EGYPTE : LES PRO MOUBARAK LANCES DANS UNE CAMPAGNE DE VIOLENCE SYSTEMATIQUE CONTRE LA PRESSE

Publié le par Tourtaux

Source / auteur :

RSF

Egypte : les pro-Moubarak lancés dans une campagne de violence systématique contre la presse

mis en ligne lundi 7 février 2011 par jesusparis


Reporters sans frontières se dit effarée par ce qui apparaît comme une véritable chasse aux sorcières contres les médias couvrant les événements en Egypte, et exprime sa très vive inquiétude pour tous les journalistes qui se trouvent en ce moment au Caire, particulièrement à la veille du grand rassemblement prévue vendredi 4 février 2011, dit rassemblement du départ, organisé par les opposants au président Hosni Moubarak.

 

« Vols, violences, arrestations arbitraires, lynchages… La liste des exactions contre les journalistes par les partisans du président Moubarak ne fait que s’allonger d’heure et heure. Elles ont un caractère systématique et concerté, a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.

 

« Après avoir censuré le Net, qui a été rétabli en début de semaine, le régime a décidé de s’en prendre physiquement aux représentants de la presse en lançant ses partisans dans une campagne de haine et de violence que nous n’avons jamais vue auparavant. Nous sommes au delà de la censure. Il s’agit de vider le Caire de la presse étrangère. »

 

« Nous encourageons toutes les rédactions des médias à renforcer leur coordination pour assurer au mieux la sécurité de leurs correspondants. Nous invitons les chancelleries à mener un effort diplomatique soutenu pour aider dans les meilleures conditions leurs ressortissants, professionnels de la presse, quand ils se trouvent dans des situations difficiles. »

 

« Il semble qu’il n’y ait plus un endroit au Caire où les journalistes soient en sécurité. Plusieurs bureaux de médias ont été également attaqués, continue le secrétaire général de l’organisation. Le sommet du pouvoir égyptien doit être tenu responsable de cette politique d’agressions et nous appelons d’urgence la communauté internationale à réfléchir à une position forte, unanime, et à tirer les conclusions des incidents des derniers jours qui pourraient amener à réfléchir à des sanctions. »

 

Reporters sans frontières tient le décompte, loin d’être exhaustif, des incidents contre les journalistes et les médias :

 

-  Journalistes agressés : 26
-  Matériel confisqué : 4 cas
-  Bureaux de médias attaqués : 1
-  Journalistes dont on reste sans nouvelles : 3
-  Arrêtés/kidnappés : 19
-  1 journaliste dans la coma

 

Depuis le mercredi 2 février :

 

De nombreux journalistes victimes de violences ont refusé de donner leurs noms et de nommer les médias auxquels ils sont affiliés par peur des représailles.

 

Sylvain Castonguay, caméraman pour Radio Canada, a reçu des coups de poing en plein visage alors qu’il couvrait les affrontements entre opposants et partisans du président Hosni Moubarak. Des manifestants l’ont aidé à s’extraire de la foule. L’armée est intervenue pour l’escorter à son hôtel.

 

Mohamed Khayal et le photographe Magdi Ibrahim du quotidien égyptien Al-Shorouk ont été blessés et leur caméra détruite, lorsque un groupe d’hommes décrits comme "des policiers en civil" ont attaqué le siège du journal au Caire.

 

Des officiers de l’armée ont confisqué une carte de presse et une carte de mémoire SC d’un journaliste d’Al-Masry al-Youm dans les rues du Caire. Le journal a évacué son siège après avoir appris l’attaque contre Al-Shourouk.

 

Des personnes en civil ont entouré le bureau de Sawsan Abu Hussein, rédactrice en chef adjoint du magazine égyptien October, après son appel retransmis en direct à une émission de télévision durant lequel elle relatait les violences subies par les manifestants.

 

Serge Dumont, journaliste belge correspondant au Moyen-Orient des quotidiens Le Soir (Belgique), Le Temps (Suisse) et la Voix du Nord (France), interpellé par les services de renseignement de l’armée et accusé d’espionnage a été arrêté pendant près de deux jours. [1]

 

Anderson Cooper et Hala Gorim de CNN, Christiane Amanpour d’ABC News, Jerome Boehm de la BBC, Katie Couric de CBS et Lara Setrakian de Bloomberg ont été agressés par des partisans du président Moubarak.

 

Ahmed Bajano, correspondant d’Al-Arabiya, a été frappé. Son équipe de tournage a été attaquée sur la place Mustafa Mahmoud à Mohandiseen par des individus en civil. Il a subi une commotion cérébrale et a été transporté dans un hôpital voisin.

 

Ahmed Abdullah, également de la chaîne satellite Al-Arabiya, a été détenu par des partisans du président Moubarak. Il a été maltraité puis libéré.

 

Steffen Jensen, journaliste de la chaîne danoise TV2 News, a été attaqué par un groupe d’hommes après qu’il a refusé de leur donner son téléphone portable et son passeport. Il a été frappé avec des bâtons.

 

Rupert Wingfield-Hayes de la BBC a été attaqué dans sa voiture dans les rues du Caire "par un groupe d’hommes en colère." Il a été transmis à la police secrète qui l’a menotté et lui a bandé les yeux. Il a été emmené avec un collègue dans une salle d’interrogatoire. Il a été libéré au bout de trois heures.

