TOULOUSE : LES OUVRIERS PORTUGAIS DE PROCME, SOUS-TRAITANT D'ERDF et GRDF, SONT EN GREVE CONTRE LA REMISE EN CAUSE DES ACCORDS PAR LA DIRECTION

Publié le par Tourtaux

Les ouvriers portugais de ProCME ne laissent pas repartir leur directeur sans négocier

Une centaine d'ouvriers portugais de l'entreprise ProCME ont cessé le travail depuis plus d'une semaine / Photo Carré d'Info
Une centaine d'ouvriers portugais de l'entreprise ProCME ont cessé le travail depuis plus d'une semaine / Photo Carré d'Info
Depuis plus d’une semaine, la grande majorité des ouvriers portugais de l’entreprise ProCME (basée à Ramonville), sous-traitant d’ERDF et GRDF notamment, sont en grève. Ils contestent la décision de l’entreprise de diviser sa branche française en quatre sociétés. Cette décision remet en cause les accords précédents assurant un retour au Portugal dans leurs familles toutes les cinq semaines et la prise en charge de leur logement lors des chantiers. Lundi, ils ont manifesté devant le Consulat du Portugal à Toulouse pour protester notamment contre l’absence de représentant de leur direction pourtant annoncé pour négocier. Hier, ils ont haussé le ton.

Les ouvriers ne laissent pas repartir leur directeur

Des négociations étaient prévues vendredi dernier et les grévistes s’étaient engagés à reprendre le travail. Ils assurent que la direction, qui n’avait pas dépêché d’interlocuteur, a bloqué les moyens de paiement pour payer les déplacements et le carburant nécessaires au transport et au matériel et qu’ils ne peuvent plus travailler. Ils ne se disent plus en grève mais face à une situation de lock-out. « Notre paye de janvier est menacée, craignait José un ouvrier. Ce qu’espère l’entreprise c’est qu’on rentre au Portugal par nos propres moyens et qu’on démissionne comme ça on ne touche pas le chômage alors qu’on cotise en France ».

Depuis dix jours, leur logement n’étant plus pris en charge par l’entreprise, près de 95 salariés dorment dans les locaux de l’entreprise à Ramonville-Saint-Agne (voir photo), dont des hangars non chauffés pour certains, dans les camions directement pour d’autres ou dans la salle des Fêtes ouverte par la mairie. Felix Saul, 56 ans, six ans d’ancienneté, dort sur des matelas gonflables mais dans une pièce chauffée. « Je ne me suis pas lavé depuis trois jours, dit-il. J’espère qu’on va pouvoir rentrer au Portugal au moins. Mais je ne veux pas partir sans rien, comme ça. On a travaillé, pour ceux qui n’acceptent pas les nouvelles conditions qu’on nous permette de toucher le chômage. Moi, si j’ai le chômage, vu mon âge, je pars ».

L'entreprise ayant arrêté de payer leur logement, certains dorment dans des hangars de l'entreprise / Photo Carré d'Info
L'entreprise ayant arrêté de payer leur logement, certains dorment dans des hangars de l'entreprise / Photo Carré d'Info

Une partie des ouvriers pourra rentrer au Portugal

Hier, le directeur de la branche française était sur place. Ils ont alors exigé qu’il ne reparte pas sans que les négociations soient entreprises mais sans pour autant le retenir comme annoncé en début d’après-midi. Sous la pression, des négociations se sont tenues dans les locaux de l’entreprise portugaise en présence de Françoise Souliman, secrétaire générale de la préfecture de la Haute-Garonne, du directeur adjoint du Travail et du vice-consul du Portugal à Toulouse. A la sortie, un membre de la CGT Construction indiquait que « 35 ouvriers pourraient rentrer au Portugal demain (aujourd’hui, NDLR) avec leurs frais de transports pris en charge » et d’autre part « une réunion se tiendra demain (aujourd’hui, ndlr) au consulat en présence du directeur des ressources humaines du groupe Procme pour faire appliquer le droit des ouvriers et établir que les modifications aux contrats sont illégales ».

Françoise Souliman, estimait de son côté que les négociations s’étaient déroulées « entre gens responsables » mais que la « situation est tendue ». Elle pointe « un manque de concertation » et « un représentant de l’entreprise décrédibilisé » lequel n’a pas souhaité s’exprimer hier. « La préfecture s’en mêle pour faire respecter le droit du travail et éviter des dérapages, estime-t-elle. Il peut y avoir un changement de politique de l’entreprise, c’est son droit. Mais il faut que les salariés soient informés. Avoir le choix entre un CDD aux 39 heures avec les heures supplémentaires récupérées en jours de repos au Portugal ou un CDI aux 35 heures sans retour au Portugal, c’est un changement substantiel ». Elle a par ailleurs indiqué que les salariés qui n’acceptaient pas les nouvelles modalités contractuelles, « devaient bénéficier d’un licenciement économique », comme le demande la CGT, afin de faire valoir leur droit au chômage. Le retour au Portugal sera intégralement pris en charge mais ni les syndicats ni la préfecture n’ont voulu dire par qui.

 

http://carredinfo.fr/les-ouvriers-portugais-de-procme-ne-laissent-pas-repartir-leur-directeur-sans-negocier-6320

Publié dans Lutte des classes

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