PARIS : LORS DE LA MANIFESTATION DES CHOMEURS ET PRECAIRES, 300 D'ENTRE EUX SONT ALLE RENDRE VISITE AUX "ETATS GENERAUX" DU PS. LES 300 "VISITEURS" ONT ETE RECU A COUPS DE TASERS. 53 ARRESTATIONS.

Publié le par Tourtaux

États généraux du PS : dialogue à coups de taser, 53 arrestations

Publié, le samedi 6 décembre 2014 | Imprimer Imprimer |       


Dernière modification : dimanche 7 décembre 2014

Lors de la manifestation des chômeurs et précaires pour la justice sociale qui a réuni 3000 personnes à Paris [1], une partie du cortège est allée rendre visite aux « états généraux » du parti socialiste.

 

Le but de cette action était d’intervenir en lisant le texte qui suit.
Décidé à rester muré dans ses certitudes, à n’entendre aucune contestation, le parti socialiste a reçu les 300 manifestants présents avec des crachats et à coups de poings, de pieds, de gaz lacrymogène, de matraques télescopiques et de... taser.

Puis une quantité pléthorique de policiers est très rapidement intervenue en renfort du service d’ordre socialiste.

Ils ont alors interpellé plus de 60 personnes dont 53 ont été conduites au commissariat rue de l’évangile dans le 18e, où un rassemblement de solidarité a eu lieu pour exiger leur libération immédiate et l’abandon de toutes poursuites éventuelles à leur encontre.

 

Des manifestants solidaires qui scandaient « PS, Medef, même combat » ont par ailleurs été parqués à l’extérieur de l’enclos socialiste, sous la garde de policiers, avant d’être relâchés deux heures plus tard.
Tous les manifestants interpellés ont ensuite été libérés.

Qu’on le sache, désormais, lorsque les socialistes ont affaire à la critique, ils répondent à coups de taser.

Car leur seul allié, celui qu’ils se sont choisi, c’est le Medef, la seule arme dont ils disposent pour tenter de faire accepter leur politique, c’est la répression.

Une intervention qui aurait pu être lue aux « états généraux » du PS [2]

Ne dites plus PS mais précarisation sans scrupules

Aujourd’hui, ici, vous, corrupteurs corrompus, privilégiés exempts de tout souci du commun, vous osez vous présenter comme « unis contre l’injustice et pour le progrès humain » ...

Qui croyez vous berner ainsi ?

Le ministre de l’intérieur l’a admis : un manifestant tué par vos forces de l’ordre, « ce n’est pas une bavure ». Il arrive donc, par exception, que l’un de vous parle vrai et révèle sans fard l’abjection sans limite qui caractérise votre clan de notables repus, de partisans aussi mal dissimulés que farouches de l’ordre social actuel.

« Priorité à la jeunesse » disiez vous, encore fallait-il traduire : tout faire, y compris tuer des opposants, pour préserver le vieux monde.

Le plus souvent, vous ne pouvez communiquer, comme vous dites, c’est-à-dire espérer commander, qu’à la condition de taire ce qui vous motive. À cette fin, vous usez en permanence du même stratagème, répété jusqu’à l’écoeurement : remplacer les choses par des mots, cacher derrière des paroles destinées à les camoufler vos actes et leur signification.

Hier, vous promettiez le changement… Vous avez depuis amplifié démesurément une politique des offrandes aux entreprises et aux actionnaires. Vous parliez pour la montre de justice sociale mais, dans les faits, vous avez augmenté la TVA, cet impôt régressif qui frappe avant tout les bas revenus. Vous vous plaignez du chômage mais vous avez agréé une convention chômage qui va contraindre des millions de personnes à la précarité perpétuelle. Vous faites mine de faire droit à l’altérité avec une loi de modernisation du mariage mais vous poussez les feux de la xénophobie d’état en expulsant plus d’étrangers, en délogeant davantage de Roms que vos prédécesseurs. Vous donnez chaque jour la preuve de votre arrogance et de votre violence décomplexées.

