HAMAD DU QATAR, BAN KI-MOON DE L'ONU ET DAVUTOGLU DE TURQUIE : TRIO INFERNAL - MAIS RELATIVEMENT IMPUISSANT - ANTISYRIEN

Publié le par Tourtaux

Hamad du Qatar, Ban Ki-moon de l’ONU et Davutoglu de Turquie : trio infernal – mais relativement impuissant – antisyrien
 

 

Par Louis Denghien, le 15 janvier 2012


Histoire de mettre encore un peu d'huile - de pétrole - sur le feu tout en ayant le mot "paix" à la bouche, le cheikh Hamad ben Khalifa al-Tan, émir du Qatar, a proposé, samedi 14 janvier, dans une interview accordé à la chaîne américaine CBS, l'envoi de troupes arabes en Syrie, "pour arrêter l'effusion de sang". Le souverain le plus interventionniste - dans un sens pro-américain - du Golfe n'a pas précisé le rôle effectif sur le terrain d'une [...]
Hamad du Qatar, Ban Ki-moon de l’ONU et Davutoglu de Turquie : trio infernal – mais relativement impuissant – antisyrien
Par Louis Denghien, le 15 janvier 2012 

Histoire de mettre encore un peu d’huile – de pétrole – sur le feu tout en ayant le mot « paix » à la bouche, le cheikh Hamad ben Khalifa al-Tan, émir du Qatar, a proposé, samedi 14 janvier, dans une interview accordé à la chaîne américaine CBS, l’envoi de troupes arabes en Syrie, « pour arrêter l’effusion de sang« . Le souverain le plus interventionniste – dans un sens pro-américain – du Golfe n’a pas précisé le rôle effectif sur le terrain d’une telle force. Ce n’était d’ailleurs pas nécesssaire : Sa Majesté très salafiste sait bien que la Syrie n’acceptera jamais le déploiement sur son territoire de contingents étrangers, fussent-ils arabes. L’émir du Qatar s’efforce de faire (re)monter la pression internationale contre le régime de Bachar, et de torpiller la mission des observateurs de la Ligue arabe, dont on eut dire qu’elle lui a largement échappé.

On rappellera que la dernière fois que le Qatar s’est impliqué militairement dans le monde arabe, c’était pour participer à l’agression de l’OTAN conte le colonel Kadhafi. Si l’émir est tellement soucieux d’arrêter « l’effusion de sang« , il peut toujours couper le robinet à dollars aux bandes armées, et demander à sa télévision privée – al-Jazeera – d’arrêter d’inciter systématiquement au renversement du régime en place : ce sera un début.

 

Le duo rôdé – mais peu comique – Ban Ki-moon/Ahmet Davutoglu 


Et, tandis que Sa Majesté très américanophile joue le soliste dans la grande partition anti-syrienne, d’autres « instrumentistes » s’activent. Ainsi Ban Ki-moon qui s’inquiète à haute voix de la ‘tournure dangereuse » que prendrait la situation syrienne : samedi 14 janvier, à Beyrouth, le secrétaire général de l’ONU rencontrait le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, et les deux hommes communiaient ainsi bruyamment dans l’ »inquiétude« , ce qui est évidemment une façon de montrer une nouvelle fois du doigt le régime syrien, depuis une capitale amie du dit régime.

Une fois de plus, on ne peut que constater que M. Ban Ki-moon à des inquiétudes sélectives, voire obsessionnelles : quid, pour nous en tenir au monde arabo-musulman, de la répression anti-chiite en Arabie Séoudite ou au Bahrein, du terrorisme sanglant et continuel en Irak, de l’instabilité meurtrière au Yémen, au Sud-Soudan ou en Libye, de la colonisation en Palestine occupée. Mais non, Ban Ki-moon réserve ses préoccupations et ses déclarations à la Syrie de Bachar. Il est vrai que dans les exemples pré-cités, l’ami américain voit sa responsabilité à chaque fois plus ou moins engagée, et sous le règne de Ban Ki-moon, les Nations-Unies sont devenues à l’évidence une courroie de transmission des Etats-Unis !

D’ailleurs, pour que les choses soient claires, après Ahmet Davutoglu, le souriant secrétaire général de l’ONU a tenu à rencontrer aussi à Beyrouth « plusieurs membres de l’opposition libanaise pro-occidentale« , c’est-à-dire les hommes du clan Hariri, liés à l’Arabie Séoudite, au Qatar, aux Etats-Unis et qui communient avec eux dans la haine du régime syrien. Répétons que Ban Ki-moon fait, dans ce dossier, preuve d’une partialité, et d’une docilité aux ukases de la Maison Blanche, qui trahissent quelque peu la mission qui devrait être la sienne.

Le Hezbollah inentamable sur le dossier syrien

Partage des rôles ? Son interlocuteur turc a « tâté », quant à lui, les positions du Hezbollah, force dominante de l’actuelle coalition gouvernementale libanaise et fidèle allié de la Syrie. Ahmet Davutoglu s’est ainsi entretenu avec Mohammad Raad, député et président du groupe parlementaire du « Parti de Dieu » ; à l’issue de cet entretien, M. Raad n’a pu que confirmer à la presse qu’il y avait « des divergences quant à l’analyse des événements qui ont lieu dans le voisinage du Liban » : en français, on appelle ça une litote ! Mais Mohammad Raad s’est montré un peu plus précis ensuite : « Le changement qui s’opère dans la région doit naître de la volonté du peuple et non être attisé par celle de l’étranger« . Et le représentant du Hezbollah a répété aux journalistes ce qu’il avait très probablement dit au représentant d’Erdogan : « Il faut que le soutien aux hommes armés cesse !« . Or ceux qui soutiennent le plus directement – en armes, en argent, en logistique et en encadrement – les « hommes armés » qui attaquent militaires, civils et installations en Syrie, ce sont précisément le gouvernement Erdogan en Turquie, et le clan Hariri au Liban. L’AFP précise que M. Davutoglu n’a fait, lui, aucun commentaire après la rencontre : il devait être de mauvaise humeur…

Restons au Liban et avec le Hezbollah : son chef politique, cheikh Hassan Nasrallah, a lancé samedi un appel au dialogue inter-syrien : « Nous appelons l’opposition syrienne, dans le pays comme à l’étranger, à répondre aux offres de dialogue du président Assad et à coopérer avec lui pour permettre la mise en oeuvre des réformes qu’il a annoncées« . Déclaration sans surprise, mais qu’on peut interpréter comme une tentative de séparer les modérés des durs au sein de l’opposition radicale. Et qui s’inscrit dans un contexte marqué par les déclarations anti-CNS du leader opposant Haytham Manaa (voir notre article « Le divorce est consommé entre le CNS et la Coordination nationale », mis en ligne le 14 janvier), et l’amnistie générale pour les crimes commis pendant les troubles que vient d’annoncer Dama et sur laquelle, bien sûr, nous reviendrons.

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Publié dans Syrie

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