouvez-vous réaffirmer clairement que ce fut une arrestation fortuite ?

Oui, et je n'accepte pas ces insinuations. Aurore Martin a été prise en charge par les services de police judiciaire sous l'autorité du parquet.

Vous n'avez pas eu à valider l'exécution du MAE ?

Je n'ai eu à prendre aucune décision. Si j'étais intervenu, j'aurais pu être accusé à juste titre de violation des règles fondamentales de séparation des pouvoirs.

Aurore Martin risque douze ans de prison pour son militantisme dans un parti interdit en Espagne, mais légal en France. Convenez-vous d'une disproportion entre les faits et la peine potentielle ?

Le fait que Batasuna (NDLR : le parti où milite Aurore Martin) soit interdit en Espagne mais pas en France n'a aucune incidence pour l'application de la légalité européenne. Je ne veux pas mettre en cause l'application du MAE, qui est un élément important de la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. Il ne peut pas y avoir un MAE à la carte.

L'État espagnol est souverain et démocratique, et je fais confiance à la justice espagnole pour traiter le cas d'Aurore Martin en tenant compte du fait qu'elle n'a pas de sang sur les mains. C'est la justice d'un État de droit, d'un pays qui, il ne faut pas l'oublier, a subi la violence d'ETA, violence qui a fait des centaines de morts.

Ne tombe-t-on pas, avec le cas Aurore Martin, dans le délit d'opinion ?

Je le récuse. Dans une société démocratique, il n'y a pas de place pour des actes et des discours de violence.

Les élus du Pays basque, de l'UMP à l'extrême gauche en passant par votre camp, le PS, dénoncent le sort fait à Aurore Martin…

Il me semble étrange que des élus de la République, notamment des parlementaires qui votent les lois, demandent que l'on n'applique pas la loi. Les élus doivent respecter l'indépendance de la justice, et ce des deux côtés des Pyrénées. Je demande aux élus de bien se rendre compte de ce qu'ils disent quand ils exigent une intervention de la France en faveur d'Aurore Martin.

En octobre 2010, François Hollande avait plaidé pour "un principe de clémence", au vu du cas particulier d'Aurore Martin…

Il appartiendra à la justice espagnole de se prononcer sur les accusations portées contre elle. Vous savez combien là-bas, comme chez nous, les juges tiennent à leur indépendance.

L'affaire Aurore Martin n'est-elle pas nocive dans un contexte politique d'avancées inédites vers la paix au Pays basque, depuis l'abandon de la lutte armée par ETA ?

Votre question, en soi, est étonnante. Ce qui a permis la défaite d'ETA, c'est la coopération déterminée de la France et de l'Espagne, depuis trente ans, dans la lutte contre le terrorisme. Et aussi le refus de la violence par la société basque espagnole. Nous devons mener cette action jusqu'au renoncement total et définitif de la violence par ETA, jusqu'à sa dissolution.

La coopération de nos États a encore amené récemment à l'arrestation de deux dirigeants importants d'ETA. Le reste du processus est du ressort des autorités espagnoles.

Les crispations politiques, en plein processus de paix avec le cas Aurore Martin, existent pourtant. Cette affaire est-elle un faux pas du gouvernement ?

Vous me parlez de paix alors qu'il n'y a pas de guerre en France… Appliquer la loi ne peut pas être considéré comme une faute dans une société démocratique, c'est une exigence. Le gouvernement est déterminé à lutter contre le terrorisme par la stricte application du droit. C'est cela, l'ordre républicain.

http://www.sudouest.fr/2012/11/04/manuel-valls-la-stricte-application-du-droit-869713-7.php

Publié dans Pays Basque

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