Et pour le grand nombre, quoi ? une survie difficile et la peur du lendemain, les heures sup’ non payés et les horaires en coupure, l’interdiction du revenu minimum aux moins de 25 ans et des incarcérations massives, les courbettes obligées devant les employeurs et la comédie imposée dans les institutions « sociales », l’huissier à la porte et les menaces d’un ministre du travail qui promet de contrôler et sanctionner plus encore les chômeurs, les visites domiciliaires de la CAF et les radiations de Pôle emploi par centaines de milliers, la non indemnisation du chômage et le SMIC horaire en CDD, les morts « de froid » et l’existence asservie, on ne saurait lister ici les violences sociales infligées tant le désastre est multiforme et quotidien.

De votre côté, comme l’ont si bien montré la carrière de votre secrétaire général et quelques démissions au sommet de l’état, non content d’organiser les conditions de l’exploitation et de la concurrence, on multiplie les abus de biens sociaux, les contrats juteux, la prévarication.

Par l’austérité qu’elle cherche à imposer et par l’autoritarisme répressif dont elle use, votre organisation contribue activement à une guerre contre la population. Et cette guerre, vous la conduisez au nom d’une économie qui n’est rien d’autre que la politique du capital. Et cela commence à se savoir. Vous le pressentiez avec inquiétude. Nous vous le confirmons.

Nul doute, d’autres que nous se chargerons demain de vous nuire, autant que faire se peut. Apprêtez vous à perdre, préparez vous, l’écart avec votre normalité est appelé à croître et s’organiser. La jouissance perverse que vous éprouvez à dominer vous manquera.
Et dès aujourd’hui cela nous met en joie.



Notes :

[1] Et a rassemblé des milliers de manifestants dans diverses villes : Les manifestations de chômeurs et précaires du 6 décembre

[2] États généraux du PS

La photo publiée en haut de page provient du site d’AC ! :

 

Paris

19h AG unitaire au Théâtre National de la Colline - information et point sur l’actualité.

L’accent sera d’abord mis sur le décryptage : ce qu’on sait de la dernière convention assurance chômage et de son application. Puis sur les mobilisations à venir.

 

 

 

Nous n’appelons pas au calme - L’Interluttants n°34, décembre 2014

Publié, le jeudi 4 décembre 2014 | Imprimer Imprimer |       


Dernière modification : vendredi 5 décembre 2014

Trop faibles pour nous défendre, nous passons à l’attaque

Avons-nous tous compris que l’accord du 22 mars nous fait entrer dans un autre monde ? Plus nous avançons dans le décryptage de cet accord, plus nous en comprenons la logique. À l’évidence l’Assurance-chômage n’est pas uniquement dégradée, sa direction n’est pas seulement aux mains de syndicats soucieux de conserver des emplois pour leurs permanents, elle n’est pas simplement la chambre d’enregistrement de « réformes » conçues dans les bureaux du Medef, signées par la CFDT et agréées par les gouvernements [1].

Non, le rôle de Pôle Emploi à la suite de cet accord excédera la simple question du versement d’indemnités et de l’aide à la recherche d’emploi. Pôle Emploi va devenir une arme de contrôle permanent de nos vies. Loin d’être un instrument de solidarité ou d’émancipation, l’assurance-chômage va devenir l’exécutrice des volontés du capitalisme. Son objectif sera – il l’est déjà, mais ce sera désormais avec un acharnement inédit – la remise au travail des inemployables, le knout qui réactivera les chômeurs, l’aiguillon qui obligera chacun à accepter n’importe quel emploi à n’importe quel prix dans n’importe quelles conditions. Sa nouvelle « mission de service public » sera de produire un marché du travail fondé sur l’hyper-précarité et les bas salaires [2]. Comme pour les intermittents du spectacle depuis 2003, le temps se resserrera pour tous, et les intermittents de l’emploi, chaque jour plus nombreux, travailleront sans cesse pour accumuler les heures qui leur permettront de rester dans le système, dans la course, dans la concurrence effrénée de tous contre tous.

