AIR FRANCE : SALAIRES BLOQUES, GEL DES EMBAUCHES PROLONGE
Social-Eco - le 13 Janvier 2012
Transports
Air France veut faire 2 milliards d’euros d’économies. Les rémunérations sont bloquées pour deux ans et le gel des embauches prolongé. Les syndicats craignent un plan social au printemps.
Avant même que la direction d’Air France ait officiellement communiqué le détail de ses mesures d’économies drastiques, les actionnaires se réjouissaient déjà de l’annonce des restrictions imposées aux salariés. Jeudi à la mi-journée, le titre Air France s’envolait de + 6,16 % dans un marché en hausse de seulement 1,39 %. Cela faisait des semaines que la direction annonçait l’imminence d’un fameux plan d’économies, visant à redresser la barre par rapport aux 300 millions d’euros de pertes qu’afficherait Air France pour 2011, d’après un rapport du cabinet Secafi. Jeudi, le PDG a fixé l’objectif de deux milliards d’euros d’économies à réaliser d’ici à fin 2014. Accusant la hausse du prix du pétrole de faire gonfler sa facture, la direction d’Air France – incarnée depuis novembre par l’ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, Alexandre de Juniac – a donc décidé de faire payer ses salariés. En plus de la réduction de la flotte du groupe et des investissements, un gel des salaires pour 2012 et 2013 et la poursuite du gel des embauches en vigueur depuis septembre sont annoncés.
Corsant l’addition, Air France entend également dénoncer la convention d’entreprise, renégocier les grilles horaires, recourir davantage à la sous-traitance pour l’entretien d’une partie des avions au Maroc. Les salariés sont encore appelés à des « efforts additionnels de productivité ». « Vu la situation de l’entreprise, on pourrait concevoir que le niveau des salaires suive tout juste l’inflation, mais là, c’est le gel, et ça fait déjà trois ans qu’on perd du pouvoir d’achat : ce n’est pas admissible », a déclaré David Ricatte, porte-parole de la CGT à Air France, à la sortie du CA. « Il n’y a aucune stratégie de conquête, ce sont uniquement des mesures pour faire plaisir aux marchés », estime David Ri catte, qui note que l’action Air France a clôturé à plus de 7 %. Alors que l’addition s’avère déjà particulièrement salée, le groupe ne compte pas s’en tenir là, Alexandre de Juniac ayant d’ores et déjà laissé entendre qu’une restructuration serait à l’ordre du jour en mai-juin. Soit après l’élection présidentielle… « Quand on voit la gravité de ce premier volet de mesures qui étaient censées être légères, on est très inquiet pour ce qui va être annoncé en juin », conclut David Ricatte.
Mariani se dit « attentif »
Alors qu’un plan de suppressions d’emplois se profile à l’horizon du printemps 2012 pour Air France, le gouvernement en est pour l’instant aux promesses de campagne. Le ministre des Transports, Thierry Mariani, se disait il y a quelques jours « attentif » à la situation des salariés d’Air France. « Chaque fois qu’un plan peut toucher plusieurs centaines d’employés, je crois que l’État doit intervenir », avait-il déclaré sur I-Télé. Une attention qui n’a d’ailleurs pas beaucoup aidé les salariés de SeaFrance jusqu’à maintenant. Alors que la seule chose que propose actuellement le gouvernement aux salariés des compagnies aériennes est une restriction de leur droit de grève par le biais d’une proposition de loi d’extension du service minimum, ce seront surtout les salariés qui seront attentifs à ce que les effets d’annonce du gouvernement soient suivis d’effets.