 

Pierre Barbancey de L’Humanité, Thomas Cantaloube de Mediapart, Vincent Lafargue, photographe indépendant, et Sarah Mabrouk, JRI indépendante, ont été arrêtés par des militants pro-Moubarak alors qu’ils regagnaient leur hôtel. Livrés à l’armée, les journalistes ont été interpellés pendant deux heures dans une caserne proche du centre de la ville avant d’être relâchés.

 

Sahar Talat, correspondante en Égypte pour la rédaction espagnole de RFI, a été encerclée et battue par une foule l’accusant d’être une « espionne » pour Al-Jazeera, avant de pouvoir s’enfuir.

 

Une journaliste travaillant pour la chaîne allemande ZDF et pour le New York Times a été arrêtée le 2 février 2011 en voiture au Caire. Après avoir passé environ vingt heures dans un quartier de haute sécurité, elle a été libérée le 3 février dans l’après-midi.

 

Le photographe Mohammed Omar, de la European Pressphoto Agency (EPA), a été attaqué et blessé à la tête alors qu’il prenait des photos des affrontements entre opposants et partisans du président Hosni Moubarak à la place Tahrir le 2 février. Il a été arrêté par des soldats peu après et relâché le 3 février.

 

Le journalistes néerlandais Harald Doornbos de GPD a été attaqué par des manifestants armés de machettes alors qu’il quittait la zone d’affrontements avec son épouse, reporter pour une chaîne de télévision arabe. La foule a arrêté leur taxi et brisé le pare-brise. Trois Egyptiens auraient ensuite négocié sa vie et celle de son épouse.

 

Le correspondant pour l’Europe de la chaîne australienne Channel 9, Peter Stefanovic, a été sorti de force d’un taxi par la police. Lui et son équipe ont été interrogés pendant une courte période dans un centre de commandement de la police, puis relâchés. Le service de sécurité de leur hôtel a confisqué leur deuxième caméra.

 

Un journaliste de Fox TV Turquie, son cameraman égyptien et leur chauffeur ont été enlevés par des hommes avec des couteaux alors qu’ils filmaient les manifestations, avant d’être libérés par la police égyptienne, selon Anatolie, une agence de presse turque.

 

Le journaliste Habel Robert et le photographe Lutz Christian du journal hebdomadaire suisse L’Illustré ont été arrêtés et détenus dans un tank.

 

Trois photographes, souhaitant garder l’anonymat par crainte de représailles, déclarent avoir été suivis par des policiers dans leur hôtel et y avoir été passés à tabac. Un autre journaliste dit avoir reçu des coups de pierre par des policiers en civil.

 

Trois journalistes de France 24 ont été arrêtés puis relâchés. Un journaliste du Figaro a été arrêté ainsi que trois journalistes de TF1.

Notes

[1] Lire http://fr.rsf.org/egypte-arrestatio...

Publié dans L'Afrique en lutte

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Commenter cet article
T
<br /> Il y a tout de même une chose formidable qui plaide en faveur du peuple égyptien : sa jeunesse!<br /> Ce sont les jeune égyptiens qui font la révolution.<br /> Ce sont les jeunes révoltés qui viennent de décider de créer un parti de la jeunesse pour chasser les tyrans qui les oppriment.<br /> Ce sont ces jeunes égyptiens qui ne veulent pas des diktats américains, européens et israéliens.<br /> Ce sont des jeunes égyptiens qui forment l'ossature de l'armée et bien, cette jeunesse-là ne marchera pas contre le peuple qu'elle n'a pas réprimé et dont elle se montre solidaire.<br /> Ce sont les jeunes qui vont aussi faire leur intifada en France où les tyrans capitalistes et tous ceux qui sont à leur service sont les mêmes toquards politicards.<br /> Notre pays, la France n'a politiquement rien à "gauche" à offrir à notre peuple de crédible.<br /> Syndicalement, notre peuple est trahi par des syndicalistes qui ne valent pas tripette tant ils se plaisent à frayer avec nos ennemis de classe.<br /> Et bien, j'ai confiance en notre jeunesse qui est toute aussi capable que la jeunesse de Tunisie, d'Egypte ou d'ailleurs de se révolter et de virer la clique de voyous qui gouverne le pays.<br /> Que les jeunes se révoltent et les moins jeunes et les cheveux blancs suivront.<br /> Sarkozy doit foutre le camp ainsi que ses lèche-culs et godillots<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Exactement, c'est une excellente question !<br /> Non seulement l'armée Égyptienne est financée, équipée mais aussi entraînée par le GI capitaliste.<br /> <br /> <br />
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T
<br /> Que va faire l'armée qui sans les ricains pour la financer, n'existerait pratiquement pas?<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Après la censure, la torture !<br /> En agissant ainsi ce que ces abrutis de mercenaires à la solde des sionistes ne se rendent même pas compte qu'ils se mettent l'opinion publique à dos.<br /> Il n'y a pas de véritables pro-Moubarak en Egypte, tout juste des nantis qui veulent sauvegarder leurs privilèges, quelques pauvres types payés par Moubarak et beaucoup de troupes instrumentalisées<br /> par les américano-sionistes.<br /> <br /> <br />
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