LOUIS DENGHIEN : DE L'OSDH A L'AFP : LES MOTS D'USAGE COURANT DU MENSONGE

Publié le par Tourtaux

De l’OSDH à l’AFP :

les mots d’usage courant du mensonge

 

Par Louis Denghien, le 24 mars 2012 
  
Les mois passent, l’AFP demeure l’obligeant relai de l’OSDH et de l’opposition : elle parle ainsi dans une dépêche de vendredi soir 22 de « violents combats » et de « manifestations massives »‘ de l’opposition.

Les rebelles le dos au mur turc

Pour ce qui est des combats, c’est l’OSDH qui souffle ses mots et ses bilans à l’AFP. L’officine londonienne de Rami Abdel Rahmane parle depuis jeudi du pilonnage de la ville d’Aazaz, ville de 75 000 habitants située à une soixantaine de kilomètres au nord d’Alep, et à une dizaine à peine de la frontière turque. Et aussi de la ville de Binèche (ou Binnish) à une dizaine de kilomètres à l’est d’Idleb : là un « correspondant » de l’AFP donne la parole aux belliqueuses vantardises d’un « général » de l’ASL, un certain Abou Abdel Kader, censé commander les combattants rebelles de Binèche, et assurant que ses hommes ont placé des mines anti-chars et anti-personnel autour de la ville et « dans chaque rue et chaque ruelle« . Cette jactance d’un soi disant « général » ne doit pas nous faire perdre de vue l’essentiel : l’armée syrienne poursuit sa reconquête méthodique des zones d’insécurité, et singulièrement de la zone frontalière avec la Turquie, dernier sanctuaire de l’ASL après la reprise de contrôle des secteurs troublé de Homs et le verrouillage de la frontière libanaise. Nous prenons le pari qu’en début de semaine prochaine, le « général » Abdel Kader et ses « troupes » auront disparu de Binèche et des dépêches.

Et l’AFP/OSDH continue d’entretenir la flamme – l’illusion – d’une « résistance » à Homs, plus de trois semaines après la réduction des insurgés de Bab Amr en évoquant des chutes d’obus sur deux ou trois quartiers de la ville, jeudi et vendredi, qui aurait tué neuf « civils« . Et en continuant de baptiser Homs « place forte des rebelles » ! Nous avons déjà dit que dans un contexte urbain et nocturne, le moindre tir de Kalash’ a une résonance garantie, et amplifiée aussitôt par les opposants et leurs alliés médiatiques de France et d’Occident. Mais qu’y a -t-il derrière tout ça ? Des tireurs, ou des groupes, isolés, qui ne tiennent aucun quartier à Homs, et encore moins à Damas où, ces derniers jours, l’OSDH, les « militants » à portable et donc nos médias ont entretenu la fiction d’une « bab-amrisation » de certains quartiers de la capitale syrienne, ce parce qu’une poignée de desperados a tenu quelques heures un appartement ! Il faut lire ce qu’écrit à ce sujet l’AFP : »Les violences ont également gagné ces derniers jours Damas et sa région, théâtre chaque nuit d’affrontements entre soldats et déserteurs« . Bref, on nous refait le coup de janvier dernier, quand, parce que quelques groupes plus ou moins ASL s’étaient infiltrés dans des localités de la grande banlieue est de Damas, les journalistes français, en plein accès de psittacisme pro-opposition, décrivaient Bachar al-Assad assiégé dans son palais présidentiel ! Du virtuel comme consolation du réel décevant…

Et que dire – que répéter plutôt – du traditionnel bilan avancé par l’OSDH sur le coût humain de chaque journée : pour celle du vendredi 23 mars, on compterait 33 personnes tuées, dont 17 « civils« , 13 soldats et trois « déserteurs« , essentiellement dans la province d’Alep. Dans ce communiqué, il n’y a guère que le mot soldat qui puisse échapper aux guillemets de précaution : comment croire, en effet, que dans la situation de désorganisation et de reflux qui est celle des bandes armées, celles-ci puissent infliger des pertes quatre fois supérieures aux leurs à une armée bien dotée en équipement lourds et en unités aguerries ? Les « civils » tués au nord d’Alep ont de fortes chances d’être des combattants maquillées en habitants désarmés par les bons soins de l’OSDH et de ses correspondants locaux. Quant aux « déserteurs« , c’est là encore un mot trop commode pour être honnête : le gros des quelques milliers de guérilléros encore à l’oeuvre en Syrie se recrute parmi de très jeunes gens radicalisés et aussi parmi un flot de volontaires étrangers, venus de Libye, du Golfe, d’Irak, du Liban et jusque, pour certains, d’Afghanistan.

