ROUBAIX : LES REGISSEURS MUNICIPAUX EXIGENT LA RECONNAISSANCE DE LEUR METIER

Publié le par Tourtaux

 

Le vent de la révolte souffle à nouveau dans les salles de sports. Il s'est même manifesté bruyamment hier en mairie. Les régisseurs, qui exigent la reconnaissance d'un métier de plus en plus difficile à assumer et qui ont refusé de se soumettre à un QCM, envisageaient une opération coup de poing contre la Pouss-cup. Ils y ont, en définitive, renoncé.




Nathalie Loridan, la directrice des ressources humaines en mairie, en a les tympans tout endoloris. Hier une vingtaine de régisseurs d'installations sportives emmenés par les délégués syndicaux CGT et FO lui ont donné une aubade pour le moins bruyante dans ses bureaux au 4e étage de l'hôtel de ville.
Auparavant, ils avaient servi le même concert devant le cabinet du maire et devant le bureau du directeur général des services avant de faire le siège tout aussi bruyamment du bureau du directeur de la jeunesse et des sports dans une autre aile de la maison communale.


Un fameux tohu-bohu soutenu, avant qu'il ne se déclenche, par deux élus : Guillaume Delbar (Rassemblement citoyen) et... Magid Hsaini qui, tout en se situant dans la majorité municipale, estime que les régisseurs municipaux ne sont pas reconnus à leur juste valeur.
Deux grèves et trois réunions de commission paritaire technique plus tard, on a l'impression que les 19 salles de sports et les stades roubaisiens sont toujours sur des charbons ardents.
Pourtant durant plusieurs mois, en mairie, les syndicats (à l'exception de la FSU) et l'administration ont tenté d'arrondir les angles. Mais de nouveaux points de crispation se sont fait jour récemment. Plusieurs scénarii avaient été établis concernant une évolution du métier de régisseur. Côté syndical on avait avancé des propositions et le maire, début avril, semblait estimer qu'il était possible d'intégrer certaines de ces propositions au schéma définitif.

Plus question de QCM
Mais, selon la CGT, la direction générale des services a interprété à sa façon et de façon pour le moins contestable les résultats d'une consultation auprès du personnel le 22 mars pour faire passer en force son propre scénario. Les agents concernés, la semaine dernière, décidaient de boycotter l'épreuve de QCM intégrée à celui-ci. Les ponts étaient rompus. Côté CGT et FO, on ne comprenait pas l'entêtement de la Ville.
D'où la grève d'hier.
« Le métier de régisseur et d'agent d'entretien des salles et installations sportives est défini dans les fiches du Centre national de la fonction publique territoriale. Pourquoi alors ne pas permettre aux régisseurs au bout de cinq ans d'expérience de passer de la catégorie C3 à la C2. Ça ne coûterait rien à la Ville. Mais peut-être redoute-t-on un effet dominos. Parce qu'il faudrait dans les autres services revoir plusieurs centaines de classifications » estime Frédéric Weytsman, le délégué CGT.
Si les relations avec la direction générale des services sont très tendues, hier vers 15 h le maire semble être parvenu à renouer le dialogue : le projet de QCM est abandonné, les agents disposant de cinq ans d'ancienneté intégreront la catégorie C2. Mais ils devront néanmoins suivre une formation assurée par le CNFPT : « C'est une procédure réglementaire et la Ville ne peut s'y soustraire », insiste le maire.

 

Régisseur : plusieurs métiers en un seul

Médiateurs, techniciens de surface, peintres en bâtiment, agents de sécurité, jardiniers... On leur demande d'être tout cela à la fois aux régisseurs. En retour, ils demandent un tout petit peu de considération. Ils envient ceux qui travaillent dans les bureaux. Le boulot dans les salles de sports n'est pas de tout repos et pour ce qui est de l'avancement... « 1100 euros en début de carrière, guère plus de 1500 au départ en retraite », nous résume l'un d'eux convaincu d'être un soutier de la commune. Et ce avec des amplitudes horaires qui peuvent atteindre les 48 heures par semaine. « La vie de famille en prend un coup. Il y a plus de cas de divorce chez nous que dans les autres services municipaux. » S'ils sont aussi amers c'est que les régisseurs ont l'impression d'être accommodés à toutes les sauces. « À Avelghem, on doit également entretenir les espaces verts. À l'Alma, en saison creuse, ce sont les régisseurs qui ont tout repeint. Si la Ville devait faire appel à des entreprises ça lui coûterait bien plus cher. On lui permet de faire des économies. Et que dire des conditions de travail ? » Les régisseurs se sentent les mal-aimés de l'administration communale. Et pourtant, à Roubaix plus qu'ailleurs peut-être, leur tache n'est pas facile. L'un d'eux a reçu deux coups de couteau il y a quelques années dans l'exercice de ses fonctions à l'Alma mais c'est lui qui a dû déposer plainte. « À chaque incident, on nous demande des rapports mais on en tient aucun compte, il n'y a aucun suivi. J'ai renoncé à en faire. C'est une perte de temps. En revanche, pour un oui ou pour un non c'est la sanction. » L'idée de les soumettre à un QCM, approuvée dans un premier temps, leur est restée en travers de la gorge, d'autant que certains autres agents municipaux qui devaient y participer en ont été dispensés. « Ce QCM n'a aucun sens. Chez les régisseurs, on n'est jamais évalué. La seule réunion que l'on ait c'est en septembre pour s'entendre expliquer le règlement ! Le reste du temps, on doit se débrouiller tout seul  ». w

http://www.nordeclair.fr/Locales/Roubaix/2011/06/02/le-coup-de-chaud-des-regisseurs-de-salle.shtml

Publié dans Lutte des classes

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