APRES LA VICTOIRE DE L'EQUIPE NATIONALE D'ALGERIE, A LYON, CAPITALE FRANCAISE DE LA RESISTANCE, LES USURPATEURS DU FN OPTENT POUR UNE 3e MI-TEMPS HAINEUSE ET LE RETOUR DES SINISTRES RATONNADES
le 27.06.14 | 10h00 16 réactions
C’était après la liesse algérienne lors de la victoire des Fennecs contre la Corée du Sud. Un homme, un Algérien, à terre, à Lyon, sur le pont de la Guillotière, malmené par des policiers.
Cela semblait être des ratonnades comme on les voyait, pas très loin de cet endroit, durant la guerre d’Algérie, lorsque tout le quartier du Pont était encerclé pour des rafles dont les anciens se souviennent encore. Des milliers de personnes ont vu et commenté la vidéo postée sur internet. Un Algérien qui habite à proximité des lieux raconte :«Après le coup de sifflet final de l’arbitre, les supporters des Fennecs ont afflué vers la place du Pont, sortant des bars et cafés des rues de Marseille, la Guillotière, Montébello, Cours de la liberté et Gambetta. Ils étaient très nombreux, drapés dans les couleurs de l’équipe nationale et portant des drapeaux algériens, faisant des farandoles autour des véhicules, sans perturber la circulation qui a ralenti. Ils sont arrivés avec des cris «One two, three viva l’Algérie», en dansant, en courant dans tous les sens, dans le périmètre de la place historique, sans débordement sur les allées où les voitures sont en stationnement.
Certes, ils ont hurlé de toutes leurs forces, certes, ils ont fait éclater des pétards. Certes, ils ont lancé des feux d’artifice, certes ils ont fait beaucoup de bruit, ils ont agacé probablement le voisinage. Voilà le décor planté, sans aucun policier autour.» Fin du premier acte, et début du second, sans entracte :«Les policiers sont arrivés une demi-heure après le début des réjouissances lançant des bombes lacrymogènes pour disperser les fêtards. Cela s’est passé sous mes fenêtres. La fumée et le gaz de ces bombes ont envahi les appartements. J’ai été pris à la gorge. J’ai eu les yeux, la gorge et les narines irritées par le gaz au point de suffoquer, j’ai dû me passer de l’eau sur le visage. Alors, que dire des personnes exposées directement à ce gaz ! La police a utilisé ces grenades comme s’il s’agissait d’une émeute, alors que ces jeunes exprimaient leur joie et leur fierté de voir leur équipe gagner. Il y a de quoi se révolter», conclut notre témoin.
Enquête
On en saura plus sur les faits, puisque le préfet du Rhône a saisi le procureur de la République demandant l’ouverture d’une enquête judiciaire. Le parquet a confirmé hier cette ouverture confiée en interne au pôle au pôle de déontologie et de discipline de la Direction départementale de la sécurité publique. «Nous menons cette enquête comme nous le faisons habituellement pour une suspicion de violences policières», a expliqué une source judiciaire à la presse locale lyonnaise. «Le policier mis en cause s’est manifesté pour être à la disposition des enquêteurs et être entendu», a indiqué le parquet à l’AFP hier. Mercredi soir, on pouvait lire sur le site internet du journal Le Progrès :«Algérie-Russie jeudi soir : la police veut contenir les débordements. Après les multiples incidents recensés à Lyon et sa périphérie lors du dernier match de Coupe du monde de l’équipe d’Algérie, la rencontre de jeudi soir, contre la Russie, est classée à très haut risque.»
Violence
Un rassemblement «anti-racailles, initié par le Bloc Identitaire et largement relayé sur les réseaux sociaux, a été interdit par la préfecture du Rhône», ajoute le journal. La même association fasciste avait fait circuler l’info toxique qu’une église avait été brûlée après le match Algérie-Corée, info démentie le lendemain. BI avait demandé avant le début du Mondial que les autorités interdisent le drapeau algérien lors des manifestations algériennes de joie. Seulement le drapeau algérien ! Le Front national a remis mercredi soir le couvert par la voix de sa présidente, Marine Le Pen, osant dire que les Algériens étaient animés non«par un esprit sportif, mais par un esprit de revanche».
Cette violence verbale est sans commune mesure avec l’expression bruyante de la joie des supporters algériens, souvent sortis des quartiers ghettos en famille pour exulter, retrouver leur identité face à la stigmatisation. Combattant le multiculturalisme, l’islam et l’immigration, comme le note Le Figaro, le Bloc Identitaire cible à présent l’Algérie sous le slogan :«L’Algérie, c’est ton pays ? Retournes-y !»,et il somme l’Etat français de s’occuper de«la sécurité publique»,sinon«c’est aux citoyens de le faire».On se demande qui devrait en avoir assez de cette xénophobie qui instille la haine et la division.