C’est bien une guerre qui est déclaré au nom d’une idéologie libérale forcenée. Il s’agit de rendre chacun démuni, isolé face au guichet de Pôle-Emploi, de la Caf ou de son banquier. Nos adversaires nous veulent ainsi, divisés, émiettés, incapables de répondre aux coups qu’ils nous portent, silencieux devant leur vulgate culpabilisatrice faisant de chaque chômeur un fraudeur en puissance, comme le déclare le ministre du Travail [3], soumis au remboursement aberrant d’une prétendue dette collective, dont se gargarise le ministre de l’Économie qui rêve de détruire encore un peu plus les droits des chômeurs à l’occasion de la prochaine « réforme » de l’Unédic.

Ils nous veulent désunis - c’est le but de leurs prétendues tables de concertation, dont tout le monde connaît déjà l’issue : un rapport que nul ne prendra la peine de faire semblant de lire, rassemblant pêle-mêle les fantasmes farfelus de FO sur l’emploi permanent dans les théâtres et un nouveau modèle d’indemnisation du chômage qui concerne tous les intermittents de l’emploi et ouvre une véritable alternative politique et sociale. Le fameux différé d’indemnisation spécifique aux intermittents du spectacle se verra pris en charge par l’État, qui soudain trouvera les moyens dont on le croyait dépourvu, jusqu’en 2016. Bref, on enfoncera un coin dans la solidarité de tous les salariés et chômeurs et on prétendra avoir sauvé le dialogue social.

Mais nous le répétons : nous ne voulons pas être sauvés [4]. C’est tout l’accord du 22 mars, c’est l’ensemble des politiques d’austérité en France comme en Europe que nous récusons.

 

 

 

 

Le bras armé de la doxa libérale qu’est ce gouvernement se sait illégitime. C’est la raison pour laquelle il s’inquiète tant de tout rassemblement visant à remettre en cause sa logique délirante de productivisme et de marche au plein emploi précaire pour tous à n’importe quel prix.

Un projet inutile de barrage, dont le seul but était de remplir les poches d’une minorité d’entrepreneurs et de notables, de faire marcher l’économie pour faire marcher l’économie, de sacrifier à l’idéologie de la croissance et à la religion de l’emploi, a provoqué la mobilisations de centaines de gendarmes, le tir de grenades offensives sur des manifestants, et la mort de l’un d’entre eux. Le gouvernement continue sa politique par d’autres moyens, la guerre sociale contre les chômeurs, la répression policière, la mort.

Chômeurs, intermittents, intérimaires, précaires, avec ou sans papiers, postiers, personnels hospitaliers, cheminots en lutte, opposants à cette politique d’asservissement, nous sommes nombreux et pouvons nous rassembler pour l’être encore plus.

Nous ne nous laisserons pas isoler.

Nous ne sommes pas intimidés et nous n’appelons pas au calme.

Nous nous promettons même, si un mouvement se lève, de nous en réjouir.

L’Interluttants, Journal irrégulier à prix libre, au sommaire du n° 34
Édito : Trop faibles pour nous défendre, nous passons à l’attaque
. Droits rechargeables, précarité éternelle
. Sur Internet, personne ne vous entendra crier
. Marseille contre la fermeture des CAF
. Ils nous veulent précaires, nous serons inflexibles
. Occupation du siège de l’OCDE
. La grève sociale s’invente en Italie
. Un nouveau modèle d’indemnisation du chômage
. Lettre ouverte à la mère de Rémi, Farid El Yamni, frère de Wissam assassiné par la police le 1er janvier 2012

PDF - 1.4 Mo
L’Interluttants n°34, décembre 2014, 6p.


Notes :

[1] Sur l’orientation de ces « réformes » voir « Refondation sociale » patronale : Le gouvernement par l’individualisation, Maurizio Lazzarato

[2] Le marché n’est pas une donnée de nature mais bien une construction sociale dans laquelle l’état tient son rôle, qui est de fabriquer sans cesse la concurrence et ses conditions, voir à ce propos Nous avons lu le néolibéralisme ou Foucault chez les patrons - Université ouverte

[3] Chômeurs contrôlés , patrons assistés : la démagogie, mode d’emploi (précaire)

[4] Nous ne voulons pas être sauvés, nous voulons de nouveaux droits ! Cip-idf

 

Publié dans Lutte des classes

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