L'HORIZON S'ASSOMBRIT : PREPARONS-NOUS AU COMBAT DE CLASSE
Après un suspense digne de qui veut gagner des millions ? le relèvement de la dette US s’avère juste une nouvelle péripétie d’un film noir dont on connaît l’issue : l’effondrement de l’économie US avec un cortège de chômeurs et de sans-logis, de millions de vies brisées dont « les raisins de la colère » illustraient déjà l’errance vers une exploitation décuplée.
80 ans plus tard les laissés-pour-compte du capitalisme quittent le lotissement pour le bidonville sans passer par la case HLM.
Après l'euphorie, les Bourses ont la gueule de bois
Les places financières se souviennent brutalement que le petit garde-fou réglementaire qui vient juste d’être levé autorise simplement une faillite plus grande encore.
Aux USA, la diminution du taux d’épargne des ménages depuis 1980 s’est accompagnée d’un endettement croissant, et la couverture réalisée par l’épargne du reste du monde s’est traduite par un solde commercial négatif.
Mais désormais cette manne risque de s’épuiser car il ne s'agit de rien d'autre que de remplir un tonneau percé.
Moody's est la deuxième agence à assigner une perspective "négative" à la note "triple A" des Etats-Unis, après Standard and Poor's le 18 avril.
Mais cette dernière pourrait même dégrader la note AAA des Etats-Unis dans les prochaines semaines, car S & P réclame 4.000 milliards de dollars d’économies sur 10-12 ans, au lieu des 2.200 à 2.500 milliards prévus.
Dans ce cas, le coût du crédit augmenterait et les émetteurs publics situés aux Etats-Unis et encore notés AAA (Etats, comtés, municipalités, hôpitaux, universités, etc.) seraient dégradés eux aussi.
Or de nombreuses collectivités locales sont déjà en cessation de paiement. Les caisses de retraites des fonds de pension communaux sont à sec et dans certaines villes les personnes âgées doivent retourner au travail à 70 ou 75 ans, voire 77 ans.
La Chine principal créancier des USA avec 1.160 milliards de dollars de bons du Trésor américains estime que "la bombe de la dette" n’est pas désamorcée, et annonce son désengagement :
BEIJING, 3 août (Xinhua) -- La Chine continuera à diversifier ses investissements en devises étrangères et à renforcer le contrôle des risques en vue de minimiser l'impact des fluctuations du marché international sur la Chine, selon un communiqué paru sur le site Internet de la Banque populaire de Chine (Banque centrale chinoise).
« L'environnement technique international se dégrade significativement » entend-on du côté des analystes.
En français dans le texte : aux USA le chômage reste à 9,2%* et le taux de croissance à 1,3% (0,4 % en juin), plombé par la fin du plan de relance de mars 2009 et les difficultés financières des Etats fédérés et des collectivités locales.
[* Si l’on y inclut les demandeurs d’emploi découragés et les salariés à temps partiel à la recherche d’un emploi à plein temps, le chômage concerne aujourd’hui un travailleur sur six].
Cumul des dettes US et européennes
Ces deux raisons expliquent la gueule de bois des places financières européennes, et viennent s’ajouter à bien d’autres sujets fâcheux, comme la dette italienne qui vient sur le tapis, ou bien le règlement de la dette grecque qui gâte les prévisions de profits pour quelques banques.
La Société Générale prévient que son objectif de résultat net de six milliards d'euros pour 2012 est "désormais difficilement réalisable dans les délais."
Le Crédit agricole fait momentanément une croix sur les bénéfices de sa filiale grecque Emporiki en 2012, en attendant le retour de ses 150 millions d'euros de « soutien » à la Grèce.
Quant à la BNP, elle perd des ronds aussi, avec 2,128 milliards d'euros de bénéfice net au lieu des 2,18 milliards prévus. Sincères condoléances.
Certaines banques prévoient déjà de se refaire en taillant des dizaines de milliers d’emplois dans leurs effectifs :
On devine déjà que la crise se traduira par d’immenses concentrations de capital dans un nombre plus réduit de monopoles financiers.
Les causes fondamentales de la crise n’ont pas disparu mais se sont accentuées.
Les aléas de la Bourse et le manque à gagner des usuriers n’ont pas grand intérêt s’ils ne reflétaient pas d’une certaine manière la contradiction fondamentale du capitalisme. L’exploitation des classes ouvrières poussée à son comble amasse des milliards au profit d’un petit nombre, mais la paupérisation des masses qui en résulte provoque des crises de surproduction de plus en plus violentes.
Pour le fun : explications confuses sur un trou de 9000 milliards à la FED
Les profits amassés et dilapidés sont durement payés par les masses populaires américaines, dont 37 millions sont en-dessous du seuil de pauvreté fin 2004, 38.8 millions en 2009 et 43,6 millions en 2010.
1,5 million d’enfants sont SDF en mars 2009 et 12,5 millions ne mangent pas à leur faim.
Les sans-abri envahissent les refuges ou édifient des villages de tentes comme les « Hoovervilles » de l’époque de la Grande Dépression
30 millions de bons alimentaires (food stamps) sont distribués chaque mois.
Plus de 6 millions de familles de la middle class ont vu leurs maisons saisies.
Sans couverture sociale, des travailleurs pauvres ne peuvent se faire soigner que par des médecins bénévoles .
Or ni les capitalistes US ni l’Etat ni les collectivités locales ne sont disposés à augmenter les salaires des travailleurs pauvres ou les pensions des retraités.
Au contraire la course au profit maximum ne peut se traduire que par une exploitation plus dure encore et une paupérisation accentuée et généralisée.
Parallèlement, le développement de la multipolarité dans le monde et l’accession des pays émergents à un niveau de vie de pays développé constituent une concurrence directe pour les superprofits impérialistes, et conduisent la bourgeoisie US à faire supporter par les masses populaires américaines le règlement de la dette abyssale des Etats Unis.
L'échec des plans de relance occidentaux, conséquence inévitable du système capitaliste, fait trembler le monde financier.
Mais la première victime des crises c'est la classe ouvrière.
Préparons-nous au combat de classe !