LA FIEVRE MONTE A FRANCE 3

Publié le par Tourtaux

12/09/2012 19:30
Vent de révolte à France 3
Les tranches d’info de France 3, le “12/13” et le “19/20” en particulier sont-elles en danger ? © Sipa

Les tranches d’info de France 3, le “12/13” et le “19/20” en particulier sont-elles en danger ? © Sipa

   
   

Le projet de fusion de la rédaction avec celle de France 2 ne passe pas. Reportage.

 

Thierry Thuillier, ça commence à bien faire" s’emporte Pascale. Elle a la cinquantaine, la voix ferme, et elle prend la parole devant les membres de la rédaction nationale de France 3 réunis en assemblée générale dans l’immense bâtiment de France Télévisions.  

 

La raison de sa colère contre le directeur de l’information de France Télévisions ? L’annonce mardi soir, lors d’un comité central d’entreprise (CCE) du rapprochement des rédactions de France 2, France 3 et France Ô, avec pour objectif la création “d’ici à 2015 d’une rédaction unique mutualisant les moyens de production, voire même certains services éditoriaux” selon les propos de Thierry Thuillier. Ce projet a en plus été agrémenté de l’annonce d’un possible plan social au sein du groupe de la télé publique qui pourrait toucher plus de 500 salariés.

 

Officiellement, le projet est à l’état d’embryon. Mais, ici, dans “l’Atrium”, en fait l’espace détente de la rédaction de France 3, personne n’y croit. Et certainement pas Pascale : “On nous ment depuis deux ans. Aujourd’hui on accepte sa démission, c’est tout !” tempète-elle, toujours à propos de Thierry Thuillier. “Je ne vois pas pourquoi tu t’étonnes, lui répond avec un trait d’humour un journaliste politique et syndiqué de la chaîne. Thierry Thuillier n’a fait que mentir. Pour un journaliste c’est pas si grave, pour un directeur c’est un talent”.

 

 

 


Il faut plutôt parler de supression, et pas de fusion, explique Eric Vial, journaliste et élu à Force Ouvière France Télévisions, devant la cinquantaine de journalistes et autres monteurs présents. Pour lui, une rédaction unique équivaut à la mort de l’équipe nationale de  France 3 : “On a l’impression qu’on est train de nous masquer les échéances, le plan social on ne le connaîtra que quand il sera là, à chaud. Parce que le but c’est de faire des économies et de réduire l’emploi”.

S’il y a rédaction unique, que va offrir le service public face à TF1, Canal et toutes les chaînes d’info?” demande Claude Gueneau, journaliste et élu CGT. Et d’enchaîner : “La même chose ! Et sur deux chaînes en même temps. Nous allons avoir une uniformisation de l’info et dans ce cas là à quoi bon avoir deux chaînes ?” Il utilise le terme anglo-saxon de  “News Factory” pour dénoncer une organisation dans laquelle les journalistes et autres monteurs travailleraient “à la chaîne”  “C’est un système d’usine, de la taylorisation. On va se retrouver à faire des produits éditoriaux et c’est déjà le cas avec la déferlante de faits-divers que l’on traite sur France 3”.

Luc, aussi très remonté, prend la parole : “Qu’ils se l’appliquent d’abord à eux leur plan social. Qu’ils aillent ailleurs où on a besoin de cadrees qui ont le doigt sur la couture du pantalon”. Sérieux, Patrice Machuret, président de la SDJ, est alarmiste : “Si la rédaction nationale est absobée par France 2, on ne nous attendra nulle part, ni sur le site internet, ni à France 2. Ceux qui s’imagine se retrouver à France 2 d’ici 2 ou 3 ans, ils se mettent le doigt dans l’oeil”. Parce que, pour le moment, il n’y a pas de connexion entre les deux rédactions. Un seul journaliste de France 2 a fait le déplacement – d’une aile à l’autre du bâtiment – pour participer à l’AG. Et la plupart de ses pairs ne trouvent rien à redire du directeur de l’info. “Sur France 2, les gens sont au garde à vous” explique à l’assistance Joy Banergee, délégué CGT de France 3.

Ils nous disent qu’ils veulent faire comme au Canada ou à la BBC, mais là bas, il y a une hiérarchie énorme entre les journalistes. Ce n’est pas du tout la même façon de travailler. Surtout qu’à Radio Canada comme à la BBC, la mise en place de News Factory a été précédée de plans sociaux très violents”, explique calmement Antoine Chuzeville, délégué syndical SNJ, qui était présent au CCE. Pour lui, les tranches d’info de France 3, le “12/13” et le “19/20” en particulier sont en danger : “Ces News Factory permettent ni plus ni moins de supprimer des éditions”…

“Mais pourquoi est-ce qu’on ne fait pas la grève? Ecran noir et point barre !“ risque un monteur. Il s’attire aussitôt cette réponse du délégué CGT: ”La question de la grève est posée, mais il faut d’abord alerter la tutelle." Traduction: en appeler au Ministère de la culture et conserver l’arme de la grève comme dernier recours. 

Marion Le Roy

 

http://teleobs.nouvelobs.com/articles/37029-vent-de-revolte-a-france-3

 

Publié dans Lutte des classes

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T
Toutes ces manifestations de colère impuissante vont finir par exploser dans la rue; le plus vite sera le mieux, cette situation intolérable ne peut plus s'éterniser.
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B
La colère des travailleurs est légitime. Que ce soit celle des PSA, des France 3, des Doux, des Sodimédical et de tant d'autres salariés, elle va finir par exploser et si des patrons-voyous en font<br /> les frais, ils l'auront bien cherché.
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