LENS : CENTENAIRE DE LA MAISON SYNDICALE DES MINEURS ET IMMIGRATION POLONAISE
des mineurs et immigration polonaise
Dans le cadre du Centenaire de la Maison syndicale des Mineurs de Lens, une conférence est organisée le mercredi 14 avril 2010, à partir de 18 heures, à la Maison syndicale, rue Casimir-Beugnet à Lens. Jacques Kmieciak, journaliste spécialiste de l’immigration polonaise, se penchera sur un thème dont les facettes n’ont pas toujours été complètement appréhendées : « Les mineurs polonais du Nord - Pas-de-Calais. Une assimilation exemplaire : mythe ou réalité ? »
Au sortir d’une Première Guerre mondiale dévastatrice sur les plans humain et matériel, le France fait appel à la main-d’œuvre polonaise qui contribue, dans les mines comme à la campagne, à relever la région de ses ruines. En 1931, le Nord - Pas-de-Calais compte 191 000 ressortissants polonais. Aujourd’hui, les descendants de ces immigrés venus de Westphalie ou directement de Silésie, Poméranie ou Galicie sont parfaitement assimilés dans la société française. Nonobstant l’activisme ostentatoire d’une minorité qui revendique sa « biculturalité » comme une richesse, le constat de « dépolonisation » est patent chez les moins de 40 ans. Dans leur majorité, ces derniers ne parlent plus la langue, ignorent tout de la civilisation polonaise et n’appréhendent plus, comme des éléments constitutifs d’une identité spécifique, les traditions culinaires, folkloriques ou religieuses encore véhiculées par leurs ainés. Même si le port d’un « imprononçable » patronyme à consonance slave, le portrait d’une babcia (grand-mère) ou la présence au domicile familial d’une couette de plumes d’oies (pierzyna) les renvoient à la réalité de leurs origines.
La « légende rose » d’une intégration facile
Aussi, est-il de bon ton aujourd’hui de vanter les capacités d’adaptation d’un groupe ethnique élevé au rang de modèle d’intégration ! Pourtant, au cœur même des cités minières, la rapide émergence de « petites Polognes » encouragée par l’isolationnisme dans lequel les Polonais ont longtemps été cantonnés non seulement par les Houillères attentives à les « préserver de la contagion syndicale », mais aussi par les cadres d’un florissant mouvement associatif, les prêtres de la Mission catholique polonaise ou encore leurs propres autorités consulaires, tous « garants de la continuité de l’esprit national », semblent prendre le contre-pied de cette « légende rose » d’une intégration « facile et sans histoires » des Polonais du Nord de la France. Tout comme les renvois forcés pour raisons économiques dans les années 1930 ou encore les rapatriements volontaires en Pologne à la Libération. Loin d’être simple et linéaire, le processus d’enracinement s’avèrera en fait complexe et chaotique. Cette question sera notamment étudiée à l’angle de l’engagement syndical de la corporation minière au sein de la CGT ou de la CGT Unitaire. « Engagement qu’elle a lourdement payé dans sa chair et parfois de son sang ! Des expulsions de Leforest en 1934 à la grève de l’automne 1948 », estime Jacques Kmieciak.
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Source : Patrice BARDET