PARIS : LA JEUNE GARDE MANIFESTE CONTRE L'ORDRE POLICIER REPRESSIF QUI A TUE REMI FRAISSE. UN CONSTAT : IL A FALLU LA MORT DE REMI POUR QUE CAZENEUVE INTERDISE LES GRENADES OFFENSIVES !!

Publié le par Tourtaux

Les jeunes ne lâchent pas l’affaire Rémi Fraisse
Jeunesse
Pierre Duquesne
Vendredi, 14 Novembre, 2014
Quelques centaines de lycéens ont défilé, hier, pour exiger la vérité sur la mort du militant écologiste et contre la violence policière. Paroles de cette jeune garde qui se bat pour les libertés et la démocratie.
Photo : Thomas Samson/AFP
Jeudi, à Paris, ils étaient quelques centaines de lycéens à manifester pour dénoncer la répression policière et les expulsions de sans-papiers.
Photo : Thomas Samson/AFP

 

« Il y a plus de journaleux que de lycéens… » persifle un jeune quand il constate la faible affluence, place de la Nation. Le même, en dépit de son ton perfide, défilera en rang serré derrière la banderole « Non à la répression et aux expulsions ». Ils n’étaient que quelques centaines à manifester pour exiger la vérité sur la mort de Rémi Fraisse, mais aussi dénoncer la répression, les violences policières, ou l’expulsion de mineurs sans papiers, comme Yero, jeune lycéen mauricien du 15e arrondissement, placé en centre de rétention depuis une vingtaine de jours.

Des mots d’ordre trop variés ?

Une douzaine de lycées d’Île-de-France et un établissement de Rouen ont été bloqués, jeudi, malgré les appels lancés successivement par la FIDL, l’Unef, ou ceux du Mouvement interluttes indépendant (Mili), un « collectif de jeunes contre les discriminations » créé en 2013 lors des actions en soutien à Khatchik et Leonarda. Ni les innombrables groupes Facebook appelant aux blocus des bahuts, ni le renfort de la première organisation étudiante n’ont permis d’élargir la mobilisation, restée en deçà de deux journées d’action organisées depuis le 6 novembre dernier. Les établissements de Saint-Denis et Saint-Ouen, où les débrayages avaient dégénéré, lundi, sont restés très calmes. Les mots d’ordre étaient-ils trop variés ? Ce n’est pas l’avis d’Abir Adam, élève du lycée Hélène-Boucher à Paris et secrétaire général de la FIDL. « Ce qui s’est passé avec Rémi Fraisse, ou lors d’expulsions de lycéens sans papiers, ce fut à chaque fois une répression de la police, et ce sont des jeunes qui ont été touchés. » Des jeunes, dit-il, qui se mobilisent « pour défendre ce qui ne relève pas de leurs propres intérêts ». La nouvelle « jeune garde », en effet, se forme dans des combats pour la défense des libertés et la démocratie.

Choqués par le silence de l’État

« On n’est pas ici pour Rémi Fraisse, ni pour lui rendre hommage, dit d’emblée Inès, en seconde 5 au lycée Arago à Paris, mais pour dénoncer ce triste exemple de la violence policière. Si on tue les jeunes qui manifestent, qui va parler pour la jeunesse ? Qui va nous entendre ? » Tuer un jeune militant de vingt et un ans, pour elle, c’est faire taire une jeunesse qui a des choses à dire. « Comme si l’on avait plus le droit de parler, de nous exprimer. »

L’indignation est d’autant plus forte que l’identification avec Rémi Fraisse est souvent facile. « Il n’avait que quatre ans de plus que moi », raconte Anatole, lui aussi en seconde au lycée Sophie-Germain. « C’est l’âge de mon frère », glisse sa voisine. Tous deux se disent d’abord préoccupés des expulsions de lycéens sans papiers. Comme un troisième, à deux mètres d’eux. Sur un carton est inscrit : « Rendez-nous Yero. Lui, au moins, il n’a tué personne ! » « Moi, personnellement, je viens pour Rémi », dit d’emblée Alisée, une autre camarade, en 1re S, de ce lycée du 4e arrondissement de Paris. Elle se dit choquée, dans cette affaire, par « le silence du gouvernement » et les « inégalités du rapport des forces ». D’un côté, il y avait « des jeunes qui lançaient des pierres et des mottes de terre, de l’autre, il y a eu 400 grenades de lancées par des forces de l’ordre surarmées ».

Le rôle de la police, selon Quentin, élève de seconde aux Lilas, « ce devrait être de nous protéger plutôt que de réprimer les mouvements qui dérangent ». « Police nationale, milice du capital », résonne soudain d’un mégaphone. « C’est tout à fait ce que je pense », reprend ce jeune qui dit se politiser de plus en plus. « Beaucoup de jeunes, qu’ils soient ou non militants, sont en colère et indignés par 
la mort d’un jeune engagé, résume William Martinet, le président de l’Unef. Et le gouvernement ferait mieux de répondre à cette colère par un projet de société plutôt que par le recours à l’ordre public et des mesures répressives. » Alors que des AG avaient lieu, jeudi, à Toulouse et Rennes-II, malgré les tentatives dans l!!a présidence de cette dernière de fermer la fac, le leader étudiant a annoncé le lancement d’un collectif, avec la Ligue des droits de l’homme, France Nature Environnement, et l’avocat de 
la famille de Rémi Fraisse, pour exiger 
« la vérité, toute la vérité » au sujet de sa mort dans la forêt de Sivens. Les organisations de jeunesse ne lâchent pas l’affaire Rémi Fraisse.

Cazeneuve interdit les grenades offensives. Le ministre de l’Intérieur a annoncé, jeudi, l’interdiction de l’utilisation par la gendarmerie des grenades offensives, comme celle qui a provoqué le décès de Rémi Fraisse à Sivens (Tarn) fin octobre. Dans le même temps, l’Union nationale du personnel en retraite de la gendarmerie (45 000 adhérents) et son journal, L’Essor de la gendarmerie, lançaient une pétition pour le « maintien » de ces grenades, « considérées comme très sûres » (sic). Bernard Cazeneuve a décidé cette interdiction après la remise du rapport des inspections générales de la police et de la gendarmerie sur les circonstances qui ont entraîné ce décès.

 

Publié dans Lutte des classes

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