LA PARTITION DU SOUDAN, NOUVEL EPISODE DU SERIAL AMERICAIN

Publié le par Tourtaux

La partition du Soudan, nouvel épisode du serial américain
NADA RAAD

09/01/2011  
Qui profite de la partition du Soudan ? Malgré les dernières initiatives de réconciliation entre le Nord et le Sud de ce plus vaste pays d'Afrique (10ème rang mondial), comme l’initiative égypto-libyenne, l’initiative nigérienne, ou celle du Cheikh Zayed et d’autres efforts visant à faire régner la paix au Soudan, d’aucuns ont insisté à les rejeter en bloc et à ouvrir les portes du pays devant les Etats-Unis!
  
Et comme les Etats-Unis sont connus pour leur souci de préserver l’unité des pays du monde, ils n’ont pas raté l’opportunité de mettre la main encore plus sur cet important pays pétrolier dont la production en or noir est estimée à 500.000 barils par jour.
  
Sur un autre plan, la Cour Pénale Internationale et derrière elle Washington et les grands pays européens qui prêchaient jour et nuit pour juger le président soudanais Omar el Béchir pour génocide et crimes de guerre, ont changé de cap, et soudainement, les grandes puissances ne sont plus intéressées de traduire en justice « le responsable de la mort des millions de personnes au cours de la guerre civile qui a ravagé le pays », comme le prétendaient-elles.
 
En échange de l’acceptation (ou la résignation) d’el Béchir de la partition du Soudan, révèlent des rapports américains, la communauté internationale renoncera à sa poursuite judiciaire, et plus encore, elle diminuera, et peut-être annulera, les dettes de ce pays !
 
Voilà comment le jeu politique international se joue contre les pays du tiers monde : Pétrole contre nourriture comme ce fut le cas en Irak, Terre contre Paix comme en Palestine occupée, et aujourd’hui nous assistons à la nouvelle équation au Soudan : Partition contre Présidence ou Partition contre acquittement de dettes !
  
 Sur le terrain, les Soudanais du Sud voient dans la partition de leur pays l’avènement de la liberté. « Nous avons combattu pendant trop d'années, mais aujourd'hui ce vote pour la séparation est aussi un vote pour la paix. Le soleil se lèvera bientôt sur un Sud-Soudan libre", lance l’un des électeurs, à l’instar de milliers d’autres qui ont attendu toute la nuit devant les bureaux de votes pour participer au référendum.
  
Dans le sud Soudan, la majorité de ces afro-chrétiens sont analphabètes. Pour pouvoir voter, les organisateurs ont associé au bulletin de vote un signe à chaque option: une poignée de main pour l'unité et une main ouverte pour la sécession.
 
C’est ainsi qu’un peuple ruiné par la misère et leurré par les slogans de la liberté choisit la sécession de son pays, aspirant à la fin d’une vie infernale. Toutefois, personne ne peut prévoir les conséquences d’une telle décision.
  
Personne, sauf les Américains bien entendu, plus enthousiastes que les Soudanais à voir le pays du pétrole déchiqueté en morceaux. Déjà, le Président américain suit de près les événements, malgré les longues distances qui séparent les deux pays. "Maintenant, le monde observe, rassemblé dans sa détermination à s'assurer que toutes les parties au Soudan souscrivent à leurs obligations. Alors que le référendum se tient, les électeurs doivent avoir accès aux bureaux de vote et pouvoir voter sans intimidation", a déclaré Obama dans une tribune publiée dans le New York Times.
 
"Toutes les parties doivent s'abstenir de rhétorique enflammée ou d'actions de provocation qui pourraient aviver les tensions ou empêcher les électeurs d'exprimer leur choix", a-t-il ajouté.
  
Présent à Juba pour s’assurer bien entendu que le référendum se tient dans une atmosphère démocratique, qualité héréditaire chez les descendants de l’oncle Sam, le sénateur américain John Kerry a salué « le début d’un nouveau chapitre dans l'Histoire du Soudan, un chapitre très important ». « Je suis plein d'espoir. C'était formidable de voir Salva Kiir voter aujourd'hui. C'est la culmination de négociations difficiles et de plusieurs obstacles qui ont dû être levés", a-t-il dit à la presse.
 
"Si le Sud devient indépendant, il y aura beaucoup de travail à faire parce que ce sera la naissance d'un nouveau pays. Le Nord et le Sud peuvent compter sur notre soutien", a lancé de son côté l'émissaire américain Scott Gration.
 
Certes les Soudanais peuvent compter sur votre soutien, M. Gration. Déjà votre soutien a porté ses fruits. Dorénavant, il y aura « deux Soudan », et peut-être on accordera le mot Soudan au pluriel aussi ! Mais ce n’est que le début, d’autres pays du Moyen-Orient attendent également leur tour. Là où les Américains fourrent le nez, le virus de la sécession y sera transmis.  

Publié dans L'Afrique en lutte

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