La dramatisation et l’exagération demeurent bien les deux plus grosses « mamelles » de la désinformation sur la Syrie, un an après le début de la crise. Force est donc de constater qu’il n’y a guère de progrès vers un minimum d’objectivité, de sérieux même de la part des journalistes français. Qui au maximum précisent que les informations avancées sont « difficilement vérifiables« , et qui, un peu plus qu’avant, font état des dépêches de l’agence Sana ou de la télévision syrienne.

Justement, que dit Sana du front intérieur ? Un civil a été tué et deux autres blessés par un groupe armé à Deraa jeudi, ainsi qu’un capitaine et un soldat tombés dans une embuscade sur la route reliant Alep à Khan al-Assel ; un groupe terroriste a été accroché et décimé dans un village ; un important arsenal – un de plus – a été saisi le même jour dans un quartier de Hama ; des charges explosives ont été désamorcées en plusieurs endroits du pays – et vendredi un démineur du génie a été tué, et quatre autres blessés, en tentant de désamorcer un engin placé sur un pont entre Alep et al-Safirah (à une trentaine de kilomètres au sud-est d’Alep). Et, vendredi 23 mars, deux membres des forces de l’ordre enlevés la veille à Hama sur le pont Mardas ont été libérés par une intervention, et un groupe insurgé a été intercepté dans le secteur d’Idleb : Sana donne les noms de quatre insurgés tués dans l’affaire, assurant qu’ils étaient déjà  recherchés, et indique que d’autre membres du groupe ont été capturés.

Et, selon un triste rituel, elle rend compte de nouvelles obsèques, vendredi 23, de militaires victimes du devoir : un lieutenant, un sergent, un caporal, un conscrit et un employé civils, tombés à Lattaquié, dans la banlieue de Damas et dans la région d’Idleb. Ces indications sont un moyen crédible de juger du niveau de violence, au jour le jour, en Syrie : la victime de Lattaquié – où nulle activité de groupe armés n’a jamais été signalée – est évidemment victime d’un assassinat. Restent trois ou quatre victimes militaires, sur deux secteurs d’opération : un bilan littéralement déplorable, mais qui ne témoigne pas des « violents combats » que s’obstinent à annoncer l’OSDH/AFP.

Une révolution – littéralement – déconnectée

Un dernier mot sur les manifestations : nous somme suffisamment « rodés » aux pratiques désinformatrices de l’OSDH et de ses épigones pour enlever tranquillement un zéro à leurs estimations du nombre des protestataires de vendredi, et les ramener au chiffre plus raisonnable et plausible de « plusieurs milliers ». Alors oui, l’opposition est encore capable, un an après le début des troubles, de jeter à travers le pays des milliers de manifestants, le jour de la prière devenu le jour de la mobilisation. Rappelons d’ailleurs, à l’AFP notamment, que le vendredi voit aussi la mobilisation des partisans du gouvernement qui se sont rassemblés le 23 mars place Sabé’Bahrat à Damas.

Bref, les manifestations des radicaux plus ou moins islamistes de Damas et d’ailleurs sont moins que jamais en situation de de menacer un régime qui à, à plusieurs reprises, déplacé lui des foules considérables. Mais, encore une fois, la « révolution syrienne » est une révolution essentiellement virtuelle, avec un faux peuple, de faux démocrates, et même de faux combattants syriens, et, bien sûr, de fausses nouvelles. Pour juger d’ailleurs du déphasage de ces cyber-opposants vraiment déconnectés pour le coup, qu’on songe seulement que les animateurs de la désormais fameuse page Facebook Syrian Revolution  2011 avaient donné comme slogan-thème à la journée de protestation de ce vendredi 23 mars ce cri triomphaliste : « Damas, nous arrivons ! » Le moins qu’on puisse dire, c’est que la route est encore longue…

http://www.infosyrie.fr/actualite/de-losdh-a-lafp-les-mots-dusage-courant-du-mensonge/  

Publié dans Syrie

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T
C'est à un tel point qu'il est parfois difficile de trouver des articles où cette agence de la désinformation sait tout y compris dans le domaine syndical. Un comble pour un militant syndical!
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B
L'AFP voit tout, sait tout et monopolise presque entièrement l'information qu'elle dénature au point que son information devient de la désinformation.
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